Ensemble pour combattre la crise et bâtir un autre modèle de vivre ensemble.

2012-2017

Socialistes et écologistes

Ensemble pour combattre la crise et bâtir un autre modèle de vivre ensemble.

Introduction au programme de l’accord signé entre le Parti Socialiste et Europe Ecologie – Les Verts

Nos valeurs partagées et nos priorités fondent notre contrat de mandature.

L’avenir de la planète et celui de l’humanité s’écrivent aujourd’hui. C’est maintenant que se dessinent le rôle et la place de l’Europe dans la mondialisation. En France, l’urgence est de redon­ner un sens à l’idée même de progrès et d’abord pour la jeunesse, les précaires, les couches popu­laires et les classes moyennes. Pour les Français, la législature 2012-2017 peut être la première d’un horizon nouveau : selon les priorités fixées et les décisions prises, le chemin ne sera pas le même.

Ou bien c’est la fatalité qui l’emporte et alors les mêmes choix, portés par les mêmes responsables aboutiront aux mêmes résultats, en pire : la surex­ploitation des ressources naturelles, l’épuisement des matières premières et l’appauvrissement de la biodiversité ; la confiscation de la richesse par une minorité ; la mise en concurrence des indivi­dus, des entreprises, des territoires, des Etats ; la financiarisation de l’économie et le démantèle­ment des solidarités ; l’oubli des fins humaines et l’argent devenu la mesure de toute chose. C’est l’impasse néolibérale empruntée par les droites européennes dont le sarkozysme est l’aiguillon. Pour les peuples, c’est la certitude de vivre dans la peur, les inégalités et les divisions.

Ou bien c’est l’espoir et le sursaut qui prévalent. Pour produire autrement d’autres richesses et les partager vraiment la richesse. Pour combattre les inégalités et donner à chacun les moyens de réus­sir sa vie. Pour rassembler les citoyens et les faire participer à la décision. Pour faire de l’Europe le moteur d’un sursaut de civilisation qui préserve la paix, le climat et l’emploi pour toutes et tous. Pour que la démocratie impose ses lois aux marchés et que le temps long de la construction collective prime sur la dictature de l’instant. C’est le chemin que nous proposons au pays pour la prochaine mandature.

Sur ce chemin de progrès, avec les Français, nous n’aurons pas à affronter un banal aléa de conjonc­ture, mais la faillite de la finance capitaliste et des dogmes qui l’ont établie. La période que nous tra­versons est en réalité une accumulation de crises.

Crise économique avec la disparition de millions d’emplois industriels avec le déchaînement d’un productivisme sans frein ni règles parmi les nou­velles puissances émergées et avec l’aggravation de tous les indicateurs français après dix ans de majorité UMP : croissance nulle et menace de récession, balance commerciale historiquement déficitaire, chute des investissements pour pré­parer le futur, délocalisations d’activités en cas­cade dont l’impact brise les travailleurs et abîme la planète.

Crise sociale, toujours plus profonde, quand 40 % des Français renoncent à se soigner faute de moy­ens, quand un quart des jeunes de moins de 25 ans sont au chômage, quand un salarié sur quatre touche moins de 750 euros par mois, quand 150 000 postes d’agents publics ont disparu depuis 2007 au point de démanteler comme jamais nos services publics, quand plus de huit millions de nos concitoyens survivent sous le seuil de pauvre­té, quand les ménages les plus modestes consa­crent 15 % de leur revenu aux dépenses énergé­tiques, soit 2,5 fois plus que les ménages les plus fortunés. Pour nous, la préservation environne­mentale est inséparable de la justice sociale.

Crise écologique, sanitaire et alimentaire dont la sécheresse dans la corne de l’Afrique, qui touche 13 millions de personnes, ou les récentes inon­dations en Asie sont les plus tragiques mani­festations. Partout sur la planète, les alertes se multiplient : un milliard et demi d’individus n’ont pas accès à l’eau potable et près d’un tiers de la population mondiale souffre de sous-nutrition. Les pays les plus riches portent la responsabilité la plus lourde dans cette crise planétaire aux con­séquences écologiques et géopolitiques poten­tiellement dévastatrices. Qui peut croire que la France et ses voisins sont à l’abri ?

Crise énergétique, aussi, source de tant de ten­sions pour la paix et la sécurité du monde : alors que la demande mondiale d’énergie pourrait aug­menter de moitié d’ici 20 ans, les ressources en pétrole manquent déjà. Après Tchernobyl, Fuku­shima a confirmé les failles dans la maîtrise de l’atome. Entre les nations, une course de vitesse est engagée pour réussir la mutation écologique et la transition énergétique. C’est une urgence et nous allons en faire une chance. La France, forte de tant d’atouts, a pris un retard inquiétant au cours de la dernière décennie, qu’il s’agisse du soutien aux énergies renouvelables ou de la baisse des consommations. Face à la droite, nous l’affirmons : ajourner les réponses à la crise écologique et énergétique, c’est retarder la réso­lution de la crise économique.

