Par Lucas Malterre, le 12 mars 2012
Dans la 15e circonscription de Paris, le parti Europe écologie – les Verts a désigné Arlette Zilberg candidate à l’élection législative de 2012. Candidate sur la liste des Verts aux élections municipales de 2001 dans le 20e arrondissement, elle disputera notamment le vote des électeurs à la députée socialiste sortante George Pau-Langevin, mais aussi à la candidate de l’UMP Nathalie Fanfant et à Didier Le Reste (Front de gauche).
Orthophoniste de profession, Arlette Zilberg exprime son engagement sur les questions de l’éducation, de la santé et de l’écologie.
Quels enjeux allez-vous porter dans cette campagne électorale ?
Arlette Zilberg : Si je suis candidate sur la 15e circonscription c’est aussi du fait de ma notoriété dans l’arrondissement. Cet ancrage est très important. On va s’appuyer sur les combats, les luttes, les divergences au niveau municipal pour faire lien avec le national. Mais on ne se trompe pas d’élection, c’est une élection nationale. Il s’agit de battre Sarkozy et parallèlement de faire avancer les idées écologistes afin d’acquérir à terme une majorité culturelle écologiste dans le 20e. C’est à dire convaincre la population que les idées écologistes sont des solutions à la crise.
« Je veux débattre sur le fond »
Par ailleurs, j’ai l’intention de faire une campagne participative, de donner la parole aux gens et de faire en sorte que les débats ne soient pas confisqués par des petites phrases. Je veux débattre sur le fond.
En quoi vous opposez-vous à la députée sortante George Pau-Langevin ?
Arlette Zilberg : Elle est ma concurrente, mon objectif est de faire le meilleur score. George Pau-Langevin ne porte pas, à ma connaissance, les idées écologistes. Ces idées doivent être représentées en France et dans le débat démocratique actuel en période électorale. Ce malgré toute l’amitié que j’ai pour George que je connais depuis très longtemps puisque j’ai déjà travaillé avec elle. La question n’est pas personnelle et même si sur certaines valeurs nous avons des positions très proches, elle n’est pas écolo et moi je suis là pour porter les thématiques écologiques.
Quelles mesures écologiques sont nécessaires aujourd’hui selon vous ?
Arlette Zilberg : On a besoin aujourd’hui d’une grande politique d’économie d’énergie pour baisser la dépense en électricité. Des tours comme celles du quartier Saint-Blaise sont des passoires énergétiques et en plus c’est du tout électrique, un non sens aujourd’hui. Si on veut aller vers une sortie du nucléaire, cela passe d’abord par l’isolation des bâtiments. En Allemagne, si je me souviens bien, ça a créé 400 000 emplois.
En ce qui concerne les comportements, cela commence par l’éducation. Dès l’école il faut apprendre aux enfants à faire du tri sélectif, à éteindre les lumières en sortant de la classe…
L’école a donc un rôle décisif à jouer…
Arlette Zilberg : C’est un gros chantier et ce n’est pas en réduisant le nombre d’enseignants qu’on va y arriver. Je viens d’apprendre que 46 postes de RASED seront supprimés sur le 20e arrondissement (ndr: à la rentrée 2012). On est en train de médicaliser des questions de difficultés scolaires qui ne sont pas médicales. Si un enfant a des difficultés, au lieu de lui donner un coup de main à l’école on l’envoie chez un orthophoniste et on médicalise son cas. On est en train de privatiser des difficultés d’ordre scolaire et de considérer comme malade un enfant qui peut avoir une difficulté passagère pour X raisons.
Vous avez participé aux rassemblement du collectif Tenon pour faire barrage aux manifestations anti-IVG de l’association SOS tout-petits, n’est-ce pas une manière contre-productive d’attirer l’attention sur les actions d’un groupuscule ?
Arlette Zilberg : L’intervention des intégristes catholiques pose problème à la fois pour les usagers et pour le personnel de l’hôpital. Ça met la pression et ça voudrait faire croire que la question de l’avortement n’est pas une question résolue au niveau de la société. Leur laisser faire leur petite prière, c’est les laisser mettre la pression sur les femmes en les faisant culpabiliser et sur le personnel de l’hôpital Tenon qui s’est quand même battu à nos cotés pour la réouverture du centre.
On s’est dit : « On ne va pas les laisser. » On va dire que c’est nous qui sommes majoritaires culturellement et qu’il n’est pas question qu’on lâche là-dessus. On est dans un contexte national où il y a eu 179 centres IVG fermés ces 10 dernières années. Pour nous ça a été la goutte d’eau, on s’est dit que Nicolas Sarkozy arrive à faire avec sa politique de restructuration des hôpitaux ce que les intégristes n’arrivent pas à faire. Et on a dit stop.
On dit : « L’avortement est une question terrifiante, une femme qui avorte c’est terrible. » Il faut arrêter avec ça, il faut arreter de culpabiliser les femmes, de les prendre pour des gourdes quand elles tombent enceintes. La vie d’une femme, c’est 35 ans de durée de la fécondité. La vie n’est pas un long fleuve tranquille. J’estime qu’on a le droit d’avoir le choix. Ceux qui croient que la vie est un don de dieu, c’est leur affaire, moi je n’ai pas de problème moral avec l’avortement.
Quelle politique de santé préconisez-vous ?
Arlette Zilberg : Il y a une organisation de la santé. Doit-on aller vers des hôpitaux de proximité ou vers des spécialisations ? Chez les écologistes, on dit small is beautifull. On est pour les services de proximité.
« La santé, ce n’est pas que guérir »
En ce qui concerne une politique globale de la santé. Nos options se basent quand même sur la santé environnementale. Nous sommes pour prévenir plutôt que guérir. C’est pour ça qu’on est pour l’agriculture biologique. Si on mettait le paquet contre les maladies chroniques qui ne devraient pas exister, à cause de la pollution, du stress au travail, si on était un peu plus offensifs, ça réduirait sacrément les coûts de santé. La santé, ce n’est pas que guérir, ça se prend en amont.
Propos recueillis par Lucas Malterre