L’eau, un bien précieux à préserver

EAU

Nous arrivons au terme d’une campagne d’élection Présidentielle, il me revient le souvenir d’une autre campagne Présidentielle, celle de 1974.

Au terme de celle-ci René Dumont candidat écologiste fût le premier à utiliser un objet symbolique pour marquer les esprits.

Un verre d’eau !

Quoi de plus banal qu’un verre d’eau, pourrait on dire !

Quoi de plus symbolique répondrais-je ! Symbolique car l’eau est la origine et est la vie, il n’y a pas de vie possible sans eau. Symbolique également car il mettait bien en situation la vision écologique des problèmes, une vision pour le long terme. Il ne suffit pas d’employer certains termes, certaines locutions pour avoir une vision écologique. Cela fait toute la différence entre quelqu’un qui emploiera certains mots parce qu’ils sont de bons tons, dans l’air du temps, parce qu’il faut les employer pour paraître conscient des problèmes écologiques, et être un écologiste vrai, qui lui, comme l’avait symbolisé René Dumont s’inscrit dans le long terme, a une perspective qui va bien au delà du bout de son nez.

Raisonnement global pour avoir des solutions globales. Partout et de tout temps les vrais écologistes ont eu et ont une perspective qui va plus loin et donc apportent des solutions qui peuvent paraître un peu visionnaire, mais qui en fait, ne sont que de la gestion à long terme. Il semblera anachronique et surprenant dans notre société qui prône, l’instant le court terme, le « paraître ». Mais il ne peut y avoir de résolution de problème sans mise en perspective du long terme.

Actuellement nous avons un déficit chronique en eau de pluie et cela depuis une bonne dizaine d’années alors quand on voit que certains organismes, qu’ils soient syndicaux, bancaires, ou institutionnels mettent en avant des « solutions » d’irrigations pour les exploitants agricoles, c’est bien l’exemple entre le très court terme et une gestion pour l’avenir.

En paraphrasant St Ex., si nous empruntons la terre à nos enfants nous devons la gérer qu’avec une vision de long terme.

La gestion de l’instant étant totalement négative.

L’eau est indispensable à la vie.

La quantité d’eau sur notre terre est immuable depuis que la terre existe. Elle est dans un état ou dans un autre, liquide, solide ou gazeux, mais immuable dans sa quantité. On peut donc dire sans se tromper que l’eau que nous avons dans notre verre a déjà été bu au minimum une fois par un humain, un animal et assimilé par des plantes. Nous avons donc une responsabilité envers le futur car elle sera encore bu, par un humain, un animal ou par des plantes.

Elle est au cœur du vivant et de part sa structure complexe, elle est très sensible à son environnement. L’eau exige une vision globale, que ce soit pour sa qualité que pour sa gestion.

L’eau potable, n’existe pratiquement plus actuellement, à l’état naturel en France. Nous avons maintenant de « l’eau destinée à la consommation humaine » cela ne signifie pas qu’elle soit exempte de matières polluantes, mais que leur concentration a été jugée suffisamment faible pour ne pas mettre en danger la santé du consommateur. Mais c’est là qu’il y a problème car cela ne prend pas en considération l’action des faibles doses, de la synergie entre différents polluants et de l’impact sanitaire à moyen terme (5 à 10 ans). Les études épidémiologiques sur l’impact des micro-polluants sur la santé sont étonnamment rares, est ce parce qu’elles seraient extrêmement coûteuses et complexes à analyser ou bien est ce pour ne pas éveiller les craintes des consommateurs ou les deux ?

Car tout de même, dans un rapport de l’IFEN (Institut Français de l’environnement) il est indiqué que 96% des rivières et 61% des nappes phréatiques, quand elles ne sont pas à sec, sont contaminées par les pesticides. Les nouvelles molécules des pesticides utilisées aujourd’hui agissent à très faibles doses, leur concentration est si faible qu’elles sont quasiment indétectables dans l’eau des rivières et des nappes. Mais cette réduction, qui pourrait satisfaire certains, mise en exergue par d’autres, ne peut être satisfaisante car il n’y a pas eu de baisse de toxicité.

Ce n’est pas la dose qui fait le poison mais la répétition de la dose.

Donc une eau ayant certains poisons est tout à fait nocive tout au long d’une vie.

