lettre de campagne n°6 : l’eau de la nature et des hommes, un bien commun en danger

(image prise sur www.developpementdurable.com)

C’est un produit transparent, incolore et inodore utilisé tous les jours et nécessaire à notre vie. Dans les pays développés il suffit de tourner un robinet à l’intérieur des habitations pour y accéder.

L’eau douce représente 3% de l’eau disponible sur Terre (97% en eau de mer). C’est une ressource faible à l’échelle de notre planète et de sa population croissante. Les glaciers constituent d’importantes réserves d’eau douce. Mais avec le réchauffement climatique ces réserves diminuent.

La ressource en eau douce est inégalement répartie dans le temps et dans l’espace : en Asie ou en Afrique des régions peuvent connaître des périodes de grande sécheresse puis recevoir des précipitations abondantes qui provoquent des inondations catastrophiques comme en Thaïlande à l’automne 2011. Avec le dérèglement climatique ces variations sont de plus en plus excessives et deviennent destructrices.

Face à des besoins sans cesse croissants du fait de l’augmentation du niveau de vie de la population sur Terre l’utilisation de l’eau devient un enjeu du monde d’aujourd’hui. Les usages domestiques ne constituent encore que 8% de la consommation totale dans le monde alors que l’agriculture consomme 70% de l’eau douce.

Avril 2012 : une rampe d’irrigation prête à servir pour l’arrosage du maïs (photo personnelle)

L’eau, une marchandise aux mains de grands groupes industriels ?

image David Manise


Quand nous achetons une bouteille d’eau nous payons en moyenne l’eau 200 fois plus chère que celle qui sort du robinet. Est-elle pour autant meilleure ?

Les industriels déploient des trésors d’imagination pour nous vendre la pureté de leur eau en poussant en particulier les mamans à acheter des eaux en bouteilles pour la préparation des biberons. C’est effectivement prudent quand l’eau du robinet est fortement chargée en nitrates et pesticides comme dans les régions d’agriculture intensive de tout l’Ouest de la France. Jusqu’à quand allons-nous tolérer ces pollutions ?

L’eau en bouteilles représente plus de 6 milliards de litres d’eau plate pour 240 000 tonnes de matières plastiques. Les bouteilles sont en fait composées de PolyEthylène Téréphtalate (PET), un dérivé de pétrole brut qui met plus de 500 ans à se dégrader dans la nature. Comme tout produit issu des hydrocarbures les PET ne seraient pas sans danger pour la santé, en particulier chez les enfants en bas âge comme perturbateurs endocriniens. 140 000 tonnes de déchets découlent de cette production, déchets que le consommateur paye : certes, ces bouteilles sont intégrées dans le recyclage mais le coût de l’emballage représente 80 % du prix d’une bouteille vendue. Est-ce raisonnable ?

Le transport des bouteilles n’est pas sans impact. Une bouteille d’eau parcourt en moyenne 300 km. Ne serait-il pas possible de passer à des circuits plus courts ?

L’eau du robinet : quand les écologistes s’en mêlent à Grenoble !

Avant 1989, le service public de l’eau potable de Grenoble est en régie municipale. A. Carignon, maire de Grenoble (RPR), décide alors de vendre l’eau à une filiale de la Lyonnaise des Eaux. Dans la ville, les écologistes avec l’association « Eau Secours » organisent la résistance à cette privatisation, qui se traduit par de très fortes augmentations des factures. R. Avrillier, élu écologiste, engage un travail d’élucidation des volontés cachées de cette privatisation. Il dépose des recours au tribunal administratif, puis au Conseil d’État contre la délibération de privatisation. Les révélations des écologistes, puis de la justice, démontrent tout un système de corruption organisé à Grenoble.

En 1995, lors des élections municipales, le retour en régie municipale de l’eau est l’une des promesses majeures du programme de la liste de gauche et des écologistes du second tour. Mais, juste après l’élection le maire socialiste, M. Destot recule et veut conserver les contrats issus de la corruption en transformant la COGESE en société d’économie mixte (SEM). Les élus écologistes de la majorité municipale, des écologistes et l’association « Eau Secours » contestent de nouveau ce montage et le font annuler par la justice administrative. Le Conseil d’État fait de même avec la délibération de privatisation. Le maire PS est contraint de revenir en régie directe.

En 2000, les élus écologistes mettent en place la nouvelle régie à personnalité morale et autonomie financière. L’eau de Grenoble est enfin sortie des griffes d’une multinationale, elle est parmi les moins chères de France. Son réseau est désormais l’un des mieux entretenus.

Conserver la gestion de l’eau en régie directe est l’un des combats majeurs des écologistes.

