MAÏDO, LE TEMPS DES RESPONSABILITÉS

Le 30 novembre 2010, au PC de lutte contre le feu installé au Maïdo et alors que le Préfet déclarait l’incendie de 2010 officiellement éteint, Mme Marie Luce Penchard, Secrétaire d’Etat à l’Outremer, affirmait à la presse réunionnaise « Je mettrai tout en œuvre pour que l’incendie du Maïdo ne se reproduise plus ».

Un an plus tard, un incendie encore plus terrible est en train de ravager le Parc National sur une surface trois fois plus grande. Mais s’il est normal de rappeler à Mme Penchard ses propos, il ne faudrait pas cependant que l’invocation des responsabilités de l’Etat masque celles des certains élus locaux.


Nombreux d’entre eux n’ont semble-t-il pas compris que le classement du Parc au Patrimoine de l’UNESCO aurait comme contre partie un haut niveau d’exigences et de devoirs en matière de gouvernance, de préservation et de valorisation du patrimoine. Ces obligations patrimoniales auront un coût financier. Nous sommes loin du compte.
En décembre 2009, une mission d’évaluation pilotée par le Ministère de l’Ecologie mettait déjà en cause « la gouvernance externe et interne » du Parc pointant notamment « un déficit manifeste de lisibilité et de compréhension des actions conduites par l’établissement, la poursuite des incertitudes sur la nature de ses missions et des difficultés certaines dans le fonctionnement et la prise de décision des instances délibératives ». Hélas, la répétition en à peine un an d’intervalle de ces deux terribles sinistres confirme le diagnostic et illustre cruellement les déficiences de la gouvernance actuelle de l’institution.

Le Président du Parc National aurait dû entreprendre, dès le lendemain de l’incendie de 2010, de bâtir avec les autres acteurs, Etat et Département, un véritable outil de gestion des risques assumant l’articulation et la coordination de tous les éléments de la « chaîne du risque » : connaissance, prévention, protection, prévision, alerte, gestion de crise, assurances, implication des acteurs locaux et des services de l’Etat. Qu’a-t-il fait ? Rien. Le Maïdo brûle, Daniel Gonthier, le Président du Parc National, regarde ailleurs.
Le 15 octobre 2010, avec Philippe Berne, lors d’une conférence de presse sur la politique d’adaptation au changement climatique, évoquant le sinistre du Maïdo et le risque incendie inhérent à la forêt réunionnaise, nous préconisions la création d’une force permanente de protection civile de la zone Océan Indien qui aurait vocation à pouvoir intervenir rapidement dans les pays de la zone avec lesquels nous aurions bâti un partenariat. Un an après, devant l’ampleur du désastre, plusieurs élus reprennent cette idée mais combien faudra-t-il d’incendies pour qu’elle commence à trouver une traduction concrète ?

Quant à Mme Farreyrol, la nouvelle Sénatrice de La Réunion et Présidente de l’association Île de la Réunion Tourisme qui à ce titre a une responsabilité particulière en matière de valorisation du Patrimoine, que fait-elle ? Elle publie un communiqué où elle écrit : « C’est un joyau de l’humanité qui part en fumée et nous ne pouvons rester les bras croisés. » Apparemment, si, on peut décroiser les bras le temps de rédiger un communiqué et continuer à regarder passer les catastrophes.
Le bilan sera fait par les professionnels de la protection civile et peut-être saura-t-on si le Dash est un avion approprié ou pas au relief de notre île mais la véritable question de fond est de savoir si aujourd’hui les élus qui ont en charge la gestion du patrimoine naturel de La Réunion, ont bien compris la nature des exigences et des défis qui découlent du classement du Parc au Patrimoine Mondial de l’UNESCO.


Les Réunionnais ont célébré l’inscription du Parc au Patrimoine Mondial puis ils ont fêté le premier anniversaire de cet événement. C’est normal. Mais il y a un temps pour tout. Celui de l’auto congratulation est terminé, aujourd’hui le temps des responsabilités est venu.