Hôpital, collège : même logique, effets comparables

« Le gouvernement UMP fait ce qu’il peut en temps de crise ». La formule est commode ! Elle s’est usée, bien évidemment, à force d’avoir été servie à toutes les sauces. S’abriter derrière un mot aussi vague, aussi galvaudé, aussi malhonnête que cet urticant terme de « crise », voilà un comportement retors et d’ailleurs plus du tout efficient. Ni les enseignants, ni les parents, ni les élèves d’un collège n’y sont pour quoi que ce soit dans le marasme économique actuel. Ou alors de manière indirecte et  inconsciente, par des choix électoraux antérieurs, prévisiblement incompatibles avec la grande idée de république sociale.

Car  l’école,  la santé,  la culture, comme tant d’autres soucis majeurs de notre « res publica », sont des problèmes dont il va falloir collectivement s’approprier la résolution. Ne plus en abandonner la gestion aux mains des profiteurs ou des technocrates du libéralisme.

L’un des plus inqualifiables scandales des trois dernières décennies, partout en Europe, partout à travers le monde, est le fait que la plupart des grands services publics, propriétés des nations, propriétés indivises des citoyens, aient pu être transformés, dans la relative indifférence des majorités silencieuses, en autant de propriétés privées, contrôlées de manière anonyme et invisible par une intraitable oligarchie financière.

Parce que comme eux je n’admets pas que l’on sacrifie l’éducation, parce que le collège Klosterwald de Villé n’a pas plus à payer les pots cassés des excès libéraux que tous les autres établissements de France, je dirai aux enseignants, aux parents, aux élèves que j’irai soutenir dans leur protestation, mardi 21 février à 17 h, au rond-point de Châtenois, je leur dirai qu’après l’indignation et le rassemblement doit arriver un temps démocratique nouveau, qui sera celui de la construction d’un nouvel état d’esprit, celui de l’implication responsable et, calendrier électoral oblige, celui de la traduction dans les urnes d’une conscience nouvelle.

Aux élus locaux connus pour soutenir habituellement l’incohérence du gouvernement actuel, à tous « ces gens-là » (J. Brel) que le mauvais bilan du président Sarkozy transforme soudain en caméléons sinueux, précautionneux et amnésiques, je déclare ceci : ayez la décence de ne pas parader parmi les mécontents de mardi, ou alors ayez au moins celle d’y faire profil bas, car les seuls responsables des mauvais coups portés depuis dix ans contre la possibilité d’une république sociale, évoquée plus haut, appartiennent à votre camp politique, celui du libéralisme débridé, dont  l’emballement se traduit aujourd’hui par un chômage épouvantable, par un accroissement anxiogène des inégalités sociales, par une montée corrélative des tensions en tous genres, par un effondrement de la confiance populaire et par une menace autoritaire sans précédent depuis les funestes années 1930.