ANNONCES PRÉSIDENTIELLES : DES RISQUES DE RÉGRESSIONS SOCIALES ET ÉCOLOGIQUES

Le Président de la République vient d’annoncer certaines mesures, notamment sur l’emploi et sur les carburants. Concernant ceux-ci, afin d’en faire baisser le coût, il préconise de changer de lieu d’approvisionnement et donc de déroger aux normes européennes qui spécifient leur teneur en souffre. Or, pour arriver à une baisse significative du prix, il faudrait s’approvisionner en produits pétroliers très éloignés des normes actuellement en vigueur, sous réserve évidemment que l’Europe accepte une telle dérogation. Nos voisins de la zone Océan Indien appliquent ainsi des normes allant de 500 à 5000 ppm contre 10 ppm actuellement pour notre île (ppm = partie par millions, soit actuellement dans notre département une teneur en souffre égale ou inférieure à 10 parties par millions ou l’équivalent de 10 grammes par tonne). L’importation d’un carburant polluant, très éloigné des normes européennes constituerait donc une véritable régression écologique pour La Réunion et aurait des conséquences néfastes sur l’environnement, sur la santé publique et sur le parc automobile lui-même.
Il est parfaitement regrettable de voir certains approuver une mesure aussi nocive pour l’environnement et la santé, c’est ici.

Sur l’emploi, les mesures sont chiffrées et reposent pour l’essentiel sur des suppressions de charges sociales pour l’emploi des jeunes de moins de 26 ans et pour les emplois des secteurs prioritaires dans les zones franches. Or, si on peut admettre l’utilité de l’exonération des charges dans un contexte d’urgence sociale, pour les écologistes, elle doit être impérativement conditionnée à la nature de l’emploi : ce doit être un CDI, si possible à temps plein ou au moins avec un horaire minimal de 30 heures par semaine. Car si cette mesure en vient à favoriser la multiplications des CDD et des emplois à temps partiels subis, elle fabriquera encore plus de travailleurs pauvres, ces salariés qui ne gagnent pas assez pour vivre décemment mais gagnent « trop » pour pouvoir bénéficier de certaines aides sociales. A La Réunion, 29 000 salariés sont actuellement dans ce cas. Bref, si des suppressions totales de charges ne peuvent, par elles mêmes, remplir les carnets de commandes des entreprises, elles peuvent, en revanche, si elles sont accordées sans conditions, aggraver fortement la précarité sociale.