Communiqué de presse du 21 février 2011
Le Président de la République a reconnu, lors de la révolution tunisienne, avoir « sous-estimé la désespérance d’un peuple ». Europe Ecologie Les Verts (EELV) l’invite à ne pas renouveler cette erreur quand il rencontrera ce lundi 21 février 2011 le président gabonais Ali Bongo Ondimba à l’Elysée pour un entretien portant notamment sur les "relations bilatérales" entre les deux pays.
Depuis plus d’un demi-siècle de vie indépendante, sous l’action conjuguée de l’ancien président Omar Bongo (1967-2009) et de gouvernements français successifs en lien avec les groupes Elf (puis Total) et Cogema (puis Areva), le Gabon est en effet devenu une caricature du détournement de la rente pétrolière et de l’uranium au profit d’un clan au pouvoir et du financement trouble de la vie politique française. Ces relations bilatérales opaques, y compris dans leurs circuits de financement, datent d’un autre siècle : celui d’une économie fondée sur l’importation à vil prix des ressources énergétiques d’un pays autrefois dominé. Il est plus que temps de modifier ces relations en profondeur, au profit par exemple d’une coopération dans tous les domaines écologiquement utiles : énergies renouvelables, préservation de la forêt équatoriale, etc.
Mais un tel changement n’est possible qu’avec une véritable ouverture démocratique et écologique dans les deux pays : mise en débat démocratique des grands choix énergétiques en France, clarification du rôle de l’Etat au Gabon. Dans ce pays en effet, la répression violente semble s’installer depuis l’élection peu convaincante d’Ali Bongo Ondimba, fils du président défunt, lors du scrutin d’août 2009. En septembre 2009 dans la ville très pétrolière de Port-Gentil, l’armée a d’abord tiré à balles réelles sur les manifestants qui contestaient le résultat de cette élection, causant plusieurs dizaines de morts avant d’assiéger la ville pendant des mois. Et depuis le 25 janvier dernier, date de la prestation de serment par le candidat André Mba Obame (Union nationale) qui prétend avoir remporté l’élection de 2009, le cycle de violences s’emballe : traque des membres de l’Union nationale, coups et blessures ayant entraîné la mort dans au moins un cas, arrestations arbitraires, répression des manifestations d’étudiants à Libreville, destitution de professeurs et autres fonctionnaires soupçonnés d’être sympathisants du président autoproclamé…
Plutôt que de se raidir, le gouvernement gabonais pourrait entamer des négociations avec l’opposition et avec une société civile de plus en plus consciente des innombrables détournements de fonds publics opérés par le clan Bongo et mis en lumière, depuis mars 2007, par la procédure « Biens mal acquis » devant le Parquet de Paris. Devant cette situation, les citoyens et citoyennes gabonais s’organisent : le « Mémorandum de la société civile gabonaise sur la situation politique » publié le 17 février dernier par une quinzaine d’ONG gabonaises de tous horizons, peut servir de base à ces négociations. Tel est en tout cas le préalable que le président Sarkozy devrait poser à des discussions sur les « relations bilatérales » avec son homologue gabonais.
Europe Ecologie Les Verts demande au président français de mettre un terme à ces pratiques de prédation économique et écologique, et d’en finir avec sa complaisance vis-à-vis du régime gabonais qui se refuse à la démocratisation.
Europe Ecologie Les Verts