Selon le professeur Belpomme, cancérologue à l’hôpital G. Pompidou à Paris, il est scientifiquement prouvé que certaines molécules perturbent les systèmes endocriniens. Non biodégradables, elles s’accumulent dans la graisse humaine et se transmettent de la mère à l’enfant. Pas moins de 400 polluants (dont des pesticides et des hydrocarbures) ont été retrouvés collés aux gènes de fœtus humains lors d’une étude menée par le laboratoire de recherche de Gilles-Eric Séralini.

Alors non, l’homme ne s’habitue pas à cette exposition surabondante, au contraire, l’augmentation des cancers chez des personnes de plus en plus jeunes serait directement lié à cette invasion toxique.

Autre problème difficile à résoudre, celui des nitrates provenant des lisiers et des engrais azotés chimique. Le taux en mg/l dans l’eau a été multiplié par 5 en 25 ans. Ce sont des polluants dissous qui résistent aux traitements collectifs parce qu’ils exigent une filtration très poussée et onéreuse, tout comme les résidus médicamenteux.

Le plus grave est à venir car compte tenu de la vitesse extrêmement lente d’infiltration des nitrates pour atteindre les nappes, ceux retrouvés dans notre eau aujourd’hui proviennent des engrais chimiques épandus à la fin des années 80.

Alors même si l’on changeait et il le faut, les pratiques agricoles, hors du bio, il faudrait attendre des dizaines d’années pour voir les taux de nitrates dans l’eau baisser !

Mais il est possible de faire autrement, par exemple à Munich en Bavière le choix d’une agriculture biologique autour des points de captages, prouve qu’il revient 23 fois moins cher pour le contribuable de subventionner l’agriculture biologique que de traiter une eau chargée de plus de 50mg/l de nitrates (limite autorisé en France).

Mais ce n’est pas tout car il y a tous les nouveaux polluants, ce qui aggrave une situation déjà très compliquée, retrouvés dans notre eau, ceux-ci ne faisant pas encore l’objet de normes. Par exemple les hormones issues des élevages intensifs, les contraceptifs oraux éliminés par l’urine des femmes, les molécules issues de certains pesticides ou de cosmétiques qui agissent comme des perturbateurs endocriniens, que l’on retrouve dans l’eau et que même avec des traitements sophistiqués nous n’arrivons pas à traiter en totalité.

Ces fameux PPSP (produits polluants pharmaceutiques et de soins personnels) qui sont consommés à des fins thérapeutiques,  hygiéniques ou cosmétiques à des millions de tonnes en occident, peuvent générer des risques sur la santé, sur la baisse de fertilité, générer des cancers. On les trouvent dans les médicaments bien sur mais aussi dans les parfums, les cosmétiques, les crèmes, solaire ou autres, les shampoings et les gels douche quand ils ne sont pas biodégradables.

Alors l’eau potable au robinet, un mythe ?

Au vu de cette vaste problématique de pollution généralisée et persistante et ses impacts sur l’eau  et les organismes, des mesures globales portant sur les pratiques agricoles, sur la restriction de l’utilisation des substances chimiques seraient indispensables et très urgentes à prendre. Mais pour le moment les volontés en France de changer radicalement cela sont très très faibles et les lobby très forts.

La potabilité de l’eau du point de vue réglementaire ne peut pas être satisfaisante et suffisante, surtout si dans la potabilité on y introduit la notion, le point de vue médical et sanitaire.

Que nous reste t-il à faire ?

La filtration en attendant une volonté politique.

Pour cela différentes possibilités existent : filtres à sédiments, filtration au charbon actif en grain, la micro filtration, les cartouches céramiques, le charbon actif compressé…..l’hyper-filtration : la filtration par osmose inverse.

Tout cela est très bien mais évidemment il y a un coût pour installer ces technologies, et nous en arriverons à un bien, base de la vie qui sera accessible à certains avec une qualité bonne et puis les autres qui auront ce qu’ils peuvent, tout cela parce que pour une grande part les exploitants agricoles auront pollué avec l’orgueilleuse prétention de nourrir le monde, en empoisonnant l’eau.

 

Il y a l’eau en bouteille, mais est ce la solution, les consommateurs payant l’eau du robinet, payant aussi l’eau en bouteilles ? Plus les problèmes des contenants issus du pétrole, qu’il faut recycler.

Nous pourrions également consommer différemment.

