Comme une piqure de rappel qui n’arrive pas au moment où il le faudrait, les déclarations mal venues de Cécile Duflot, secrétaire nationale d’Europe Ecologie les Verts et ministre du logement, jette un pavé dans la mare en proposant la dépénalisation du cannabis.
En France d’après une enquête de l’ESPAD (European School Project on Alcohol and other Drugs) les consommations de tabac, d’alcool et de drogue n’ont jamais été aussi fortes chez les jeunes dans notre pays. En 2011 l’usage récent de cannabis (c’est à dire dans le dernier mois) chez les 15-16 ans est passé de 15% en 2007 à 24%, ce qui fait des jeunes Français les premiers consommateurs de « pétard » en Europe. Quatre millions de personnes consommeraient en France du cannabis dont 1,2 régulièrement et 550000 quotidiennement. Entre 2007 et 2011, les interpellations pour usage de cannabis ont plus que doublé pour attendre l’an dernier 142000 mais elles n’auraient donné lieu qu’à 24000 poursuites effectives en justice, montrant ainsi le décalage entre une consommation prohibée mais qui se banalise d’une part, et une répression coûteuse en temps pour les forces de l’ordre et peu efficace en terme de condamnations par la justice d’autre part.
Faut-il poursuivre une prohibition peu efficace ou aller vers une dépénalisation du cannabis souhaitée par certains à gauche comme des écologistes, à travers les déclarations de Cécile Duflot mardi, et même des socialistes comme Daniel Vaillant, ancien ministre de l’Intérieur, ou François Rebsamen, sénateur de la Côte d’Or et maire de Dijon ?
La prohibition favorise encore plus la délinquance. Elle alimente les trafics dans nos quartiers portés par des jeunes sans qualification, et donc sans emploi. Ils trouvent ainsi un moyen de subvenir à leurs besoins par un argent « facilement » gagné. Cette réussite matérielle se voit et est visible par tous : ce sont ces voitures de grosses cylindrées, de marques allemandes, qui circulent dans nos quartiers en fin de semaine. Ces voitures font « rêver » les gamins. Certaines familles rentrent même dans cette économie parallèle sans parfois en mesurer les conséquences sanitaires ou pénales.
Que dire aussi de l’alcool et du tabac qui font des ravages au même titre que le cannabis ?
Certains combinent même ces trois addictions de façon inquiétante. Quel avenir souhaitons-nous à notre jeunesse ? La politique du tout répressif contre le cannabis a-t-elle eu une quelconque effet ? Comment dire que le cannabis est dangereux alors que son prix d’achat n’a jamais été aussi bas ? Comment justifier auprès de notre jeunesse la prohibition du cannabis alors que le tabac et l’alcool sont en vente libre ? A l’école on apprend que ce sont aussi des drogues et qu’elles tuent. Pourquoi se voiler la face ? Et jusqu’à quand ?
- Comme maman, comme enseignante et comme candidate, j’affirme que les drogues ne font pas l’avenir de notre jeunesse. Le cannabis n’est pas un produit anodin et n’est pas une distraction sans conséquence.
- Les usages et les réglementations sur le cannabis, l’alcool et le tabac doivent faire l’objet d’un véritable débat en France qui doit aller au delà des propos haineux et démagogiques du Front National et du discours tout répressif qui n’ont apporté aucune solution aux consommations de drogues en France. Comme députée de la Savoie, je m’engage à porter ce débat.
Carole Plassiard-Brunet, candidate pour Europe Ecologie les Verts sur la 4ème circonscription de la Savoie