À Bayeux, le 21 juin 2012
Les événements graves qui se sont déroulés ces derniers jours au Chefresne témoignent une fois de plus, s’agissant de l’industrie nucléaire, d’une coupable préférence des pouvoirs publics pour la brutalité.
Alors que de nombreux habitants et élus locaux s’opposent fermement à la construction de la ligne Très Haute Tension Cotentin-Maine, on constate une absence totale de dialogue. A cela s’ajoute, d’après les témoignages que j’ai pu recueillir, des opérations d’intimidation et de harcèlement de la part des forces de l’ordre, sur des personnes ne faisant l’objet d’aucune poursuite judiciaire, dont on voit donc mal à quel titre et sur la base de quels éléments légaux ils devraient faire l’objet d’une surveillance policière. De telles méthodes sont intolérables, et ne seraient d’ailleurs pas tolérées s’agissant de tout autre projet industriel.
Le « deux poids, deux mesures » est particulièrement frappant : alors que la concertation et la prudence sont toujours de mise lorsqu’il s’agit de projets d’énergies renouvelables : ici ni concertation, ni prudence, le débat n’existe pas.
Face à ce double déni, de démocratie et de santé publique, les protestations sont légitimes.
Les projets éoliens donnent lieu, et c’est parfaitement normal, à de longues études préalables d’impact sur la pêche ou les paysages. Les effets des lignes THT sur les exploitations agricoles et sur la santé des riverains, bien qu’ils fassent l’objet d’une documentation scientifique de plus en plus précise, sont eux occultés. Ainsi, les demandes répétées de mise en œuvre d’études épidémiologiques sur les lignes existantes, demandes maintes fois formulées par les associations de riverains, les élus locaux et les écologistes, sont restées sans réponse à ce jour.
Le 24 juin 2010, le Conseil régional de Basse-Normandie s’est opposé au lancement des travaux de construction de la ligne THT tant que « les conclusions d’une étude épidémiologique complète ne seront pas rendues publiques ».
Nouvelle députée de Basse-Normandie, je ne veux pas me résoudre à ce que l’exception au droit et le recours à des méthodes autoritaires deviennent, s’agissant de quelque industrie que ce soit, une manière normale de gérer le débat démocratique. J’appelle le nouveau gouvernement, gouvernement du changement, ainsi que les autres députés de la région, à  ne pas s’y résigner.
Je saisis aujourd’hui le Ministre de l’intérieur, Manuel Valls, de la situation du Chefresne et lui demande d’ouvrir une réelle concertation qui prenne enfin en compte les impératifs de santé publique portés par les opposants à la ligne THT.Â
Je serai présente au Chefresne dimanche prochain à 14h30 afin d’apporter mon soutien aux manifestations non-violentes de résistance menées par les militants, les élus locaux et les riverains.
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Isabelle Attard, députée du Calvados