Mercredi soir près de 40 personnes, élus, militants ou simples citoyens se sont réunis à l’Espace Estérel de Bourg-Argental pour un des « débats citoyens » tenus lors de la campagne des législatives de Léla Bencharif.
En introduction, la candidate de la quatrième circonscription a tenu à  saluer la présence de Stéphane Heyraud, maire de la commune et de Michèle Monchovet sa première adjointe. Elle a rappelé qu’elle était la candidate de l’alliance d’Europe Écologie Les Verts et du PS, soutenue par le MRC ainsi que Michèle Pérez, maire de Roisey, présidente du Parc du Pilat et candidate malheureuse du MODEM sur la circonscription. C’est donc en candidate de l’union de la gauche qu’elle a débuté cette rencontre sur l’avenir du monde rural.
L’agriculture dynamique du canton
Le premier intervenant, Denis Fanget de la Confédération Paysanne, agriculteur bourguisan a tout d’abord rappelé que le développement des zones rurales ne peut se faire qu’en s’appuyant sur des villages dynamiques.
Les agriculteurs ont les mêmes besoins que tous les citoyens en ce qui concerne les services publics, l’école ou la culture. Dans le canton, l’agriculture est dynamique, malgré le manque de terres riches, de nombreuses pentes et un climat difficile avec des sécheresses successives ces dernières années. Une des clefs de cette réussite est le développement des circuits courts, avec une diversification des produits ainsi qu’une solidarité entre agriculteurs. Pour l’agriculture en circuit long aussi, que ce soit pour la filière lait de vache ou lait de chèvre, les investissements groupés et le travail en commun permettent aux paysans de s’en sortir. La mise en pratique reste difficile mais possible. Ceci dit on ne peut que faire un constat d’échec en ce qui concerne la politique d’installation. Il n’y a pas de crise de vocation dans l’agriculture mais un véritable problème d’accès au foncier.
Les réformes à mettre en place rapidement.
Léla Bencharif précise que des réformes sont à faire pour éviter la disparition d’exploitations au profit de l’agrandissement des plus grands, notamment envers les SAFER (Sociétés d’aménagement foncier et d’établissement rural). La refonte de la Politique Agricole Commune qui va se faire bientôt doit aussi mériter toute notre attention. Car aujourd’hui la PAC conduit inévitablement vers un agrandissement des exploitations au détriment des installations de jeunes agriculteurs. D’autre part les communes ont compris désormais que se développer ne passe pas forcément par la création de lotissements.
Olivier Keller, conseiller régional, maire de la commune de St-Jean-Chambre en Ardèche et agriculteur, replace le débat dans un contexte plus large. La PAC n’est pas faite pour « aider les paysans » selon lui, mais bien pour aider les populations à se nourrir. Il rappelle que la production alimentaire vient du « vivant » et que le temps du vivant est un temps long, contrairement au temps de l’économie qui fonctionne sur des laps de temps ultra-courts. Il y a donc une incompatibilité à traiter l’alimentaire comme une marchandise quelconque. Dans cette logique il faudrait arriver à sortir l’agriculture de l’OMC. Si aujourd’hui on nous illusionne avec « l’autonomie alimentaire » de la France, c’est pour nous faire oublier que notre pays a perdu sa « souveraineté alimentaire » et concède 70% de dépendance protéïque à l’import. Ainsi les réformes à  mener sont nombreuses, mais les priorités sont selon lui de changer la délégation de service public de la SAFER, organisme privé, afin de la remettre au sein d’un organisme public. Il faudrait aussi casser le certificat d’obtention végétal, qui sous le lobby des semenciers entraîne des monopoles et détruit la biodiversité dans nos champs et nos assiettes. Enfin il faut remettre en cause les cultures OGM de plein champ.
Léla Bencharif insiste en dénonçant le quasi monopole des 5 centrales d’achat sur le territoire national. Si la vente à perte est interdite pour les grandes surfaces et autres intermédiaires, elle ne l’est pas pour les producteurs. On ne peut que déplorer que l’État se soit retiré des commissions tripartites qui régulaient les prix.
L’avenir du territoire passe par l’école
Jean-Paul Chartron, suppléant socialiste de la candidate écologiste note quand à lui que certains territoires sont en danger de mort, notamment par la suppression et la libéralisation des services publics. La Poste par exemple ne parle plus « d’usagers » ou même de « clients » mais bien de « flux » pour prendre les décisions d’abandonner certains secteurs. C’est le même constat pour la suppression de la permanence de la CAF à Bourg-Argental, celle des RASED (Réseaux d’Aides Spécialisés aux Élèves en Difficulté) ou encore la fermeture d’écoles dans nos villages. C’est toute la politique de l’UMP et de Sarkozy-Cinieri qui nous a mis dans cette situation.
Pour être vivant, un territoire rural ne peut pas se contenter d’agriculture exclusivement. Il faut des emplois non-délocalisables, arrêter l’éloignement des services publics et de la culture. Léla Bencharif rappelle combien la politique foncière transversale de la Région Rhône-Alpes est une réussite. Là où des friches industrielles existent, nous pouvons accompagner l’installation d’entreprises d’Économie Sociale et Solidaire, des projets innovants comme le CETIM (Centre Technique des Industries Mécaniques ) en propose, etc.
La maire de Burdignes, Sophie Tricot explique comment l’Inspection Académique a délibérément brisé et fermé les classes dans les villages. La politique des 10 dernières années est bien d’avoir de grandes écoles réunies dans les chefs-lieux de canton et rien autour. Mais fermer une école, c’est amputer un membre vital pour la commune. L’exemple de La Versanne est encore bien présent dans les esprits. Un collectif de parents, d’enseignants et d’élèves s’est organisé au sein de la communauté de communes des Monts du Pilat afin de faire remonter leurs revendications et de s’unir pour contrer les fermetures d’écoles en projet, à La République ou à Burdignes notamment. Leurs représentants nous expliquent combien il est important de conserver les écoles à classe unique qui forment des élèves plus autonomes, plus dynamiques que les classes de 28 élèves d’un même niveau. La loi là aussi doit changer et redescendre le seuil minimal à 9 élèves pour l’ouverture d’une classe.
Lorsque les parents, les enseignants, les élus, les enfants et même les grands-parents et les voisins se mobilisent unanimement, de tous bords politiques, pour revendiquer la non-fermeture d’une école et que l’Inspection Académique répond « non », on est en droit de se demander où est passée la démocratie.
Des engagements contre le désengagement
C’est l’occasion pour Léla Bencharif de redire sa conception de la démocratie participative dont elle est en charge en tant que vice-présidente à la Région Rhône-Alpes et de sa façon de travailler si elle est élue députée. Aujourd’hui le lien est rompu entre les citoyens et leurs représentants, il est plus que temps d’en finir avec des pratiques qui discréditent la politique et maltraitent la démocratie participative.
Elle prend donc trois engagements : résolument pour le mandat unique, elle se consacrera exclusivement à son travail de députée. Ensuite, elle rendra transparente l’utilisation de la réserve parlementaire (subventions exceptionnelles de l’État aux communes et aux associations). Enfin, elle mettra en place tout au long de son mandat des ateliers citoyens sur les grandes réformes et les projets structurants débattus au Parlement, en relation avec les citoyens, avec les acteurs associatifs, économiques et sociaux.
Jean-Paul Chartron conclut sur les réelles chances de Léla Bencharif de devenir la première femme députée de cette circonscription, avec la conviction de voir la réussite de la gauche socialiste et écologiste venir confirmer le souhait des français de tourner la page du sarkozysme.