C’est ce que nous avons dit, lors de la réunion publique du 25 mai au Gymnase à Lille. Regroupé-e-s autour du senateur et de la sénatrice Jean Vincent Placé et Marie Blandin, nous avons rappelé la nécessité d’accompagner le changement d’une représentation plurielle de la gauche à l’Assemblée Nationale. La gauche a besoin d’élus EELV pour peser sur la transformation écologique de la société.
Elise Jeanne 1ere, Eric Quiquet 2eme, Vincianne Faber 4eme, Thérèse Kozlowski 9eme, Lise Daleux 11eme
Après l’alternance, les alternatives
Législatives 2012 : meeting des circonscriptions lilloises (mais pas seulement) avec Jean-Vincent Placé et Marie Blandin, tous deux sénateurs.
Sarkozy est parti, les beaux jours sont arrivés. De quoi refaire le monde sur les terrasses de café.
Vendredi 25 mai, les candidat-e-s d’Europe Écologie Les Verts des circonscriptions lilloises proposaient davantage et ont esquissé avec les deux parlementaires invités les moyens de transformer la société avec le parlement.
Territoire, emploi, énergie, logement, éducation, démocratie… Ces sujets concernent directement la métropole, comme l’assemblée et le sénat, qui votent des lois déterminantes dans ces domaines. Les solutions avancées par les écologistes en la matière constituent une véritable alternative.
Pourquoi est-on écolo ?
Jean-Vincent Placé tient bien à le rappeler. En 1800, le monde comptait 1 milliard d’habitants. En 1930, la population avait doublé. Aujourd’hui nous sommes 7 milliards, et nous devrions être 9 milliards vers 2050. Pas besoin de faire Polytechnique pour comprendre qu’avec les mêmes forêts et les mêmes rivières, dit-il, et dans une lutte concurrentielle qui cherche le profit maximum, on va droit dans le mur.
Les élus écologistes locaux, dans les villes et les régions, le savent bien. Ils apportent des propositions pour anticiper ces défis et leur expertise augmente sans cesse.
Des terres agricoles à préserver
Lise Daleux, candidate sur la 11e circonscription, a évidemment fait référence à l’exemple emblématique du complexe de loisirs HorseLand qui vient occuper des terres anciennement agricoles à Prémesques. Freiner l’artificialisation des terres et préserver les activités agricoles, respectueuses de l’environnement n’est pas une mince affaire. Les conseillers régionaux écologistes vont dans ce sens mais rencontrent des résistances.
Des mesures actives doivent être validées au niveau national pour permettre et encourager les initiatives locales : taxer l’artificialisation des terres, soutenir fermement l’agriculture biologique (l’objectif européen est aujourd’hui loin d’être atteint), miser sur l’éducation et limiter la publicité qui induit des comportements non soutenables.
Partager le temps de travail
20 % de la population active est en situation de mal emploi en France, le taux de chômage à Lille Sud est de 30 % … Pour autant, indique Elise Jeanne – 1ère circonscription – les écologistes ne défendent pas une politique de l’emploi pour l’emploi, mais un véritable projet de société, où le travail est partagé, à sa juste place. Faire des promesses d’emploi à tout prix, comme pour l’hypermarché de Lille Sud, revient à subventionner la précarité. Avec une productivité croissante, les créations d’emploi ne vont pas de soi en réalité.
Les écologistes proposent donc deux principaux leviers pour favoriser le travail :
• Soutenir les emplois locaux et d’avenir : notamment dans la rénovation des logements, les services aux personnes, l’agriculture paysanne, l’économie sociale et solidaire, un secteur qui a mieux résister à la crise…
• Partager le temps de travail : Alors que l’emploi représente 10 % du temps de vie, il importe de donner sa juste place au travail, en considérant que le temps libre est aussi un temps d’activité, et en défendant un véritable droit à la formation. C’est essentiel, notamment pour les 150.000 jeunes qui sortent chaque année du système scolaire sans diplôme.
La bonne énergie
Nous sommes devenus accrocs à l’électricité rappelle Vinciane Faber, candidate sur la 4e circonscription. En France, sa consommation a augmenté de 600 % en 50 ans. L’État se fige sur le coûteux et risqué modèle nucléaire, alors que nous avons le second potentiel éolien d’Europe. Résultat : nous dépendons par grand froid d’importations massives d’électricité, au tarif le plus fort, pour répondre à la demande d’un parc de chauffage électrique sans commune mesure. Côté pétrole, nous avons des constructeurs automobiles qui n’ont pas anticipé la fin du pétrole bon marché.
