Dégâts des sangliers : que font les prédateurs ?

Je me pose des questions sur la chasse. Depuis toujours. Je n’aime pas le bruit des fusils dans les bois.Mais je ne pousserai pas mon inappétence envers cette activité, que beaucoup trop d’adeptes confondent avec un sport ou un loisir de plein air, jusqu’à la considérer comme foncièrement perverse. Il faut évidemment réguler le gibier. L’homme doit tenir son rang dans l’organigramme de la prédation. Mais pas plus que son rang. Et s’il pouvait renoncer à en faire une espèce de fête sanglante, pour se concentrer sur la seule nécessité de l’équilibre faunistique, ce serait infiniment plus digne…

Mais quand les chasseurs accusent un agriculteur bio, respectueux de son environnement, d’attirer le gibier sur ses prés en y répandant du lisier dépourvu de substances chimiques, quand ils lui reprochent d’attirer surtout des sangliers, qui adorent retourner les terres herbeuses avec leur groin, à la recherche de vers et d’herbacés contenant du sucre, alors il me semble qu’ils poussent un peu loin le bouchon, les chasseurs ! Quand ils affirment sans rire ne procéder qu’à des agrainages minimalistes, ils ne sont pas très crédibles, les chasseurs !

Les hivers moins rigoureux (réchauffement climatique oblige !) ayant pour effet de multiplier les populations de sangliers, que les froids d’antan décimaient l’hiver, on peut se demander si le nourrissage ne serait pas une manière de transformer les multiples adjudications cynégétiques en autant de zones d’élevage.

Ce qui est certain, ce qu’à bout de patience constatent les agriculteurs ou les arboriculteurs concernés, c’est que les surfaces endommagées sont en constante augmentation. Il est de plus en plus difficile de restaurer les parcelles « labourées » par les sangliers. Cela entraîne des risques sanitaires en raison de la dégradation du fourrage (par la terre) et des pertes financières loin d’être négligeables. Surtout que les estimations effectuées par le fonds d’indemnisation sont loin de correspondre à la réalité des dégâts. Voilà pourquoi les victimes de ces ravages à répétition demandent « l’activation de tous les moyens dont disposent les élus (les maires en premier lieu) pour faire réagir les locataires des chasses, la réalisation  ou la prise en compte du coût des travaux par les locataires fautifs, la mise en place de moyens de protection aux endroits sensibles (clôtures) »
Ils proposent aussi que se tiennent des réunions de concertation, afin que puisse être définie en commun une meilleure gestion de cette problématique.

Une seule attitude me paraît s’imposer : empathie et soutien aux agriculteurs !
La chasse ne devrait être ni un dérivatif, ni un jeu. La régulation du gibier est une affaire sérieuse qui doit s’envisager dans un esprit de dialogue entre les pouvoirs publics et les chasseurs.

 

Photo : Aleks