Je suis en colère contre ce type d’irresponsabilité intellectuelle qui assure une complicité passive de la destruction des libraires, des librairies indépendantes dernier rempart des diversités créatives et dernières résistances aux rabotages d’une pensée unique, d’une pensée formatée par des médias et globalisée dans l’entreprise générale de décervelage de nos peuples.
Le libraire que je défends, ce dernier maillon, qui reste le plus fragile est le lien privilégié avant le client – pardon ! le lecteur ! Le libraire que je défends  c’est ce commerce de proximité qui va disparaître du village, de la ville, du quartier, au profit de la vente en ligne, de la grande surface culturelle et de la grande distribution ( Auchan ). Une librairie est d’abord un lieu de rencontre, un endroit où l’on prend son temps, une oasis de liberté dans un silence d’intimité. Loin du brouhaha, des affichages racoleurs et des « vus à la télé » ou toutes autres putasseries qui assimilent le livre à un produit ménager de simple consommation. Les rayons des lessives qui lavent plus blanc que le blanc sont il est vrai à proximité pour entretenir la confusion…
Mais ce candidat de division – exclu du Parti Socialiste, hormis la publication à compte d’auteur d’un opuscule qui s’est greffé par opportunisme de « réclame » sur un drame en Norvège, connaît fort mal ce monde de la diffusion.. Il devrait relire l’intervention de François Hollande lors de son passage dans le Marais chez un libraire indépendant. Il devrait prendre  connaissance de la « Lettre ouverte d’un libraire accablé » tribune parue dans Libération en septembre 2011 et signée par  Denis Bénévent, libraire du Livre en fête, à Figeac. Je voudrais lui rappeler également que la librairie est un élément d’empathie et d’écologie urbaine et que si nous voulons maintenir ce type de société, il faut que nous soyons solidaires. C’est le sens du soutien apporté par François Hollande à ce pan de la culture. Défendre la librairie indépendante est plus qu’un choix de société, c’est un choix de civilisation. Pour soutenir cette « écologie urbaine », les lecteurs aussi ont leur rôle à jouer : avoir le geste citoyen, pour que la librairie indépendante reste le garant de la vitalité éditoriale et de la libre création. Auchan vend aussi bien des voyages et des aspirateurs que des livres. Les libraires, eux, ne vendent que des livres, nous avons besoin d’eux pour faire connaître des auteurs nouveaux, eux seuls donnent des conseils de lecture. S’ils disparaissent, nous sommes foutus. En effet, il y a urgence et je rejoins Vincent Monadé, directeur du MOTif (l’observatoire du livre et de l’écrit en Ile-de-France), dans une tribune parue dans Libération sous le titre « Amazon m’a tuer ? ». A Fontenay c’est avec l’incompétente facilité exhibitionniste de Dornbusch que nous pouvons déclarer« Auchan m’a tuer ! »
Michel Tabanou
Paru sur son blog
Samedi 19 mai 2012 6 19 /05 /Mai /2012 19:56