DÉCAPITATION DES PLUS VIEILLES MONTAGNES DU MONDE

Photos des Appalaches by courtesy Vivian Stockman / www.ohvec.org.
Flyover courtesy SouthWings.org
Thanks Vivian !

La foi dit-on, déplace les montagnes. La cupidité est capable, elle, de les araser.
C’est en lisant le livre d’Alan Weisman, Homo Disparitus (The World without us 2007), que j’ai découvert les « montagnes fantômes » photographiées par Vivian Stockman. Ce qui m’a conduit à entrer en contact avec Vivian et à découvrir le combat de l’association OVEC (pour Ohio Valley Environmental Coalition clic-clic), contre le « mountaintop removal » (MTR).
Depuis quelques années dans les Appalaches, les compagnies minières américaines utilisent une technique extravagante mais beaucoup plus économique que l’exploitation minière, une technique imparable pour exploiter le charbon de ce massif montagneux, il s’agit du « mountaintop removal », mot à mot, le « déplacement du sommet », en fait une véritable décapitation de la montagne.

La forêt qui la recouvre est rasée, la couche supérieure du sol déblayée puis la montagne est détruite à coups d’explosifs, les gravats et rochers sont alors évacués par des excavatrices géantes. Les arbres, chênes, hickorys, magnolias, cerisiers d’automne, sont arrachés par les bulldozers et jetés dans les ravines, ensevelis sous des tonnes de gravats.


Hickory tree

Ce procédé est presque exclusivement utilisé aux Etats-Unis – essentiellement en Virginie-Occidentale, dans le Kentucky et le Tennessee – depuis le milieu des années 1990.
Il est particulièrement adapté aux régions montagneuses dotées de veines de charbon fines et proches de la surface comme les Appalaches.
Le coût de revient du charbon extrait selon cette méthode est imbattable et on comprend pourquoi le lobby minier est assez puissant pour commettre de telles exactions quand on sait que plus de la moitié de l’électricité du pays est produite par des centrales à charbon.

Selon les associations écologistes, près de 500 sommets auraient déjà été exploités et au moins partiellement détruits dans toutes les Appalaches. L’Agence américaine de protection de l’environnement (EPA) estime que, en 2013, 6,8 % de la surface de forêts existant en 1992 dans les régions concernées aura été détruite par la technique du mountaintop removal. Rien qu’en Virginie de l’ouest, plus de 1500 km de cours d’eau ont disparu.
Quelques habitants font de la résistance et refuse de vendre leurs maisons aux compagnies minières mais doivent vivre dans un paysage de désolation, un océan de rocs et de boue, sillonné des engins monstrueux aux roues gigantesques et au milieu des explosions destructrices.

La destruction des plus vieilles montagnes du monde (voir vidéo ici) provoque cependant une mobilisation de plus en plus forte des organisations écologistes mais les géologues industriels font valoir que les réserves des USA, de la Chine et de l’Australie contiennent l’équivalent de six cents ans de charbon. Le combat est donc loin d’être gagné. Beaucoup attendaient du Président Obama qu’il mette fin à ce scandale mais son administration avance très lentement sur ce dossier « sensible » voir ici.
L’histoire de la Virginie-Occidentale est étroitement liée à celle de l’exploitation souterraine du charbon, qui n’a cependant enrichi personne ici puisque c’est le troisième Etat le plus pauvre des Etats-Unis. En 1921, eut lieu la bataille de Blair Mountain, la plus grande révolte armée de l’histoire syndicale américaine, qui fit plusieurs dizaines de morts, aussi bien chez les mineurs que parmi les milices mises sur pied par les compagnies.