Article du JDD: A Vincennes, Joly fait campagne pour Abeille

REPORTAGE – Dans la 6e circonscription du Val-de-Marne, la candidate Laurence Abeille (ticket PS-EELV) entend bien jouer sa carte face au député UMP sortant, Patrick Beaudouin. Mercredi soir, la conseillère régionale a reçu le soutien d’Eva Joly, de Pascal Durand, porte-parole d’EELV, et du socialiste Ali Soumaré. « La victoire est possible », a lancé à la tribune l’écologiste.

A quatre jours du premier tour des législatives, alors que Cécile Duflot était à Paris avec Denis Baupin, Eva Joly s’est, elle, rendue à Vincennes. Cette dernière était venue apporter son soutien à Laurence Abeille, qui « faisait partie de (sa) ruche » lors de la campagne de la présidentielle et qui se présente dans la 6e circonscription du Val-de-Marne, réservée à une candidate écologiste dans le cadre de l’accord conclu avec le PS. « Une élection peut en cacher une autre », a lancé Eva Joly à la tribune. « Cette fois-ci, ce n’est pas moi la candidate et je dois dire que c’est bien », a-t-elle poursuivi, devant quelque 130 sympathisants.

Première à prendre la parole, Eva Joly a rappelé l’importance de l’élection à venir et lancer un appel à « ne rien lâcher » pour que la circonscription – détenue depuis toujours par la droite – passe à gauche. Un message lancé dans la salle de l’école élémentaire Roland Vernaudon, ancien député… de droite, qui siégea de 1969 à 1973. Lors de la présidentielle, François Hollande a recueilli 52,76% des voix dans cette circonscription et est arrivé en tête dans la ville de Vincennes (dirigée par un maire du Nouveau centre, Laurent Lafon, Ndlr), qui pourrait faire basculer le scrutin à venir. « Nous avons réussi à chasser Nicolas Sarkozy, il s’agit de donner une belle majorité » au président et d’élire « beaucoup d’écologistes pour peser sur l’évolution de la politique dans les cinq années à venir », a fait valoir Eva Joly.

« On a gagné une première bataille, il y en a encore une autre »

Mais elle n’a pas hésité non plus à entonner son refrain de la République exemplaire, critiquant Eric Woerth, candidat aux législatives dans l’Oise « malgré la batterie de cuisine qu’il tire derrière lui ». Ou Nicolas Sarkozy, « VRP des centrales nucléaires ». Concernant ce dernier, la députée européenne a rappelé la volonté de son parti de réformer le Conseil constitutionnel pour ne pas que les anciens présidents y siègent. La République « s’enorgueillirait de faire d’Eva Joly un membre du Conseil constitutionnel (…) Peut-être que tu n’es pas d’accord, tant pis, je le propose pour toi », a déclaré quelques minutes plus tard Pascal Durand, le porte-parole d’EELV, également présent à ce meeting, et qui a animé la soirée, introduisant les interlocuteurs écologistes mais aussi socialistes.

A l’image d’Ali Soumaré, venu apporter son soutien à Laurence Abeille et à sa suppléante socialiste, Claire Lemeunier. « Soutenir une candidature de la majorité présidentielle, ça fait du bien », a lancé en préambule le conseiller régional. « On a gagné une première bataille, il y en a encore une autre », a-t-il poursuivi, mettant en garde contre toute optimisme. Ali Soumaré, accusé en 2010 par l’UMP d’être en « délinquant multirécidiviste« , a tenu à insister sur « la crise politique » traversée, selon lui, par la France. Alors que beaucoup d’électeurs ont, lors de la présidentielle, « plus voté contre quelqu’un que par adhésion à un projet politique », le socialiste a mis en avant « le travail de pédagogie et de remise en cause à faire à gauche ».

Ali Soumaré à la tribune. Crédit JDD.fr.

 

« Je crois que c’est possible », assure Laurence Abeille

Si les personnalités nationales ont ouvert le meeting, celles locales ont pris la parole en dernier. La suppléante Claire Lemeunier d’abord, qui a évoqué un projet « basé sur la confiance et le rassemblement des Français ». Chargée d’une « mission très importante », la socialiste a fait une mise au point, qui figure aussi sur le tract de campagne : « Nous avons bien été les seules investies par le PS et EELV dans cette circonscription (…) Il ne faut pas se tromper. » Une pique adressée au candidat dissident, David Dornbusch, qui a été exclu du PS. « Il trompe les gens. C’est une manipulation qu’on dénonce », a expliqué quelques minutes plus tard Laurence Abeille au JDD.fr, critiquant « quelqu’un qui mène une campagne individualiste ».

Outre cette dissidence, la candidate devra également faire face au candidat UMP et député sortant, Patrick Beaudouin. « C’est un candidat de la Droite populaire, un collectif qui flirte très souvent avec les idées de l’extrême-droite », a dénoncé Claire Lemeunier. Un positionnement politique qui pourrait faire le jeu de Laurence Abeille? « Jespère que cela jouera en ma faveur. Que les gens diront ‘on ne veut plus de la droite, mais encore moins de cette droite là’ », a confié cette dernière, qui veut croire à la victoire. « Je crois que c’est possible », assure la candidate.

 

« Moi, députée… »

Et à la tribune, après avoir parlé de logement, des transports et d’emploi, elle a conclu par une formule « symbolique » : « Moi, députée, je porterais le programme ambitieux et novateur du PS et d’EELV (…) Moi, députée, je travaillerais à changer le quotidien (…) Moi, députée, je serais présente et engagée. » Clin d’oeil d’une candidate écologiste au désormais célèbre gimmik « Moi, président de la République » de François Hollande.

A la sortie du meeting, le public – composé de convaincus – semblait satisfait. « Je n’ai qu’un regret. J’aurais aimé que l’on parle de la question animale », confie Marie-Christine, une fonctionnaire de 60 ans, qui assistait à son premier meeting politique. « On a vraiment été gâté ce soir » au niveau des interlocuteurs, s’est quant à lui réjouit Lionel. « Ce serait vraiment super que deux femmes gagnent », a-t-il ajouté. Et contrairement à la présidentielle, le choix sera plus simple dimanche pour ce travailleur social de 40 ans : « Je voulais voter Eva Joly, j’ai voté pour François Hollande… » La démarche a été la même pour d’autres. « Votre petit score n’est pas le reflet de votre popularité (…) On aurait voté pour vous, mais on avait trop peur », explique un couple à l’ex-candidate, qui représente pour eux « l’incarnation de la gauche perfection ». Pour les écologistes, il reste désormais à confirmer dans les urnes.