France Nature Environnement Pays de la Loire organisait mercredi 23 mai un forum régional dont la question était : biodiversité et développement économique: mariage impossible? Les candidats des principales formations politiques y étaient invités. J’ai ainsi été le porte-parole d’Europe Ecologie Les Verts pour l’occasion.
« Bonjour à toutes et à tous,
Merci à Yves Lepage et à Xavier Mettay pour leur invitation.
Je reprendrai l’articulation proposée par Yves Lepage en évoquant nos propositions relatives à la biodiversité et à la lutte contre l’artificialisation des sols et dans un second temps le développement de l’activité économique sur notre territoire.
I. Biodiversité
Nous partageons nombre de préoccupations.
Pour évoquer l’étalement urbain, je vais utiliser les problématiques locales pour illustré mon propos. Lors de l’élaboration du SCOT du Pays de Loire Angers, les élus écologistes ont défendu les principes suivants: les idées de polarités, de densification (cf centre ville), de reprise des friches industrielles avant toute création (erreur de la zone de Seiches en bordure d’autoroute).
Nous sommes également favorables à l’idée de geler les extensions de pôles commerciaux péri-urbains pour mieux soutenir les commerces de proximité.
Nous avons obtenu la préservation des emprises des anciennes voies ferrées. Nous nous sommes opposé à la liaison sud. La contribution de notre parti indique ainsi que tout pendant que les TC n’ont pas atteint les 30% de part modale, il n’y aura aucun nouvel aménagement routier autour d’Angers. C’est ainsi que nous nous sommes abstenu début mai lors du vote concernant l’échangeur Moulin-Marcille début mai.
J’exprimerai une simple réserve de forme par rapport à votre proposition d’agence nationale de réduction de l’artificialisation des sols. La démarche semble descendante au regard du schéma mais j’imagine que ce n’est qu’une simplification pour la clarté de votre maquette. Il faut fixer des objectifs nationaux mais faire confiance aux territoires. Ces objectifs ne seront atteints que s’ils sont partagés et le fruit d’une concertation réelle.
Nous pensons qu’une taxe sur l’urbanisation des terres agricoles à hauteur de 50% du montant du prix de vente du foncier agricole à l’achat.
Les trames vertes et bleues des PLU doivent devenir des réalités concrètes et être opposables à tout projet d’aménagement. Les zones humides nombreuses ici doivent être gérées plus rigoureusement. La région y travaille notamment sous l’impulsion de Sophie Bringuy, vice-présidente qui travaille au Schéma Régional de Cohérence Ecologique.
La biodiversité doit également être défendue dans nos campagnes avec l’interdiction totale des OGM, la marginalisation de l’usage des pesticides (cf. Angers), la promotion des semences paysannes, l’aide à la reconversion vers une agriculture biologique.
II. Développement économique et création d’emploi
Trop souvent les mesures pro-environnementales sont vues comme une contrainte par nombre d’acteurs du monde économique.
Et l’on ne doit pas se voiler la face, au-delà des effets de greenwashing devenus à la mode, les modèles industriels et commerciaux dominants ont peu le souci de la sobriété énergétique, de l’économie de la matière première, de la durabilité de leur environnement ou de la relocalisation.
Les géants de la distribution que sont Leclerc, Auchan ou Promodes en sont des incarnations avec un modèle basé sur les économies d’échelle et les circuits longs liés à un coût du pétrole faible. Ce modèle libéral a destructuré notre agriculture et contribuer à la destruction de 100 000 emplois ces dix dernières années mais ce n’est pas pour autant que les solutions que nous défendons sont majoritaires !
Les fabricants d’appareils ménagers, de matériel électronique ont rendu le consommateur captif en organisant l’obsolescence programmée de leurs produits au détriment d’un réseau de réparateurs qui employait des milliers de personnes sur nos territoires auparavant…
On pourrait continuer encore longtemps. Parlons plutôt de nos propositions.
Nous sommes bien sûr d’accord sur les idées d’éco-activités, de relocalisation de l’économie, de reconversion écologique de l’économie.
La contribution climat territoriale (ou taxe carbone) doit être mise en place pour nous aider à financer la transition énergétique car sans indépendance énergétique nos perspectives vont devenir compliquées et tout le monde en prend conscience.
Elle ne doit pas pour autant pénaliser les habitants du milieu rural ou moins favorisés pour être acceptée (compensations).
Nous devons généraliser les principes de conditionnalité de l’aide publique au respect de critères sociaux et environnementaux. On commence à le faire à Angers avec le réseau de commande durable mais en même temps on subventionne des compagnies privées aériennes …
On doit clairement être plus offensif dans ce domaine et vous pouvez compter sur nous pour passer des paroles aux actes.
La commande publique est un levier fort, je pense aux cantines qui permettent de structurer des filières bio, aux chaufferies bois qui valorisent des gisements longtemps ignorés, je pense aux filières de recyclage, de réemploi que l’on doit soutenir. Le soutien au fer, au fluvial et aux modes doux plutôt qu’à la route.
Je crois aussi que notre stratégie pour réellement peser doit s’élaborer au niveau européen. Jérémy Rifkin quand il parle de troisième révolution industrielle croit beaucoup en l’Europe pour en être à la tête.
Nous devons construire ensemble l’indépendance énergétique et la transition vers un rapport économe et intelligent à l’énergie locale. Nous devons développer un plan de relance pour le fret et les transports en commun qui peut attirer des salariés de l’automobile.
On doit enfin développer un projet ambitieux dans le domaine de l’électronique avec des solutions durables, réparables et ouvertes. Personne n’est sur ce créneau aujourd’hui et pourtant nous en avons le potentiel.
Je terminerai en évoquant la formation et l’apprentissage, un aspect déterminant. On doit préparer ces métiers de demain, c’est le sens de l’action de Jean-Philippe Magnen au conseil régional qui met tout en œuvre pour qu’il n’y ait plus 5000 ligériens qui sortent chaque année du système éducatif sans formation qualifiante. Un renforcement de l’orientation, la mise en place de tutorat et l’ouverture de place en apprentissage dans les métiers de demain (renouvelables, bâtiment durable, agriculture…). C’est ainsi que 600 nouvelles places sont crées à chaque rentrée. »
Romain Laveau
Pour EELV Pays de la Loire