A l’occasion de la journée mondiale des migrants et des réfugiés, les Jeunes Écologistes alertent les consciences sur le sort des réfugiés environnementaux.
La journée mondiale du migrant et du réfugié, ce lundi 16 janvier, doit être le rendez-vous d’une prise de conscience. Alors que de nombreux migrants économiques et politiques cherchent à faire valoir leurs droits dans leurs pays d’accueil, d’autres ne peuvent même pas prétendre exister. Dans le monde entier, des dizaines de millions de personnes fuient le lieu qui les a vu naître et grandir pour des causes environnementales. Ces « réfugiés environnementaux » sont poussés à quitter leur lieu de vie suite à des phénomènes naturels brutaux dus en partie au changement climatique, tels que la montée des eaux dans les pays insulaires et côtiers, les séismes, la sécheresse au Darfour, la désertification, le tsunami en Asie du Sud-Est… La cause de ces migrations peut également résider dans une catastrophe industrielle : l’explosion de Tchernobyl a entraîné le déplacement de 110 000 personnes et la contamination d’une zone de 155 000 km2.
Selon l’Organisation Internationale pour les Migrations, les migrants environnementaux sont de plus en plus nombreux. De 20 millions en 2008, leur nombre est passé à 38 millions en 2010. Or, un rapport du GIEC daté de novembre 2011 indique que les évènements météorologiques extrêmes se multiplieront dans les années à venir, sous l’effet du changement climatique, et ne feront qu’aggraver les conséquences de la montée des eaux.
Cette journée mondiale du migrant et du réfugié doit être le rendez-vous du courage. Selon la convention de Genève relative au statut des réfugiés de 1951, le demandeur d’asile doit avoir franchi une frontière internationale et craindre « avec raison d’être persécuté du fait de sa race, de sa religion, de sa nationalité, de son appartenance à un certain groupe social ou de ses opinions politique ». Cette convention est donc inapplicable aux réfugiés environnementaux. Il est urgent de créer un statut international leur permettant enfin de bénéficier d’un droit d’asile environnemental.
Nous devons reconnaitre la profonde injustice climatique, car, une fois encore, ce sont les populations les plus pauvres et déjà en difficulté qui sont les plus vulnérables et les plus touchées, car n’ont pas les moyens techniques, humains et financiers pour faire face aux enjeux nouveaux que nous devrons affronter. Les dérèglements climatiques impactent en effet non seulement leur agriculture, mais aussi la santé, le développement de maladies, l’accès à l’eau, la sécurité alimentaire et favorisent l’éclatement de nouveaux conflits liés à la raréfaction des ressources naturelle, autant de domaines vitaux pour un pays en développement.
Le « Fonds vert » créé par la conférence de Cancún en 2010 prévoit en partie la prise en charge des réfugiés environnementaux . Reste à le financer et à donner les moyens aux pays victimes de la pollution des autres de pouvoir reloger les migrants climatiques.
Au-delà des mesures palliatives, certes indispensables, ayons le courage nécessaire pour réduire radicalement l’impact environnemental de nos modes de production. Nous devons reconnaître la véritable injustice climatique. L’urgence est là et notre part de responsabilité est grande. Pour éviter demain l’émergence de tensions et de conflits dus aux migrations climatiques, limitons aujourd’hui l’importance du réchauffement de la planète. Les luttes de la justice climatique et de la justice sociale ne sont finalement qu’un seul et même combat.
Fanny Dubot et Wandrille Jumeaux.
Article publié sur Place Publique.