Il y longtemps, un grand général,
A voulu doter son pays d’une arme radicale.
Comme les Etats Unis il a voulu sa bombe,
Préféré le faucon mauvais à la douce colombe.
Il y a longtemps, ses conseillers
Lui ont dit qu’il fallait veiller
Sur le premier réacteur à uranium
Seul capable de transmuter le plutonium.
Il y a longtemps, quelques kilos
De cette matière, pas pour des métallos
Devint l’arme de la soi-disant dissuasion
Qui explose et détruit par nucléaire fission.
Il y a longtemps, les ingénieurs des mines
Opportunément et intelligemment imaginent
Le plan d’une France électro-nucléaire
Qui joindrait l’utile électricité au militaire.
Il y a peu, de nombreux réacteurs
Construits puis exploités font le bonheur
Du lobby pro-nucléaire qui s’exporte afin
De générer plus de business, sans fin.
Il y a peu, ces affairistes parlent d’aise,
De la technologie de pointe française
Et mettent en avant notre compétence
Sur un marché qui ferait notre indépendance.
Il y aussi, tous ces dangereux radionucléides
Qui se retrouvent dans l’air, la terre, le liquide
Dès lors que l’on ouvre la boite de Pandore
Pour les besoins technologiques records.
Il y a aussi, ces hommes qui accablent
Car les déchets de cette industrie du diable
Font courir à plusieurs générations d’enfants
Des risques insensés, pour si longtemps.
Il y a toujours, ces ingénieurs ingénieux
Qui sont si studieux, si sérieux,
Qui prétendent que nous ne risquons rien
Car ils ont tout prévu, très, très bien.
Il y a toujours, ces industriels peu scrupuleux
Qui n’hésitent pas à jeter dans notre milieu
Les déchets toxiques qui très dilués
Ne sauraient, notre environnement polluer.
Il y a peu, on interdit enfin ces pratiques
Que la communauté, déclare enfin maléfiques.
Du coup, les stocks de déchets enflent,
Et couvrent la terre de redoutables effluents.
Il y a peu, l’impossible accident, survient pourtant
Les hommes de l’art sont dépassés par l’événement:
Le réacteur de Tchernobyl libère ses matières
Radioactives innombrables dans l’atmosphère.
Il y a un an, survient un nouvel accident,
Fukushima, au pays du soleil levant ;
Cette fois les matières fissiles sont diffusées
Dans l’air mais aussi dans l’océan versées.
A chaque fois, des terres sont interdites de séjour
Aux hommes, et à tout ce qui vit, pour toujours.
Des radionucléides se baladent dans l’eau, dans l’air
Entrant peu à peu dans la chaine alimentaire.
A chaque fois, les pro sous-estiment les conséquences
De cette grave pollution, de cette dépendance
Pernicieuse, invisible, totale, mondiale
Qui est pourtant là, présente et ineffaçable.
Aujourd’hui, arrêtons les sans attendre,
Ces réacteurs qui produisent des cendres
Qui s’éparpillent sur le monde endormi,
Comme celles qui ont détruit Pompéi.
Demain, peut être, une fourmi irradiée
Rejoindra dans la centrale endommagée
La colonie de ses innombrables congénères,
Dernière peuplade organisée de la Terre.
Christian Rozé, poète écolo