ADMR 29 : lettre ouverte d’une salariée

Le 4 avril dernier, Janick Moriceau, candidate aux élections législatives, et Karima Delli, députée européenne, ont rencontré des salariées de l’ADMR. Nous avons pu constater le professionalisme des salariées de la fédération ADMR 29, qui accompagnent au quotidien les aides à domiciles. Il est manifeste que ces professionnelles sont une garantie de qualité, tant pour la qualité des prestations que pour les conditions de travail des salariées.

A l’annonce de la liquidation de l’ADMR, l’une d’entre elles a rédigé une lettre ouverte. La voici :

L’Adieu aux armes.

Petit Historique : La Fédération Admr 29, en sauvegarde pendant 18 mois, de fin 2009 à juillet 2011, est en redressement judiciaire depuis juillet 2011, soit plus de 2 ans ½ de procédures. L’administrateur Judiciaire Maitre Robert était délégué à ces 2 mandats.

Une offre de reprise par l’Ad29 avec notamment le projet d’une Union Economique et Sociale et la reprise de 36 salariés fédéraux devait être étudiée ce lundi 2 avril au tribunal de grande instance de Brest.

 

Mon dieu que cette journée du mercredi 4 avril a été difficile pour nous les 112 salariés pendus aux résultats du Tribunal ! Ils nous les avaient promis pour le 3. Leur malice les a conduits à ne nous rendre le délibéré que le surlendemain de l’audience, mercredi 4 avril.

Bien sur, nous savions tous ou presque que la liquidation serait demandée, la proposition de reprise de l’AD29 n’étant pas au goût de l’Administrateur Judiciaire Maître Robert, de la gouvernance, Mme L’Hour et M. Abgrall, du Président du Tribunal, ces personnes dont le bon vouloir passe avant toute logique économique et toute organisation rationnelle du territoire.

La farce était si grande : lors de l’audience, bien qu’aucune personne extérieure ne devait être présente ( Délégués du Personnel, journalistes, représentant de l’Union Nationale Admr), M. Daboville, secrétaire de l’union nationale, s’est installé dans la salle, et malgré l’injonction de la greffière, est resté avec l’assentiment du Président du Tribunal !!!

 

Le jugement rendu ce 4 avril 2012 n’était pas seulement la liquidation de la structure et de ces 112 salariés, « incompétents et trop coûteux », mais le maintien de l’activité pendant 3 mois. On nous demandait de creuser notre tombe.

La veille sur TBO, Mme LHour, notre présidente, parlait de ses salariés dans des termes peu élogieux : « ils ont trop souvent été recrutés par copinage, cousins, neveux, enfants de personnes bien placées, il faut revenir à plus de professionnalisme ». Voilà comme elle juge ces 112, alors que ceux-ci depuis plus de 2 ans ½ n’ont cessé de faire tourner la boutique avec une direction plus que défaillante.

 

J’ai reçu en pleine face le jugement du tribunal et une incompréhension de cette décision de justice. Où est-elle celle qui est censée défendre les citoyens ?

 

Ce résultat du jugement du tribunal est une offense aux salariés, c’est un déni de ce que nous sommes, tant comme êtres humains que comme salariés.

Mme Lhour devrait être poursuivie pour maltraitance.

 

Ce jeudi matin je me suis rendue à mon travail comme chaque jour, je fais partie de ce personnel décentralisé. J’avais surestimé ma capacité à encaisser. J’ai craqué. J’ai craqué à cause de cette injustice faites aux 112 fédéraux et au mépris de ces salariés d’associations, aides à domicile, secrétaires, notamment ces dernières qui vont devoir assumer le travail de la Fédération. Au mépris de ces usagers qui espèrent une poursuite d’activité sereine.

 

C’est avec tout le dédain et la morgue qui caractérisent nos employeurs qu’ils nous demandent d’assurer encore 3 mois, dans l’espoir de rendre les groupements opérationnels. C’est leur incompétence qui est la raison de ce prolongement. Ils se rendent compte que le logiciel (de plus d’1 million d’Euros) n’est pas en capacité de prendre le relais dans l’immédiat, que le personnel des associations n’a sans doute pas la capacité à assurer les salaires et les factures actuellement. Où sont les bénévoles responsables qui ont signé pour ces groupements, sont ils conscients ou inconscients de la charge de travail qui va leur revenir ?

Tous ces présidents qui ont choisi ouvertement de créer ces groupements et soutenu ce Conseil d’Administration Fédéral, que ceux là, mettent la main à la pâte, qu’ils assument ou alors qu’ils aient le courage de dénoncer haut et fort cette supercherie, qu’ils se réunissent et qu’ils trouvent rapidement une solution pour arrêter ce désastre humain.

Que Monsieur Pierre Maille, (Président du Conseil Général principal financeur), qui félicite Mme Lhour de cette restructuration, prenne ses responsabilités, il a sans doute lui aussi une bien piètre opinion des salariés du Finistère, de ces métiers de l’aide à domicile et de ces usagers qui sont pourtant tous des contribuables et des électeurs.

 

Nombre de mes collègues sont dans le désarroi le plus total, certains ont fait valoir leur droit de retrait, va-t-il falloir qu’un drame survienne pour que ce dossier soit traité avec plus d’attention ?

 

Que chacun à sa hauteur prenne en compte ce dossier, informe autour de lui, fasse pression auprès des décideurs et responsables politiques pour que la gestion de la dépendance et du maintien à domicile soit traitée avec grandeur et bienveillance. Vous êtes tous concernés.

 

Fraternellement,

Cardère

 

Si ce dossier vous intéresse vous pouvez consulter le blog de la journaliste Karine Joncqueur du Télégramme, à qui je rends un grand merci pour son professionnalisme et son humanité.

http://lactudeladmr29.blogs.letelegramme.com