Politique culturelle : mes réponses au collectif du Segréen Hamac

1. Quel est votre rapport à la culture ?

Un rapport passionné. Les pratiques, les productions artistiques sont d’une richesse incroyable car elles viennent dire plein de choses sur qui nous sommes et comment nous sommes ensemble dans une société.

J’aime beaucoup le spectacle vivant même si je n’ai pas l’occasion d’en découvrir autant que j’aimerais. Je suis notamment le travail de la compagnie Gaïa sur Angers.

Etant musicien amateur, je vais plus souvent voir des concerts. Je joue dans le groupe Feeric Chimney et à l’occasion en solo avec Tanega. Notre univers est à dominante pop. Nous éprouvons un grand plaisir à composer mais nous n’avons pas souvent l’occasion de nous livrer sur scène car la recherche de date prend beaucoup de temps. Nous avons surtout joué à Angers, au T’es Rock ou au Chabada. En tout cas, je suis très friand de concerts en tout genre quel que soit le style (rock, electro, hip-hop, jazz…).

Je pourrais continuer sur les expos, le cinéma, la littérature, la bande-dessinée…mais je vais finir par être long.

 

2. Quelles sont vos priorités en matière de politiques culturelles ?

J’évoquerai ici deux dossiers qui me semblent urgents à traiter : la question de l’intermittence et la suppression de la loi Hadopi.

 

1. Je crois que nous devons revoir profondément le statut des intermittents en remettant un bonne fois pour toute le système à plat.

L’intermittence des artistes est un indispensable temps invisible mais fécond de création et de répétition. Ce temps mérite rémunération. La pérennité du système de protection ne doit pas être remise en cause, il doit cependant être profondément réformé. On ne peut pas demander aux salariés d’être flexibles sans sécurité. Et s’il y a flexibilité, celle-ci doit avoir un coût pour les employeurs. Il faut garantir aux intermittents un niveau de revenu en relation avec les années passées et non sur une comptabilité horaire pernicieuse et arbitraire selon le parcours de l’année. Pour les entreprises, nous pensons qu’il faut distinguer le secteur marchand du secteur non marchand. Les grosses entreprises de spectacle, les chaines de télévisions, peuvent et doivent pouvoir payer le coût réel du travail. il faut répartir le coût lié au financement du régime en incitant à l’emploi permanent qui génère des recettes. En revanche pour le secteur non marchand, financé par l’Etat, les collectivités, voire le public, je propose une grande concertation qui posera les bases d’une régulation et d’une meilleure répartition des coûts entre les différents acteurs. L’intermittence, innovation du secteur culturel doit nous interpeler sur les garanties que la société doit à ceux dont elle construit la flexibilité.

 

2. Je m’engage à supprimer la loi Hadopi et tous les dispositifs qui y sont associés. Pourquoi?

Dans son développement comme de par l’usage qui en est désormais fait, internet a facilité des comportements utiles à l’idée de démocratie que je défends. Par exemple, le partage des savoirs ou la mise en réseau des individus. Ces usages ont provoqué de fait la remise en cause de la conception traditionnelle du droit d’auteur, mais également de la façon dont nous consommons les biens culturels. A ce titre, je propose de soutenir la création sur Internet tout en libérant les internautes des contraintes qui leur sont injustement imposés aujourd’hui.

C’est pourquoi je propose de poser les termes d’un nouveau contrat social qui allie les droits et devoirs des internautes et repose sur deux mesures politiques précises: la légalisation du partage non marchand sur internet, et la constitution d’un mécanisme de collecte et de redistribution à laquelle participerons les internautes et les fournisseurs d’accès à internet. Avec un tel outil, nous estimons pouvoir redistribuer un milliard d’euros chaque année, de quoi peser significativement sur la création aux côtés des artistes, notamment les plus précaires.

 

 

Comment comptez-vous défendre la culture durant votre mandat ?

Avec Europe Ecologie Les Verts, nous espérons bien avoir un groupe à l’Assemblée nationale à même de peser sur les orientations qui seront prises durant cette législature, y compris auprès du ministre de la culture au sein du gouvernement.

Si nous nous doutons que nous n’aurons pas toujours gain de cause, les écologistes sont réputés pour prendre le temps de convaincre et de ne pas lâcher les convictions qu’ils défendent. Dans un autre domaine et pour prendre un exemple plus local, c’est le cas du projet de rocade sud à Angers où la vision développée notamment par les élus écologistes dont je fais partie a fini par devenir majoritaire.

 

Quelle analyse faites-vous des propositions culturelles de votre circonscription ?

Il serait faux de vous dire que je les connais parfaitement. Elles sont liées aux différents territoires, communes et communautés de commune qui font cette circonscription. Je connais mieux la partie angevine. Partie sur laquelle, je crois qu’il existe un soutien réel et sincère à toutes les pratiques culturelles. Peut-être pourrions-nous d’avantage soutenir les pratiques locales, alternatives et associatives et réduire un peu la voilure de l’offre « institutionnelle » (ONPL pour prendre un exemple) mais globalement, je pense qu’il existe à Angers une diversité de structures, une offre et une création culturelles dynamiques et intéressantes.

 

Avez-vous un rêve culturel ? Pour le territoire ?

Mon rêve ne concerne pas spécialement ce territoire mais nous devons continuer à nous battre pour avoir des politiques publiques qui permettent aux enfants et au-delà à l’ensemble des citoyenn-e-s, quelle que soit leur condition, d’avoir accès à des pratiques culturelles et de pouvoir découvrir une offre culturelle diverse, source d’enrichissement et d’épanouissement.

Pour être par ailleurs directeur d’école en milieu rural, je vois bien que cette accessibilité est plus compliquée. Mais la commune où je travaille a fait le choix d’embaucher une intervenante musicale avec qui nous développons notamment des projets de pratique musicale que nous n’aurions pas abordé autrement. Avec l’appui de l’association des parents d’élèves, les élèves peuvent également découvrir au moins deux spectacles vivants par an et être confrontés à des univers, des mises en scène qui leur ouvrent des horizons nouveaux et qui nous donnent ensuite des idées en classe.

Je pense que l’Etat et les collectivités doivent soutenir encore davantage l’existence d’écoles de musique en territoire rural, les cinémas itinérants, les expositions ou les événements temporaires dans les bibliothèques…