Rétrocéder aux étudiants l’intégralité du domaine universitaire d’Antony, une priorité pour la nouvelle majorité socialiste et pour les écologistes.

Alors que l’ancienne ministre de l’enseignement supérieur, Valéry Pécresse, scandait  il y a encore quelque temps la consolidation de « pôles universitaires d’excellence » pour redresser la position bien médiocre des universités françaises au classement international de Shangaï, la qualité de vie des étudiants en Ile de France a pour ainsi dire été oubliée, pour ne pas dire totalement foulée au pied. La privatisation scandaleuse du patrimoine universitaire francilien et la relégation des étudiants chez leurs parents ou dans des chambres vétustes font partie des à-côtés sinistres de cette politique droitière et rétrograde. Alors que Paris et sa proche région périphérique sont le fleuron historique d’une vie universitaire active et enrichissante pour des générations qui demain participeront à l’épanouissement de la France en Europe et dans le monde, il est urgent de bâtir une autre politique du logement étudiant. L’alternance de mai 2012 aux côtés des écologistes participe de cette volonté de changement.

 

Exemple significatif du retour en force des schémas régionaux pour combler les manquements en matière de logements universitaires en France : après avoir subi bien des avatars, la gauche veut reprendre en main le dossier de la « Cité U » d’Antony. Cette cité, qui est la plus grande cité universitaire de France avec ses 2049 logements, soit 15% du parc de logement étudiant francilien, est à elle seule un symbole où il convient de gommer tout un passif hérité de cinq années de sarkozisme : plus soucieux de spéculation foncière que du bien-être de la vie étudiante, la droite locale des Hauts-de-Seine, dans ses officines du Conseil général et de la communauté d’agglomération des Hauts de Bièvre a ainsi tout fait pour démanteler la résidence universitaire d’Antony. Avec la bénédiction de Valérie Pécresse, et au mépris du droit le plus élémentaire, les pouvoirs publics se sont ainsi vu contraints de raser à coups de bulldozer pas moins de 600 logements étudiants incorporés à la résidence. Cette politique de destruction du bâti universitaire francilien n’obéissait qu’à un seul mobile, celui de dévoyer le service public au profit d’intérêts privés pas toujours recommandables, ceux des promoteurs immobiliers. Ni plus ni moins, il fallait en l’espèce chasser les étudiants d’Antony pour spéculer sur un terrain en bordure du parc de Sceaux. Cette politique du fait accompli a été longtemps combattu par Fabien Feuillade, conseiller municipal EELV d’Antony et candidat du rassemblement écologiste, socialiste et citoyen dans la 13ème circonscription.

 

Heureusement, la décision du tribunal administratif de Versailles du 10 mai dernier d’annuler le transfert de propriété de la résidence Jean Zay à la communnauté d’agglomération des Hauts de Bièvre donne un coup d’arrêt à cette politique de destruction éhontée du logement etudiant francilien. Force est de constater que bien des partenaires se sont battus pour parvenir à ce résultat qui doit rétablir la justice et l’équité. Depuis 2009, au Conseil Régional d’Ile de France, le président Jean-Paul Huchon et la vice-président en charge du logement, Emmanuelle Cosse, ont ainsi toujours soutenu les associations de sauvegarde de la Résidence Universitaire d’Antony ainsi que les organisations étudiantes dans leur lutte : bravant les pressions de plus en plus insupportables de la spéculation foncière sur cette zone très convoitée, la région a ainsi soutenu à hauteur de 20 millions d’euros un projet de réhabilitation globale de la résidence. Il convient de reconstruire désormais les logements démolis et d’appliquer aux démolisseurs de principe polleur-payeur.

 

 

A cet égard, la déclaration de Cécile Duflot, qui est tout aussi soucieuse de sortir de la pénurie de logements et de moderniser la résidence universitaire d’Antony en concertation avec ses résidents, exclut toute ambiguité : « les responsables doivent payer eux-mêmes la reconstruction de ces logements et un effort national doit être mis en œuvre pour construire un grand nombre de logements sociaux étudiants à des tarifs vraiment abordables ». A ce titre, pour mieux concevoir une vaste politique du logement social étudiant et rappeler au gouvernants et aux élus les réalités du terrain, Philippe Kaltenbach, sénateur maire PS de Clamart appelle le nouveau gouvernement à reprendre en main le dossier; il mentionne également ces chiffres qui ne sont pas à l’honneur de dix sept années de présidence droitière et de libéralisme ambiant : en Ile de France, on ne dénombre que trois logements pour cent étudiants alors que la moyenne nationale est de huit logements pour cent étudiants. Dans cette optique de redressement significatif des conditions de vie étudiante, lorsqu’il faut privilégier l’insertion sociale des plus jeunes et des moins favorisés et redonner à chacun l’espoir d’un projet professionnel idoine, il s’agit tout d’abord de permettre aux étudiants de pouvoir organiser dans de bonnes conditions matérielles leur cursus universitaire; mais aussi, au cœur du projet du nouveau contrat de mandature, il convient même de dépasser cette politique du logement universitaire au sens strict en permettant à terme l’accès des étudiants au parc privé et en favorisant l’élaboration et la concrétisation de leur projet de vie par un regroupement des aides sociales existantes (aides au logement, bourses sur critères sociaux…) dans une véritable allocation d’études. C’est en mettant en valeur de tels dispositifs matériels privilégiant une politique diversifiée du logement (résidences universitaires, petits ensembles de logements étudiants, APL maintenues en logement libre) que l’on fera de l’éducation une priorité nationale et du savoir le levier du redressement.

 

Dans l’immédiat, le tout nouveau gouvernement, soutenu par la région IDF doit désormais envisager les conditions d’une rénovation du site d’Antony maintenant que le transfert de la résidence Jean Zay est annulé et que les destructions sont enfin stoppées. Il faut construire de nouveaux logements et surtout commencer par ne plus détruire ceux existants. Leur rénovation est possible. Le maintien voire l’extension du nombre de logements étudiants et une meilleure intégration du site au reste de la ville d’Antony sont compatibles. C’est ce chantier qu’il faut conduire désormais.

Pierre Jourdan, militant EELV à Saint-Mandé