Energie 2050 : le pire choix est de ne pas choisir

La presse spécialisée ne s’y trompe pas. En titrant « Nucléaire : un sujet de moins en moins clivant entre l’UMP et le PS », le Journal de l’environnement met le doigt là où ça fait mal.

Revenons sur la supercherie du rapport pompeusement et à tord dénommé « Energie 2050 ». Alors que l’électricité ne représente que 20% de la consommation d’énergie en France, le rapport se polarise sur l’avenir de la filière nucléaire, donc d’environ 16% de la consommation d’énergie des français (moins de 3% au niveau mondial).

Concernant l’enjeu énergétique (raréfaction des ressources d’énergie fossiles et fissibles) et son corolaire l’enjeu climatique (nécessité de limiter nos émissions de gaz à effet de serre pour tenter d’enrayer une augmentation de la température moyenne de la terre à +2°C), il y a deux options :

-         soit continuer à faire comme si de rien n’était dans une fuite en avant : puiser et consommer les dernières ressources (gaz de schistes et charbon) sans se préoccuper de leur épuisement.

-         Se tourner résolument vers une réduction des consommations dans les pays les plus consommateurs (pour une convergence des consommations au niveau mondial), augmenter significativement la part des énergies de flux (dites aussi renouvelables car non basées sur des stocks limités de matières premières) et passer d’un système très centralisé à une production décentralisée à l’échelle des territoires.

La poursuite des options actuelles relève du non choix et de l’absence de vision stratégique et politique. C’est ce à quoi le rapport de la cour des comptes nous avait préparés il y a quelques jours. En présentant les coûts du scénario de la prolongation de la durée de vie des centrales nucléaires comme étant notablement inférieurs aux coûts habituellement comparés de sortie du nucléaire et de relance d’un scénario nucléaire par la construction de nouvelles centrales, le rapport envisageait une troisième voie et coupait ainsi l’herbe sous le pied des écologistes.

Le rapport « Energie 2050 », dans une synchronisation parfaitement orchestrée confirme cette option en passant à la trappe les enjeux de sécurité de la filière nucléaire (prolonger de 30 ans des centrales qui ont été conçues pour 30 ans, c’est-à-dire doubler leur durée de vie !) et les enjeux énergétiques globaux.

Un an après Fukushima qui a semé le doute dans les esprits de beaucoup de nos compatriotes, les français tomberont-ils dans le piège ? Accepteront-ils que, face aux enjeux énergétiques et climatiques,  leurs dirigeants choisissent  de ne pas choisir, et que la fuite en avant boulimique de consommation d’énergie perdure.

Car, en effet, derrière « l’arbre nucléaire » se cache la « forêt énergétique ». Prétendre répondre aux enjeux énergétiques et climatiques par le tour de « passe passe » de prolongation des centrales nucléaires relève de l’irresponsabilité.

Alors que le « peak oil » ne fait plus débat, alors que le réchauffement climatique global fait quasi consensus au sein de la communauté scientifique et dans la population, 2012 aurait pu être l’occasion que les questions énergétiques se retrouvent au centre du débat politique pour les élections présidentielles.

Au lieu de cela, nous assistons à une convergence de vue entre les deux candidats qui seront probablement au 2ème tour.

Il nous reste, à nous électeurs, le choix de faire entendre d’autres options énergétiques, beaucoup plus ambitieuses et adaptées, en portant nos suffrages sur la candidate qui a un programme très clair pour répondre aux enjeux énergétiques et climatiques : EVA JOLY.

Jean-Luc Manceau 19/02/2012