Entre 300 et 400 personnes ont formé un long cortège pseudo-funèbre vers 14 h, ce jeudi 16 février, derrière le cercueil symbolique d’une défunte peu banale, désignée par cette locution : la qualité des soins hospitaliers.
Certes, l’hôpital de Sélestat ne vas pas cesser de fonctionner parce que 25 personnes auront été mises au chômage. Il en restera plus de 600 pour assurer les soins, l’entretien, l’intendance et quelques autres nécessités. Mais dans des conditions plus difficiles qu’avant, avec la hantise que d’autres suppressions de postes se décident à brève échéance.
Et les 25 qui vont être frappés par l’inacceptable décision directoriale, comment vivent-ils cette injustice brutale ? Qui est responsable du déficit de 1, 7 million ? Les malades auraient-ils été trop gourmands pendant trop longtemps ? A-t-on rémunéré trop de gens alors que le travail pouvait être accompli par moins de monde ? La direction aurait-elle failli dans sa gouvernance ? Ce sont des questions…. Qui me répondra ?… Peut-être le président du Conseil de Surveillance de l’hôpital, le très renommé Marcel Bauer ? Qui est aussi, je le précise à l’intention des nuls en politique, le maire UMP de Sélestat, le conseiller général du canton, le président de la Communauté de Communes, etc.
Je l’ai dit aux journalistes qui m’ont interrogé : l’hôpital public n’est pas à traiter comme une entreprise et les solutions libérales qu’imposent les gouvernants d’aujourd’hui devront être supplantées après le 6 mai par des politiques publiques généreuses, imaginatives, tournant le dos résolument et, j’en forme le voeu intense, définitivement à l’obsession gestionnaire qui depuis trop de temps l’emporte sur l’exigence de qualité. Il faut absolument et rapidement en finir avec cette concurrence déloyale que l’hôpital public subit de la part des cliniques privées. Une concurrence voulue, orchestrée par les néolibéraux, dont le Premier Serviteur, installé à l’Elysée depuis 2007, en qualité de président de notre déclinante république, ne se trouvera pas, lui, dans la cruelle nécessité de s’inscrire à Pôle Emploi, quand au beau milieu d’un printemps d’espoir les Français l’auront assez gaiement licencié. Un chômeur de grand luxe qui, très probablement, pourra s’offrir le meilleur confort dans une clinique pour riches, sans avoir à se soucier de la faible prise en charge par l’assurance maladie, lorsque viendra pour lui aussi, peut-être, le temps de la maladie, de la vieillesse et de la fin de son temps.
Et parmi les serviteurs embarrassés du Serviteur Suprême se situe le député UMP de la circonscription de Sélestat, Antoine Herth, candidat à sa propre succession et qui devrait se décider à changer d’étiquette ! Qui, en la circonstance, devrait avoir au moins le courage de se taire, face à la souffrance des « hospitaliers », au lieu de déplorer par voie de communiqué envoyé à la presse et dont le quotidien L’Alsace cite quelques passages le 17 février, de regretter technocratiquement « qu’un déficit de gestion soit apparu » ! Au lieu de se targuer d’être intervenu (auprès de qui et pour quel résultat ?) afin que « la situation soit réexaminée » et « qu’une solution équitable soit trouvée »…
Dans une société « équitable », est-il normal de réduire les moyens de l’hôpital et d’augmenter ceux de la répression ? C’est juste une comparaison, comme ça.