Anne Babian-Lhermet : « L’écologie ou le vote anti-FN »

Chômage, austérité, fracture territoriale ; ou comment les trois plaies du vote FN sont autant de symptômes de la crise écologique dans laquelle nous sommes entrés.

En 10 ans, nous avons essuyé un 21 et un 22 avril. A deux reprises, le vote FN a réalisé une percée dans le paysage politique français ; sanctionnant une fois, cinq années de gouvernement Jospin, sanctionnant, la seconde, le quinquennat sarkozien. 

Pour expliquer la persistance du phénomène, on peut parler de crise, de chômage et de globalisation. On oublie simplement un facteur si essentiel au fonctionnement de nos économies qu’il passe inaperçu : le prix des énergies fossiles avec lesquelles tournent nos sociétés issues de la deuxième révolution industrielle (pétrole et électricité).

 Or durant la dernière décennie, la facture énergétique que la France paie au reste du monde, depuis lequel elle importe son gaz et son pétrole, a tout simplement été multipliée par 5 : de 12 milliards d’euros à près de 65 milliards aujourd’hui, avec une note mensuelle s’établissant à près de 6 milliards, et ce, dans une perspective de hausse.

 A quoi est due cette hausse ?

A la limitation des ressources énergétiques fossiles de la planète. S’il fallait schématiser la situation, le monde entier tournerait autour d’un cube de 5km de côté rempli de pétrole et auquel 800 000 véhicules s’approvisionnent en permanence.

Quelles conséquences entraîne-t-elle ?

a- Elle grippe durablement la machine économique en la bloquant à des taux de croissance nuls ou proches de 0, soit des taux très inférieurs à ceux nécessaires pour résorber le chômage.

b- Elle crée de la dette (privée puis publique).

c- Elle porte atteinte au pouvoir d’achat en pesant sur les prix des biens de première nécessité : les produits agricoles et alimentaires (l’agriculture intensive fonctionne au pétrole) et les carburants grèvent les budgets des plus modestes, entravant jusqu’à leur mobilité.

 Chômage / Austérité / Précarisation et mobilité réduite en territoire rural ou rurbain : voici le tableau des terres sur lesquelles braconne le Front National.

Marine Le Pen nous propose de sortir de l’euro au motif qu’il nous coûterait trop cher et nous affamerait ; manquant le fait que la montée du prix des biens de consommation courante depuis le début des années 2000 est directement indexé, non pas sur le passage à l’euro, mais sur le prix du baril de pétrole : 15 dollars en 1998, 95 dollars en 2011.

En économie pétrolière, l’indice n’a rien d’anodin. Très bas, il avait garanti la croissance des années Jospin quand sa remontée en 2001 conduisit au 21 avril 2002… Quand le retour à la hausse de l’intensité énergétique de la France en 2010 (indice de consommation énergétique / richesse produite) – retour historique en près de 40 ans – nous a conduit au 22 avril et à un score historique du FN.

 

Quelles solutions avancent les écologistes ?

a- La transition écologique française, mais surtout européenne, pour sortir du pétrole (et du nucléaire), créer des emplois et recréer des filières industrielles neuves locales et non délocalisables dans les énergies renouvelables.

b- Résorber nos dettes au niveau national / Mutualiser nos dettes et nos investissements à l’échelle européenne.

c- Le pouvoir d’achat ou comment dépenser moins pour gagner plus : fiscalité progressive de l’énergie (plus on consomme, plus c’est cher : le surplus perçu étant reversé aux plus modestes pour les aider à réaliser les adaptations nécessaires) ; fiscalité verte alimentant un fonds écologique (14 milliards) avec chèques verts pour aider les plus démunis et les PME à réussir la conversion (coût des aides : 5 milliards) ; développement des transports publics de proximité (programme chiffré à 4 milliards d’euros) ; strict encadrement de l’étalement urbain.

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Dans une circonscription marquée, comme bien d’autres, par une forte poussée du Front National lors du premier tour de l’élection présidentielle, je m’engage à tenir un discours de vérité face aux marchands de peur et autres affabulateurs.

Emploi, pouvoir d’achat, précarité, endettement… : sur chacun de ces points, j’apporterai, dans les jours qui viennent, les réponses écologistes, concrètes, précises et budgétées.

Laissons à d’autres le soin de se cacher derrière des slogans.