La nouvelle passe quasiment inaperçue. Mais Tereos vient de vendre sa filiale Soleo. C’est ici. Pour mémoire, rappelons qu’en 2010, sans qu’il y ait eu à La Réunion beaucoup de réactions, le groupe agro-industriel Tereos a fait main basse sur plus de 70 % des terres arables de La Réunion en achetant en 2010 le groupe Quartier Français qui avait acquis Soleo en 2009. Désormais Tereos contrôle 100 % de la filière canne. En réalité cette dernière n’est pas détenue par la maison mère, Tereos, mais par sa filiale brésilienne, Tereos Internacional, dédiée à la production des agrocarburants. L’achat de Quartier Français correspond à une stratégie de développement de la société brésilienne qui n’a cependant que faire de certains actifs acquis par le groupe réunionnais et qui ne rentrent pas dans ces objectifs. Ainsi, Mascarin et « Quartier Français spiritueux » vont être vendus. Aujourd’hui c’est donc l’entreprise portoise Soléo qui est vendue à un groupe métropolitain, Terralis, qui investit dans les énergies alternatives, l’éolien et le photovoltaïque. On voit les conséquences de la main mise de Tereos Internacional sur le secteur agro industriel réunionnais, hier fer de lance de l’économie locale : ce sont des pans entiers de l’activité économique qui passent entre les mains de sociétés non réunionnaises. Il faut aussi savoir que Tereos Internacional est l’un des principaux acteurs de l’accaparement des terres notamment en Afrique. Le groupe a ainsi obtenu une concession de 100 000 hectares au Mozambique, pour une durée de 150 ans, dont 15 000 ha sont déjà utilisés pour la culture de la canne à sucre en vue de la production d’agro carburants. En octobre 2010, Tereos Internacional signait un accord avec Petrobras, le géant pétrolier brésilien, un contrat de plus de 900 millions d’euros portant sur la fourniture d’éthanol. Tereos Internacional, Bolloré ou Dreyfus et de grands fonds d’investissements internationaux, sont les acteurs majeurs de ce type d’agriculture purement spéculative puisque l’objectif est de spéculer sur le marché des agro carburants et des matières premières agricoles dont toutes les études de la Banque Mondiale, montrent qu’il s’agira d’un marché extrêmement rentable dans les années à venir. Alors, évidemment la vente d’une petite société portoise (trois salariés) peut sembler anecdotique, elle est néanmoins une parfaite illustration du démantèlement du secteur industriel réunionnais dans le cadre de la mondialisation, elle illustre aussi la fin d’un capitalisme patrimonial et l’incapacité pour les acteurs économiques locaux à garder la main sur les grandes orientations du développement de La Réunion.