Les conséquences sont lourdes sur le plan économique et environnemental : pollution et dépendance croissantes, secteurs en difficulté, et 8 millions de personnes en situation de précarité énergétique. Pourtant les solutions existent ; elles sont écologistes : développement des énergies renouvelables pourvoyeuses d’emplois locaux, efficacité énergétique des appareils et moteurs, transports publics, construction de véhicules légers et moins rapides, sobriété des comportements.
Les scénarios proposés par les associations Négawatt nationalement et Virage Énergie pour le Nord Pas de Calais confirment combien ces mesures sont pragmatiques et souhaitables.
Un logement pour bien vivre
… n’est pas une évidence pour tous. Thérèse Koslowski en fournit un exemple désolant sur la 9e circonscription : à Bondues, commune peu encline à respecter la réglementation, a trouvé une parade : pour la construction de logement sociaux, la ville a attribué un terrain coupé du reste de la ville par l’autoroute, sous la ligne à haute tension, et à proximité plus immédiate de Tourcoing, dont les écoles accueilleront vraisemblablement les enfants des futurs HLM.
Parce que la part du budget des ménages consacré au logement augmente, notamment chez les locataires, et parce que l’on prévoit des coûts d’énergie en hausse, l’activité parlementaire devra être rigoureuse : maîtrise des loyers, lutte contre les marchands de sommeil avec des permis de louer, respect du taux de logement social, soutien à la rénovation, appui à l’habitat partagé…
A l’école, s’aider les uns les autres
… au lieu de dire : « ne copie pas sur ton voisin ». Marie-Christine Blandin, présidente de la commission Culture au Sénat, a défendu la vision d’une école enfin dégagée du stress imposé depuis des années par le gouvernement sortant. Les écologistes prônent des établissements scolaires fondés sur la coopération et non la compétition, accueillant artistes et associations en lien avec des projets pédagogiques, et proposant des activités diverses sur le temps non scolaire : des lieux de vie ouverts au monde.
Un parlement à l’image de la société ?
Pour suivre ces orientations, il faudra compter à l’assemblée des députés suffisamment conscient des ces enjeux. Avec une chambre composée essentiellement de sexagénaires maculins, peu enclins à l’innovation et à aborder certains sujets, comme l’homoparentalité ou HADOPI, il urge d’aller vers la 6e République, insistent Eric Quiquet – candidat dans la 2e circonscription – et Jean-Vincent Placé.
Notre démocratie sclérosée souffre d’une vraie crise de la représentation. Le scrutin uninominal à deux tours accentue le bipartisme : grosso modo pour être élu, il faut forcément se trouver parmi les deux premiers. Si on adoptait le mode de scrutin allemand, même à un niveau national de 5-6 % des voix, on compterait environ 25 députés écologistes. Mais en France, les écologistes n’ont pas d’autre choix que de passer un accord pour pouvoir être représentés au parlement.
Fin du cumul des mandats, scrutins avec une dose de proportionnelle suffisante, élection au suffrage direct dans les intercommunalités : voici quelques unes des mesures de base qui permettront des avancées démocratiques sérieuses.
Les lois ne seraient plus rédigées dans les cabinets ministériels mais bien élaborées au parlement avec des députés présents. Des formations politiques moyennes seraient enfin sérieusement représentées, ce qui favoriserait le débat et le courage politique. Les agglomérations comme Lille Métropole (plus d’un milliard d’euros de budget annuel !) bénéficieraient de conseillers élus directement par les habitants et non par leurs pairs : c’est important car leurs compétences concernent des pans majeurs de la vie quotidienne : urbanisme, déplacements, eau, déchets, activité économique. Les décisions seraient certainement prises autrement et seraient mieux débattues, dès les campagnes électorales.
Aujourd’hui les intercommunalités constituent des trous noirs de la démocratie, comme en témoignent les options prises pour le Grand Stade, contre lesquelles les élus Verts se sont toujours opposés. Un cadre démocratique sûr aurait certainement changé la donne, car il en va des intercommunalités comme de l’Europe : l’intérêt des communes (ou des États) n’est pas celui des populations et de l’avenir. L’Europe possède désormais un parlement élu au suffrage direct ; il lui manque une fiscalité propre, un esprit fédéraliste. Les retards démocratiques français sont sur certains points bien plus inquiétants.
Revisiter le terme même de croissance devient nécessaire
… conclut Jean-Vincent Placé. Parce que dans un monde fini et fondé sur la concurrence nous allons droit dans le mur. L’industrie verte (qui n’est pas la croissance), l’agriculture bio, la rénovation des bâtiments sont des enjeux forts à venir. Les écologistes sont les seuls à porter ainsi cette urgence et cette nécessité. Cette force politique doit se faire entendre !