Un Français consomme en moyenne 135 litres par jour, dont 70 litres pour un usage non alimentaire et non corporel. Ce sont ces 70 litres qu’il faudrait prélever dans un système qui soit issu de la récupération d’eau de pluie plutôt que sur le réseau d’eau potable. Les toilettes représente 35% de notre consommation d’eau. Il est aberrant d’utiliser de l’eau potable dans des WC quand on connaît le coût du traitement de celle-ci, aujourd’hui et celui à venir, comme dit plus haut.

L’eau dans la nature :

Les milieux naturels humides se réduisent comme peau de chagrin sous les coups de butoir de notre civilisation actuelle et récente, grande consommatrice d’espace.

Utiles aux hommes puis inconsidérées, les mares et leur microcosme subissent le même sort.. Tour à tour abreuvoir, canardière, réserve d’eau pour divers utilisations qui pouvait aller jusqu’au rouissage du lin ou du chanvre, le trempage de l’osier pour la vannerie et même pour la médecine traditionnelle avec les sangsues… Les mares eurent un usage varié depuis la sédentarisation des premières sociétés humaines.

Aujourd’hui de nouvelles utilisations se sont substituées aux anciennes, mare tampon pour retenir les eaux responsables de l’érosion et des inondations, réserve d’eau gratuite et publique, point d’eau pour le gibier ou réserve de pêche, bassins qu’ils soient municipaux ou de jardin pour la décoration ou ludique.

Souvent d’origine anthropique, ces étendues d’eau à renouvellement limité, constituent des refuges pour la faune et la flore. Souvent de petite taille c’est un milieu très fragile, à préserver donc, il faut savoir que 90% des mares ont disparu au cour du siècle dernier, siècle des grands saccages écologiques. La marre est un lieu privilégié de découverte de la faune et de la flore. Elle peut être un objet pédagogique où interviennent la dimension historique et la culture régionale.

Elle permet aussi d’aborder l’influence de l’homme sur la nature et d’expliquer la gestions des eaux de surface, ce qui est trop souvent oublié.

En France, en application du principe de libre disposition, tout propriétaire a le droit d’user et de disposer des eaux pluviales qui tombent sur son fonds (art. 640 et suivant du code civil) A l’heure actuel il n’existe pas de réglementation spécifique régissant l’utilisation d’eau pluviale.

Mais doit on mettre de l’argent public pour que certains s’accaparent ce bien commun, au travers la réalisation de « bassines » il peut y avoir une certaine différence d’approche.

D’un point de vue écologique, l’utilisation de l’eau de pluie diminue les pompages dans les nappes phréatiques, menacées gravement de surexploitation, et qui plus est de plus en plus polluées comme mentionnées précédemment.

Elle permet la valorisation d’une ressource naturelle gratuite et inépuisable, même si elle est mal répartie sur notre terre. Récupérer l’eau de pluie nous rend actrice ou acteur, responsable de la gestion d’une ressource vitale. L’eau de pluie récupérée ne contribue pas au ruissellement. Comme les surfaces imperméables augmentent (terres compactées par les pratiques agricoles intensives, toitures, routes, parkings, …..) le problème de ruissellement et d’inondation devient de plus en plus préoccupant, nous en arrivons à ce paradoxe que nous avons des inondations par grande sécheresse, sans parler des pollutions générées par le débordement des stations d’épuration.

Des villes plus ou moins grandes ont compris le problème de l’eau et les problèmes écologiques dans leur ensemble, car il est impossible de saucissonner l’écologie. Pour n’en citer que trois, Freiburg en Allemagne, Güssing en Autriche mais aussi Silfiac en France dans le Morbihan.

Retour vers l’avenir, des villes ou villages politiquement durable et durablement positif. Nous montrent le chemin l’écologie politique étant la solution pour conserver un sens à la phrase de St Ex.

les pesticides dans les eaux :

  • www.mdrgf.org Mouvement pour le droit et le respect des générations futures. Recherches de Gilles-Eric Séralini prof en biologie moléculaire et Annie Leszkowicz sur les polluants dans les gènes du fœtus effectuées en 2003.
  • www.artac.info Professeur Belpomme, résultats d’études environnement, réponses à vos questions, les pesticides.
  • http://atctoxicologie.free.fr Association Toxicologie Chimique. A réalisé une fiche sur l’antimoine, découvert récemment en grande quantité dans les eaux en bouteilles.
  •  www.cieau.com Centre d’information sur l’eau. Donne des informations sur l’ensemble de la thématique de l’eau domestique (ressources, qualités, production…)