Crise démocratique et crise de la dette, enfin. Si à l’heure de solliciter la confiance de nos conci­toyen-ne-s, nous lions les deux réalités, c’est que dans l’accumulation de leurs effets, se joue l’idée même de souveraineté. Quand, après dix ans de politique de droite, la dette de la France représente 90 % de sa richesse, que les plans d’austérité se succèdent sans perspective de réelle relance, que les efforts sont toujours ré­clamés aux mêmes tandis qu’en sont exonérés les privilégiés, comment s’étonner que l’abstention et l’extrême droite soient les valeurs refuges de tant jeunes relégués, de salariés déclassés, de retraités précarisés ? Pour nous, femmes et hommes de gauche et écologistes, il n’y a pas de fatalité ! Il n’y a pas qu’une seule politique pos­sible, celle des marchés financiers dans le monde et celle du directoire conservateur Sarkozy-Mer­kel en Europe : en démocratie, la seule agence de notation légitime, c’est le peuple. Parce qu’il prive l’action publique des moyens de mener les poli­tiques attendues par les citoyens, l’endettement est l’ennemi des gouvernements et des majorités progressistes. Parce que la France souffre non pas d’un, mais de plusieurs déficits – des comptes publics, d’emploi, de compétitivité, de préparation de l’avenir par l’éducation, l’enseignement supé­rieur, la recherche, la formation, ainsi que d’un déficit de qualité des conditions d’existence et de travail à tous les âges de la vie –, il faut changer de politique, donc de majorité politique au Parle­ment.

Ensemble, nous voulons combattre la crise par des mesures d’effet immédiat qui amélioreront la vie quotidienne. Emploi et pouvoir d’achat, école, santé, logement, transports, sécurité, jus­tice : dès l’entame de l’alternance, les Français constateront la réalité du changement. Avec une valeur cardinale : la défense et le développement des services publics qui sont la République laïque et sociale en actes. Mais nous voulons aussi im­aginer un nouveau modèle pour l’après-crise économiquement viable, socialement équitable, écologiquement durable. Reprise en main du sec­teur bancaire et financier, transition énergétique, conversion écologique de l’appareil productif, ap­proche qualitative de l’urbanisme, multilatéral­isme refondé : ces avancées ne donneront leur pleine mesure qu’à l’horizon d’une législature, certaines exigeront une décennie voire une géné­ration pour être achevées. Mais nous nous enga­geons, dès 2012, à décider et à engager leur mise en oeuvre en France et dans les instances euro­péennes et internationales. C’est cette ambition d’intérêt général pour la France et pour le monde qui fonde le projet que nous présentons au pays.

La législature 2012-2017 peut être celle du re­dressement et du rassemblement. En France bien sûr, mais aussi en Europe où la solidarité doit prévaloir face aux dettes souveraines qui asphyx­ient les Etats et les peuples, où l’investissement doit être mobilisé pour préparer les projets scien­tifiques, industriels, technologiques, énergétiques du futur, où une plus grande cohésion doit préva­loir quand il est question des politiques fiscale, sociale, monétaire et commerciale. Seule une plus grande intégration économique et démocra­tique, seul une perspective fédérale, permettra à l’Europe non seulement de s’affirmer comme une puissance majeure du 21ème siècle, mais de réo­rienter la marche du monde vers les exigences du progrès : droits sociaux, droits environnementaux, droits culturels, droits politiques. Seule une ma­jorité de gauche et des écologistes en France en 2012, puis en Allemagne en 2013, aura la force d’entraînement pour une Europe solidaire et vo­lontaire.

Pour relever ces défis, il faudra dire la vérité et rétablir l’équité. Mais il faudra surtout faire vivre la démocratie. N. Sarkozy n’a pas seulement été le Président du temps perdu et des promesses non tenues : il a été celui des divisions exacerbé en­tre les Français et du pouvoir confisqué au profit d’une minorité. L’alternance en 2012 sera d’autant plus forte que les pouvoirs seront rééquilibrés, que la justice sera indépendante, l’action publique contractualisée, la République décentralisée, que des droits égaux seront reconnus à tous et à chacune et à chacun, que les habitants seront acteurs du changement. C’est une nouvelle page de la démocratie que nous voulons écrire fondée sur la transparence, le débat et la responsabilité. Ces principes prévaudront dans l’action de la ma­jorité parlementaire cimentée tant dans la collé­gialité de l’élaboration que de l’adoption du projet de loi de finances et du projet de loi portant sur le financement de la Sécurité sociale. A l’heure où chaque Française et chaque Français va décider de l’avenir de la nation, nous sommes convain­cus de la force de nos solutions face à l’urgence des aspirations populaires. Ce sont elles qui ont rencontré l’adhésion et démontré leur efficacité dans les collectivités locales et d’abord dans les Régions.

Plus que jamais, le Président sortant et sa ma­jorité en échec cherchent à diviser les catégo­ries, à opposer les générations, à préserver les avantages de leurs clientèles. Depuis 2002, tout a été fait pour une minorité, tant a été accordé aux privilégiés ! Il est temps pour les citoyens qui as­pirent au changement de se mobiliser : ouvriers, employés, salariés de la fonction publique comme du secteur privé, mais aussi artisans, commer­çants, agriculteurs, entrepreneurs, créateurs, innovateurs, éco-citoyens, chercheurs, artistes, jeunes et seniors, doivent unir leurs votes, leurs énergies et leurs efforts pour vivifier et rassem­bler la France dans la justice. C’est avec eux que nous voulons construire. C’est pour eux que nous voulons agir.