« Et maintenant, que vais-je faire ? » (G. Bécaud)

Avec un peu plus de 32,22% des voix, comment pourrais-je hurler de joie ?

L’adversaire UMP réalise quant à lui le meilleur score de sa carrière. Je souhaite évidemment, mais politiquement seulement, qu’il ne fasse plus jamais mieux et que les élus de droite régressent en nombre ces prochaines années, comme ils ont fait régresser la France durant la dernière décennie.

 

J’observe malgré tout et avec une légitime fierté :

  • qu’un seul candidat de gauche à une législative aura fait mieux que moi depuis 1945 dans la 5ème circonscription du Bas-Rhin, un certain Gilbert Estève, ancien chef de cabinet de Jack Lang au Ministère de la Culture, maire de Sélestat de 1989 à sa mort prématurée en 1996

 

  • qu’à Sélestat mon score est de 41,49%, voisin de celui obtenu par Hollande au second tour

 

  • que les villes de plus de 4000 habitants m’ont donné des scores situés entre 34,88 et 41,49%

 

  • que je progresse de 45% par rapport au 1er tour alors que Herth n’améliore son score que de 36%

 

  • qu’un village du Val de Villé, Neubois, m’a placé devant le sortant

 

  • que le Bureau n°1 de Sélestat a recensé plus de bulletins EHRET que de bulletins HERTH

 

Je regrette qu’afin d’éviter toute confusion et à l’instar d’une seule table du Bureau 1 de Sélestat, les présidents des bureaux de vote n’aient pas donné, au moment du dépouillement, la consigne de faire annoncer les prénoms plutôt que les noms des deux finalistes.

Prononcé à l’alsacienne, mon nom sonne à peu près comme celui de mon adversaire !

Les mêmes lettres, mais pas dans le même ordre…

 

Cette expérience électorale (la dernière pour moi, sans doute, car la durée de vie moyenne des gens dans les pays les plus riches va baisser, certaines études commencent à l’avouer) m’aura valu un incroyable déluge médiatique (65 articles, mentions, dessins, entrefilets dans les deux journaux locaux, 6 radios, plusieurs mentions télé, une émission en direct avec moi sur France 3 Alsace le soir du 2ème tour), ainsi que des centaines de courriels et courriers postaux, des centaines d’échanges téléphoniques. Il m’a fallu beaucoup utiliser ma voiture  (près de 1400 km parcourus) et même le TGV pour une journée de formation au siège national d’EELV.

Mais, fidèle à mes scrupules écologistes, c’est à vélo  ou à pied que les électrices et électeurs de Sélestat m’auront beaucoup vu et continueront de me voir, sauf si l’état de ma carcasse devait m’en empêcher.

Alors, content ?

Oui et non, répondrai-je, normandiquement.

 

Je suis un insatisfait chronique. Aucun remède n’a pu, à ce jour, améliorer ce relativisme existentiel. Pas même celui que devrait constituer l’amour de mon épouse préférée, à qui je dédie d’autant plus affectueusement ma performance qu’elle y aura largement contribué.


PS 1 : À la question de Bécaud, j’ai envie ou besoin de répondre ceci : « Je vais devoir renouer avec l’écriture, puisque j’y réussis mieux qu’en politique. »

 

PS 2 : « Quoique ! », ajouterai-je, après m’être souvenu que quatre de mes éditeurs, je dis bien quatre, ont fait faillite au cours du lustre écoulé…

 

PS 3 : Je le leur redirai à chacune et chacun en particulier, mais je veux tout de suite que le monde entier le sache : je remercie chaleureusement toutes celles et ceux (il commence à me bien gonfler, ce stéréotype, cette manie électoraliste, au motif que notre langue française est sexiste, de devoir dire et écrire « Françaises, Français, électrices, électeurs, toutes et tous, chacune et chacun », etc) je, donc, remercie les innombrables, parfois les innommables, qui m’ont aidé, qui m’ont encouragé ou qui m’ont taquiné, voire même égratigné, tout au long du long, dense et épuisant semestre dernier, dont l’achèvement, au seuil de l’été , au beau milieu du temps des cerises, me rend enfin à moi-même, à mes illusions, à mes rêves, à mes radis et… à la réalité de ma peu sémillante condition de sexagénaire.

 

PS 4 : Les « PS » qui précèdent n’ont qu’un rapport distrait avec le sigle partisan grâce auquel, tout de même, nous avons Hollande.

 

A ce propos, je dis « merdre » (comme Ubu) à tous ceux qui, se fondant sur l’élimination précoce des Pays-Bas du chamionnat d’Europe de foot, pronostiquent une débâcle tout aussi rapide pour le nouveau président français.