«Dans toutes les civilisations et dans toutes les sociétés, des femmes ont choisi d’avorter, parfois au risque de leur vie», rappelle Arlette Zilberg (EELV), membre du Collectif pour la ré-ouverture du centre IVG de Tenon (Paris) au parti qui veut dérembourser l’IVG «de confort».
Marine Le Pen dit vouloir «rendre la liberté au peuple français».
Elle a probablement oublié que le peuple français était composé à 51% de femmes, et que leur rendre la liberté, ce n’est ni dé-rembourser l’avortement, ni approuver les propos de son compagnon sur «l’avortement de confort», propos qui ne confortent que les opposants à l’interruption volontaire de grossesse.
A l’heure où l’on constate que 179 centres IVG ont fermé ces 10 dernières années, ces déclarations contribuent à diffuser dans l’opinion l’idée que les femmes qui sont enceintes et choisissent d’avorter sont des irresponsables ou des gourdes.
Faut-il lui rappeler que la durée de fécondité d’une femme est de 35 années, soit 12 775 jours, et que la vie n’est pas toujours un long fleuve tranquille?
Faut-il lui rappeler que de tout temps, dans toutes les civilisations et dans toutes les sociétés, des femmes ont choisi d’avorter, parfois au risque de leur vie?
Aujourd’hui, en France, la question est de savoir si l’accès à la santé pour les femmes intègrel’accès à la contraception et à l’avortement. S’il en est ainsi, il doit être intégralement pris en charge par la Sécurité sociale.
Or, si nous savons qu’une telle mesure aura peu de conséquences sur le nombre d’avortements, elle aura une signification symbolique non négligeable pour notre société: la reconnaissance du droit des femmes à disposer de leur corps. Et c’est sans doute cela qui gêne tant le Front national!
A l’heure où les associations féministes mettent en avantla question de l’égalité entre les femmes et les hommes, et s’apprêtent à interpeller les candidat-es à la présidentielle, il ne fait aucundoute que l’accès à la santé pour les femmes est un sujet révélateur de clivages idéologiques.
Inutile de brouiller les cartes. Malgré tous ses efforts, Marine Le Pen reste celle pour qui la liberté et l’égalité sont à géométrie variable, selon que vous êtes nés homme ou femme.
Publié le 16 février 2012 sur Mediapart