Je souscris complètement à l’avis ci-dessous envoyé au commissaire enquêteur dans le cadre de l’enquête publique du projet d’aménagement « Carré gare et Pas du Lac ».
Cet avis souligne en particulier le manque d’ambition du projet pour favoriser la circulation cyclable et l’intermodalité entre les transports en commun et les modes de circulations douces.
Une fois de plus dans un projet d’aménagement, une part trop importante est donnée à l’utilisation de la voiture malgré ses nombreux inconvénients : pollutions et prix de l’énergie.
Monsieur le Commissaire,
Le groupe local Europe Ecologie Les Verts de St Quentin et ses environs tient à porter à votre connaissance ses remarques concernant les projets d’aménagement cités en objet, et sa déception. En effet, un des objectifs de ces projets est clairement exprimé comme devant « améliorer la circulation sur cette entrée principale de l’agglomération et renforcer la sécurité des piétons et des cyclistes ».
Or, le manque d’ambition quant à la circulation cycliste est proprement incompréhensible.
Sur la forme, nous regrettons que cette enquête n’ait fait l’objet d’aucune information en direction des voyageurs pourtant nombreux chaque jour.
Sur le fond : deux enjeux apparaissent particulièrement déterminants pour l’intérêt général :
1- Faciliter la mobilité des Saint Quentinois qui subissent des temps de transports sur la route et le rail très longs et pas forcément optimisés
2- Limiter l’impact sur l’environnement de cet impératif de mobilité en favorisant les modes de circulations douces et l’inter modalité, on réduit les transports à forte émission de CO2, de polluants et particules nuisibles à la santé humaine et à la biodiversité.
Notre analyse fait ressortir les questionnements suivants :
- Stationnements cyclistes
La capacité devrait correspondre à un objectif de 3 à 5 % de la part des 24 000 voyageurs « montants ». Avec 170 places nous sommes loin du compte.
En effet, en prenant comme base seulement 2% (mais quel est le chiffre « officiel » à prendre en référence ?), ce qui reste une estimation plus que limitée, le besoin réel en stationnement vélos serait de 500 places.
Avec 170 places, Saint Quentin compterait 0.7 places pour cent voyageurs. Pour être à la hauteur de Strasbourg par exemple, ville très volontariste dans ce domaine avec 3.03 places pour cent voyageur, il faudrait au moins 720 places.
Saint Quentin en Yvelines ayant l’ambition d’être une « capitale du vélo » nous pourrions annoncer un objectif d’ici 5 ans à 10 ans de 5% soit environ 1200 places qui pourraient être réalisées , sur des surfaces suffisantes et réservées dès maintenant dans le projet.
Il est pourtant constaté dans le dossier que les stationnements vélos sont saturés («au niveau maximal de remplissage en journée »). Des parkings « longue durée » doivent également être prévus. Les investissements et la surface occupée restent minimes en comparaison des stationnements automobiles et des gains obtenus pour l’environnement.
Pour être incitatifs, les stationnements doivent être prévus en nombre suffisant, couverts, sécurisés et proches des accès piétons de la gare.
Il serait de plus souhaitable de s’appuyer sur l’expertise des pratiquants cyclistes pour les aménagements de ces parkings.
- Itinéraires et déplacements cyclistes
Les déplacements à vélo, particulièrement facilités à St Quentin en raison des aspects géographiques, sont appelés à se développer dans les années à venir.
Malheureusement l’absence, dans le dossier, d’objectifs quantitatifs précis ne permet pas de démontrer que les déplacements en modes doux progresseront au fil des ans.
L’évolution de la part des déplacements de chaque mode (piétons, vélos, transports collectifs) devrait être envisagé avec une hausse de 2 à 3% par an au détriment de l’usage des véhicules individuels qui baisseraient.
Au contraire il est affiché dans ce projet que le trafic automobile restera stable. Ce qui revient à dire que les modes doux ne seront pas favorisés.
Ni la collectivité, ni l’environnement, n’y retireront donc d’avantage évident.
Un objectif de 3 à 5% de déplacement cyclistes serait parfaitement réalisable comme cela est déjà le cas dans certaines villes et pays européens.
Pour cela il est impératif de proposer aux usagers des itinéraires de rabattement direct, largement dimensionnés, identifiés et balisés.
Par ailleurs, nous émettons une réserve sur le retrait des bandes cyclables au profit certes d’une zone « trente ». Est-il prouver que cela permettra une circulation plus facile ? Pour cela, la communication envers les automobilistes doit être très forte, et très visible.
Enfin, ces itinéraires directs doivent être en cohérence avec le reste du réseau cyclable. A ce titre un schéma directeur des liaisons douces a été approuvé par la CASQY mais les documents ne l’évoquent pas. On peut s’interroger sur la cohérence d’ensemble et les liaisons douces inter communes. A titre d’exemple le lien entre le parc du centre et le pôle gare n’est pas traité. La traversée de l’avenue restera un obstacle pour les nombreux piétons et vélos qui la traversent chaque jour.
- Inter modalité et transports en commun
Le projet ne propose pas d’amélioration pour les usagers des transports en commun qui doivent par exemple parcourir sur l’avenue des Prés un long quai, peu éclairé et non protégé des intempéries. L’accès à la gare par l’escalier est d’ailleurs trop étroit pour les flux montants et descendants qui peinent à se croiser.
Il n’est fait aucune mention sur des aménagements facilitant le covoiturage.
Aucune disposition concrète n’apparaît qui favoriserait et faciliterait l’inter-modalité (par exemple l’aménagement de structures type « Vélib »).
- Aménagements des divers accès
Aucune indication sur le réaménagement des accès à la passerelle qui traverse les voies vers le quartier du lac.
Par ailleurs, on constate également le manque d’ambition du projet dans le peu d’amélioration aux accès à la gare pour les cyclistes, partagés avec les voitures dans la plupart des cas.
En conclusion, les aménagements proposés à l’enquête publique manquent réellement d’ambition quant au développement des circulations douces, et pire il n’est pas conforme avec le PADD du PLU de Montigny qui prévoit « de réduire la place de la voiture et de favoriser l’usage des transports en commun et du vélo » p 67.
Dans un contexte de renchérissement des prix du pétrole et de réduction des émissions de CO2 les besoins de déplacement en mode doux ne peuvent que s’accroitre. Ce projet devrait être réalisé dans une perspective d’avenir et sur le long terme afin de répondre aux demandes futures qui ne manqueront d’émerger dans les années à venir.
Il est très intéressant de constater qu’on observe une corrélation entre le montant des investissements publics dans les politiques cyclables et la part modale du vélo : dans les villes les plus volontaristes, la part modale du vélo atteint presque 10%.
(Etude de 2009 du « Club des villes et territoires cyclables » dont Guyancourt et SQY font partie)
C’est donc bien la volonté politique qui permet de faire avancer les aménagements et les pratiques.
Pour les raisons évoquées ci-dessus nous vous demandons d’émettre les réserves adéquates à ce projet qui n’est pas acceptable dans l’état.
Nous vous remercions de votre attention et vous prions d’accepter, Monsieur le Commissaire, nos sincères salutations.
Le groupe local EELV SQY