Le Parisien 92
17 mai 2012
Dans un département massivement converti au vote électronique (11 villes sur 36 l’utilisent), les partisans du bulletin papier ne baissent pas les bras.
Opacité, impossibilité de recompter les voix… Les arguments sont nombreux pour les détracteurs des machines à voter, qui ne cessent de créer la polémique. Après l’élection présidentielle, la grogne vient des membres d’Europe Ecologie-les Verts (EELV) de Sèvres, qui affirment avoir relevé « des anomalies dans plusieurs bureaux », au cours du scrutin.
« Dans notre ville, on a constaté entre 1 et 5 votes d’écart entre les listes d’émargement et le nombre de votes comptabilisés par les machines, dans les deux sens », rapporte Catherine Candelier, conseillère municipale à Sèvres et candidate EELV aux législatives dans la circonscription.
Pourtant, au lendemain de ces deux tours, la préfecture des Hauts-de-Seine n’a pas reçu plus de réclamations de la part des communes utilisant le vote électronique que de celles restées à la méthode traditionnelle. Un constat rassurant, d’autant que le département est précurseur en matière de vote électronique, puisque plus d’un tiers des électeurs (près de 310000) se sont convertis aux machines, dans pas moins de 11 villes (Antony, Bois-Colombes, Boulogne-Billancourt, Châtenay-Malabry, Courbevoie, Garches, Issy-les-Moulineaux, Sèvres, Suresnes, Vaucresson et Ville-d’Avray).
Si la volonté de revenir au vote papier n’est pas nouvelle — depuis 2007, le parti local, à Sèvres, le réclame — Catherine Candelier a pu se rendre compte par elle-même des dysfonctionnements engendrés par l’électronique, alors qu’elle tenait un bureau de vote lors du second tour. « J’ai fait très attention, mais au bout du compte il y a quand même eu un écart d’un vote. C’est inquiétant », s’alarme la candidate. Rappelant qu’à Boulogne, en 2008, « un candidat écologiste aux municipales a été éliminé car il lui manquait 0,6%, soit une voix ». Nid de la contestation, Boulogne a même accueilli un référendum le 6 mai dernier, organisé par un collectif de militants, d’associatifs et d’élus verts pour demander à la population si elle est favorable au retour du vote papier. Sur les 165 personnes qui ont donné leur avis, 88,9% souhaitaient un retour au vote traditionnel.
Pourquoi Colombes et Chaville sont revenues au bulletin
En 2007, le département comptait treize communes utilisant des machines à voter. Cinq ans plus tard, elles ne sont plus que onze. Les élections municipales de 2008 sont passées par là, et Colombes et Chaville sont revenues au vote papier. Dans la première commune, le dispositif avait été mis en place par la précédente municipalité (UMP).
Philippe Sarre, le nouveau maire PS, avait décidé d’y renoncer dans un souci de fiabilité. « Trop d’erreurs incompréhensibles étaient constatées, assure l’élu. Même s’il y en a 5, 6 par bureau, au total, cela fait plus de 200, c’était inconcevable. » Et même si la mairie y a perdu financièrement — elle avait acheté les machines —, le premier élu tient avant tout à « l’exactitude du déroulement électoral ». Il faut croire que la méthode du vote dépasse les opinions politiques : Jean-Jacques Guillet, maire UMP de Chaville, est lui aussi revenu sur le vote électronique lors de son élection en 2008. Les machines, l’élu a pu les revendre à d’autres communes. « Personnellement, je pars du principe que les machines sont fiables, mais il y a eu quelques contestations, et donc il était préférable de les retirer », commente l’intéressé, rappelant l’importance symbolique du geste citoyen de glisser son enveloppe dans l’urne. « Rien ne dit qu’à l’avenir l’évolution n’ira pas dans le sens électronique mais, pour le moment, les citoyens n’ont pas encore cette maturité. »
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