Contribution réalisée à l’aide de Vincent Comparat, ancien administrateur de la Régie des Eaux de Grenoble

L’eau en Savoie : un attrait fort mais une ressource très sollicitée

Le lac du Bourget à l’embouchure de la Leysse (image www.123savoie.com)

L’alimentation en eau potable, l’irrigation agricole, la production de neige de culture sont autant d’usages qui cohabitent en Savoie et qui peuvent se faire concurrence. Certains équipements sont surdimensionnés dans les stations de sport d’hiver pour faire face aux pointes touristiques, d’autres sont de très haute technologie comme la station de traitement des eaux usées de Chambéry Métropole mais d’un coût énergétique élevé. Ces équilibres sont fragiles.

Sur le plateau des Bauges, c’est l’approvisionnement en eau en terrain calcaire, et donc karstique, qui pose problème avec un déficit de précipitations. La Savoie, comme la plupart des départements de montagnes en France, est en situation de château d’eau. Cela risque de changer avec le réchauffement climatique et une tendance à la continentalisation du climat de montagne : plus froid et plus sec en hiver, plus chaud en été avec des périodes de sécheresse. Cette possible évolution est préoccupante.

La qualité des eaux des lacs et rivières de Savoie pose problème. Cinq rivières savoyardes, la Leysse, l’Erier, le Coisetan, le Tillet et le Gelon, sont officiellement polluées par les PolyChoroBiphényles (PCB). Cette substance toxique et non dégradable est utilisée dans les transformateurs jusqu’au milieu des années 80. Son usage est interdit en France en 1987. Les PCB contribuent pour encore très longtemps à la pollution de nos cours d’eau. Elle ne se voit pas, elle est inodore mais bien réelle puisque la consommation des poissons de rivières est interdite sur tout le bassin du Rhône, dont font partie la plupart de nos cours d’eau savoyards.

Ce que propose Europe Ecologie Les Verts

  • Le retour à la gestion directe de l’eau dans toutes les collectivités locales : l’eau est un bien public.
  • Le traitement des eaux usées par des équipements moins gourmands en énergie et en produits chimiques pour limiter l’industrialisation de la gestion de l’eau et son accaparement par des grands groupes privés.

C’est parce que l’approvisionnement en eau potable et le retraitement des eaux usées représentent des investissements lourds pour les communes ou les communautés de communes que ces dernières sont tentées de passer à une délégation de service à des grands groupes industriels. L’État dans une nouvelle politique de décentralisation doit aider les collectivités à s’engager dans la reprise en régie directe de la distribution et du traitement de l’eau.

  • La tarification sociale de l’eau encadrée par une loi pour que payer les factures d’eau comme celles du chauffage et de l’électricité ne soit plus un problème.

Les élus écologistes ont porté ce projet qu’ils ont fait adopter à Chambéry Métropole. C’est désormais par la loi qu’il faut favoriser une tarification différenciée de l’eau partout en France.

  • La réduction de notre consommation en eau douce potable

Le fait qu’il pleuve moins et qu’il fasse plus chaud (et donc plus d’évaporation) pose des problèmes pour la recharge des nappes. Il faut donc limiter au maximum nos prélèvements tout en luttant contre le réchauffement climatique, les deux sont liés.

  • La diminution de façon drastique de toutes les pollutions

Les contrats de bassins successifs sur le bassin versant du Lac du Bourget, de 2003 à 2018, prévoient d’accompagner les collectivités vers le « zéro pesticide ». Chambéry est passé de 350 litres à moins de 20 litres entre 2007 et 2011. Sur Chambéry, les entreprises sont accompagnées pour réaliser des installations de pré-traitement et diminuer leurs rejets à la station d’épuration. Deux zones, le bassin du Bourget et la Combe de Savoie, sont classées comme prioritaires pour la lutte contre les pollutions phytosanitaires, là où vivent une grande partie de la population savoyarde.

Cet accompagnement doit renforcer le principe pollueur/payeur en allégeant la fiscalité des entreprises industrielles et des agriculteurs qui s’engagent à réduire leurs rejets et à moins consommer d’eau et en augmentant la fiscalité des grands consommateurs et pollueurs. Dominique Voynet, ministre de l’environnement et membre des Verts, a eu le courage de présenter ce principe de pollueur/payeur dès 2001 avec la loi sur l’eau.

 

Un printemps 2012 jaune et vert aux couleurs d’Europe Écologie les Verts

(photo personnelle)

Comme écologistes nous voulons que ce principe soit réellement mis en oeuvre. Un futur groupe Europe Écologie Les Verts à l’Assemblée Nationale, comme il en existe déjà un au Sénat, devrait nous permettre d’aller plus systématiquement dans ce sens. Le développement que nous voulons durable passe par des mesures responsables : l’eau que nous protégeons aujourd’hui sera l’eau que nous allons léguer à nos enfants.

C’est ce combat que EELV et moi-même menons pour vivre mieux aujourd’hui et demain.

Carole Plassiard-Brunet candidate EELV sur la 4ème circonscription de la Savoie avec Gérard Blanc suppléant

dimanches 10 et 17 juin 2012