La transition énergétique … pour vivre mieux ? 29 mars, Versailles

En tant que candidat sur la 1ère, il me revient la responsabilité d’introduire la soirée. Je vais donc dresser les contours de la thématique, une esquisse que mes collègues vont compléter.

La transition énergétique dont nous avons fait le thème de cette réunion publique n’est certes pas le seul domaine dans lequel nous aurons à légiférer si nous sommes élus députés. Mais c’est un sujet important par les enjeux qu’il recouvre et par les décisions qu’il conviendrait de prendre pour répondre à ces enjeux. C’est un sujet emblématique de la nécessaire transformation écologique de la société. Il concerne tous les secteurs de notre vie. Nous consommons de l’énergie pour nous loger, travailler, nous déplacer, consommer. La transition énergétique constitue aussi un gisement fabuleux d’emplois. Enfin, c’est un sujet abordé de manière insuffisante dans la campagne par les autres candidats que notre candidate Eva Joly.

Concernant les enjeux, la vidéo que nous venons de voir (post carbon institute : (http://translate.google.com/translate?hl=fr&langpair=en%7Cfr&u=http://www.energybulletin.net/media-publishers/Post%252BCarbon%252BInstitute%252BMedia) nous les montre bien, je ne vais donc pas vous les redétailler, juste les passer en revue :

  • La finitude des ressources, en particulier énergétiques,
  • Une meilleure répartition de l’énergie entre tous les êtres humains,
  • Les changements climatiques, les autres risques de pollution, les risques de toutes nature,
  • La boulimie consommatrice de l’humanité.

 

Deux enjeux ne sont pas cités :

  • L’enjeu géopolitique : l’accès aux ressources va susciter des tensions internationales dans les prochaines années,
  • Celui de la précarité énergétique. Le médiateur de l’énergie en rendant récemment son rapport annuel a pointé le fait que le nombre de Français en difficulté pour payer son énergie a augmenté. 8 millions à l’heure actuelle.

 

La vidéo évoque aussi les solutions : repenser la ville, efficacité énergétique, sobriété, énergies renouvelables … on retrouve le fameux tryptique de Negawatt « sobriété, efficacité, énergies renouvelables ». Je vous invite d’ailleurs à prendre connaissance de cette étude (le scénario Negawatt) réalisé par des énergéticiens indépendants.

L’Allemagne est un exemple de mis en œuvre de solutions. Elle a en effet fait très tôt des choix qui vont dans le bon sens et qui porte ses fruits. De 1990 à 2009, l’Allemagne est passée en production d’énergie renouvelable de 25 à 110 TWh (quand nous passions de 65 à 75). En consommation par habitant, l’Allemagne passait de 1990 à 2009 de 700 à 1 000 kWh alors que nous passions de 700 à 1 200 kWh.

Les solutions techniques existent donc : biomasse, éolien, solaire, géothermie, biogaz, technique de stockage utilisant des vecteurs comme l’hydrogène ou le méthane …

Alors nous avons connaissance des problèmes, nous avons identifié les solutions … Alors pourquoi sommes-nous là ce soir ?

Si nous sommes là, c’est qu’il reste en France la question du passage à l’acte. Comment convaincre les responsables politiques et nos concitoyens ?… Est-ce la bonne question ? … Comment montrer que les alternatives sont attractives, comment rendre désirable la transition énergétique ?

Je propose quelques clés :

  •  Passer du « nous sommes contre » (le nucléaire, les gaz de schiste …), nous proposons des solutions alternatives (message à destination des écologistes).
  • Tout le monde s’y met, on arrête de se renvoyer la balle : politique (législateur et collectivités locales – citer quelques une de nos propositions), les entreprises (il faut faciliter l’arrivée de PME sur ce secteur), les citoyens (citer « villes en transition », « village cocooning », « Combrailles Durable »).
  • Montrer, du point de vue économique que la diminution de consommation énergétique n’est pas liée à une diminution du bien être. Que le mieux vivre n’est pas toujours lié à la croissance du PIB.
  • Encore du point de vue économique, donner la vraie valeur à l’environnement, à sa destruction, à son exploitation sans tenir compte des limites. Aujourd’hui, les destructions de l’environnement sont souvent passées par pertes et profits, la rareté des ressources n’est pas payée à se juste valeur.
  • Expliquer clairement que poursuivre le mode de vie actuel est voué à l’échec et que nous devons oublier les dogmes du passé : celui du « toujours plus », celui suivant lequel progrès technologique et le progrès social seraient liés. Expliquer que l’écologie politique ne peut se satisfaire des systèmes existants qui ont montré leurs limites : Exit le capitalisme, exit le libéralisme, exit le productivisme. Qu’il est nécessaire d’inventer un nouveau mode de vie, un nouveau système.
  • Proposer et expérimenter de nouveaux modes de vie. Etre résolument tournés vers l’avenir.

 

Quels sont les contours de cet avenir ? De cette nouvelle société à inventer et construire ensemble ? Quelques éléments de notre vision des transformations à mettre en œuvre :

  • Une société inclusive (personne n’est laissé sur le bord du chemin).
  • qui s’appuie sur la coopération plutôt que la compétition.
  • qui s’appuie sur des structures économiques prenant en compte l’économie sociale et solidaire.
  • Une économie circulaire basée sur le recyclage, la réutilisation des matières premières présentes dans les déchets. Les déchets des uns sont les matières premières des autres.
  • L’utilisation des énergies de flux (énergie renouvelables), plutôt que l’utilisation des énergies de stocks (énergies fossiles et nucléaires).
  • Adapter l’offre aux besoins et à la demande et non l’inverse comme actuellement.
  • La décentralisation donc la réappropriation des décisions par les citoyens.
  • Un aménagement du territoire qui privilégie les circuits courts.

 

Je peux témoigner par mon métier de consultant énergie/carbone que de nombreuses collectivités locales ont bien compris les enjeux et sous l’impulsion d’élus EELV (parfois d’autres), ils mettent en place des politiques ambitieuses pour atteindre les objectifs de réduction de GES pour 2020 (20% pour l’Europe, 30% d’après nous) et 2050 (facteur 4 dans la loi Française, -85% pour notre programme).

Un exemple : D’ici 8 ans, 600 écoles de Paris seront rénovées thermiquement pour réduire de 30% les émissions de GES du patrimoine de la ville de Paris.

Je sais donc que les énergies pour transformer la société existent. Elles ne demandent qu’à émerger, favorisées par des politiques publiques volontaristes.

Ce sont ces politiques que je favoriserai en tant que député.

Jean-Luc Manceau