Claude Malhuret et la réindustrialisation, suivez le guide

Une tactique d’anti- « trou du c… » !!! Tel est le choix de Claude Malhuret en matière d’industrialisation. Le verbe est fleuri ; l’offre politique guère plus fournie. Pour réindustrialiser le bassin vichyssois, il faut éviter que Vichy ne « soit le trou du c… du monde, si vous me passez l’expression », a-t-il trouvé bon de déclarer lors d’un récent débat télévisé.

La forme pourrait prêter à sourire si le fond n’était pas aussi peu consistant.

 

- Strictement limitée dans son temps d’expression lors de l’émission « La Voix est libre », diffusée samedi 19 mai sur France 3, Anne Babian-Lhermet répond sur le fond aux recettes et autres allégations de Claude Malhuret.

 

Comment réindustrialise-t-on le bassin vichyssois, Monsieur Malhuret ? En deux temps, mes amis.

  • Un brin d’homéopathie libérale : flexibilité du marché du travail, adéquation de l’offre et de la demande d’emplois, politique de formation, etc.
  • Et puis un « max » d’acharnement keynesien, entendez désenclavement : 10 km d’autoroute inutile et 15 milliards de LGV POCL.

 

Dans son aveuglement bâtisseur, Claude Malhuret manque deux plans qui sont sources d’insécurité pour nos concitoyens :

  • L’insécurité énergétique : si, comme il le prétend, l’autoroute inutile est le seul moyen de rattacher Vichy à Clermont, qui reliera-t-elle à mesure que montera le prix du pétrole ? Quelle compétitivité apportera-t-elle lorsque tout gain de compétitivité sera grignoté par la montée inexorable du prix du baril ?

Si comme il le prétend, la LGV POCL est le seul cordon ombilical à pouvoir relier Vichy au monde actuel, qui reliera-t-elle au monde ? Les 15 milliards d’investissements que réclame M. Malhuret (quand il critique les 19 milliards d’investissements prévus dans le programme de François Hollande…) auront-ils une utilité quelconque pour nos concitoyens aux prises avec l’explosion du coût de leurs déplacements quotidiens qui, rappelons-le, concernent 98% des déplacements ?

  •  L’insécurité économique : au-delà des mirages dont M. Malhuret agite les spectres lointains, combien d’emplois généreraient la construction puis l’ouverture d’autoroutes et de LGV au-delà de 2025 ? Est-il nécessaire de rappeler que le souci qu’ont les Français avec l’emploi revêt un caractère d’urgence !

 

Si Claude Malhuret manque ce diagnostic, il en manque naturellement les solutions, continuant à pousser sa sempiternelle chanson quand nos concitoyens font monter leur colère de façon de plus en plus radicale.

 

Or pour ces insécurités, les réponses écologistes sont calées et prêtes à l’emploi ; nos propositions sont précises et chiffrées.

Nous prévoyons la mise en place d’un Fonds de conversion écologique de l’économie doté de 14 milliards d’euros, et voué à la lutte contre :

  • l’insécurité énergétique [isolation des bâtiments, construction de logements neufs, développement des transports collectifs de proximité...]
  • l’insécurité économique : la création d’un tissu économique local et autonome constitue le socle nécessaire au maintien et au retour des jeunes dans notre région.

- Nouvelles filières industrielles [énergies renouvelables : ici à Vichy, géothermie, biomasse et filière bois principalement]

- Emplois non délocalisables dans le bâtiment [30 millions de logements à isoler en France]

- Circuits courts et économie de proximité

- Agriculture biologique [intensive en emplois, cette filière créerait 75000 emplois en France d'ici 2020]

- Economie sociale et solidaire [Petite enfance et dépendance notamment]

La triple redynamisation du tissu économique de proximité, de l’économie sociale et solidaire, et de l’économie productive [via des pactes de compétitivité négociés par entreprises dans le cadre d'un passage à la semaine de 4 jours] constitue l’ossature d’un authentique plan de lutte contre le chômage dans le bassin [solde positif d'1 million d'emplois d'ici 2020 en France sur nos propositions].

Je reviendrai, ici même, plus en détails sur chacun de ces points dans les jours qui suivent.

 ***

Quant à la verve de Claude Malhuret, si elle traduit une légère exaspération, elle ne masque pas moins une évidente résignation face à un état de fait auquel, depuis 1989, il n’a pas peu contribué. Car en matière de « compétitivité » du territoire, si chère à son cœur, que n’a-t-il agi depuis si longtemps ?

Il se vante de l’augmentation de la population sur l’agglomération vichyssoise, oubliant de dire que si, en effet, l’agglomération a gagné de la population, Vichy, la ville-centre dont il est le maire en a, elle, perdu.

Quant aux infrastructures routières, la seule qui revêt une utilité pour la tranquillité des habitants de l’agglomération et la desserte des zones d’activité, c’est le contournement nord-ouest de Billy, Creuzier, Charmeil, contournement que nous souhaitons « léger » et à deux fois une voie.

M . Malhuret a le culot d’en imputer le retard au Conseil régional. Rappelons que le Conseil régional n’a pas compétence en matière de routes nationales, mais a la charge des trains régionaux. C’est sous la pression des élus Verts, qu’en 2004, il a décidé de ne pas mettre un euro sur les routes afin de consacrer un maximum de crédits au réseau ferré. M. Malhuret « oublie » qu’en 2004 lors de la fermeture de Giat Manurhin, le ministre du budget de l’époque, un certain Nicolas Sarkozy, s’était engagé, en signant le contrat de site, à la prise en charge par l’État de ce contournement nord-ouest. N’a-t-il pas eu l’occasion, en 8 ans, de le lui rappeler ?

 

Anne Babian-Lhermet