Pour que vive la Coop, emblème de l’Alsace solidaire
Les élus écologistes estiment que le plan présenté par la direction précipitera la fin de la Coop et plaident pour la tenue d’états généraux et l’émergence d’une alternative
La Coop d’Alsace est dans une situation économique catastrophique, avec un endettement mettant en péril sa viabilité financière et des pertes chaque mois plus conséquentes, nul ne peut le contester. Il fallait réorganiser la Coop pour lui assurer un avenir, nul ne peut en douter. M. Duvillet désire « aller le plus vite possible pour sauver les emplois », nul ne peut s’en chagriner. La direction a présenté mercredi dernier au comité central d’entreprise un plan de réorganisation prévoyant la filialisation des hypermarchés et supermarchés d’une part, des magasins de proximité d’autre part, mais aussi une restructuration de la dette et un partenariat renforcé avec les hypermarchés Leclerc. Nous ne pouvons l’accepter.
Un groupe de distribution solidaire dans les griffes de la grande distribution
La direction de la Coop confond « vitesse » et précipitation, une précipitation qui risque d’être celle de la fin d’une entreprise emblématique du mutualisme alsacien, actrice majeure du maintien d’un tissu commercial de proximité et de qualité sur nos territoires. Le démantèlement de l’entité unitaire signifie la fin de l’esprit coopératif alors que l’économie solidaire est sur les lèvres de tous nos grands élus, gauche et droite confondues. Le rééchelonnement seulement partiel de la dette achèvera de jeter, à terme, un groupe de distribution solidaire dans les griffes de la grande distribution capitalistique.
Les magasins de proximité, ne bénéficiant plus de la péréquation avec les hypermarchés et supermarchés du fait de la filialisation, n’auront d’autre choix pour survivre que de s’endetter toujours plus et donc d’accepter, le couteau sous la gorge, une proposition de rachat à prix cassé du groupe Casino, auquel ils sont déjà liés par un contrat d’approvisionnement. Quant aux hypermarchés et supermarchés, si leur endettement actuel est couvert par l’entrée de Leclerc au capital, c’est en passant sous sa coupe totale qu’ils feront face à leur futur endettement.
Des états généraux pour sauver la Coop
Nous partageons les inquiétudes des salariés, des sociétaires, des élus locaux et de l’Association régionale de soutien et en appelons à un sursaut collectif. Pour assurer l’avenir de la Coop, rétablir sa viabilité financière, sauvegarder ses emplois et maintenir son esprit coopératif, pour qu’elle continue à jouer son rôle d’irrigation commerciale des territoires, nous soutenons la revendication légitime que constitue la tenue d’états généraux. Il faut réunir les banques, les collectivités, grandes et petites, l’Association régionale de soutien, les dirigeants, les salariés, les sociétaires afin de trouver une alternative d’ici le début de l’été.
Pour nous, élus locaux et régionaux, l’enjeu est vital en termes de développement des territoires et d’emploi, d’économie sociale et solidaire mais aussi d’identité régionale. Pour nous, élus écologistes, la pérennisation de la Coop sera une démonstration, par l’exemple, de la reconversion écologique de l’économie.
Djamila Sonzogni, Sylvie Grucker, Andrée Buchmann
Conseillères régionales
Jean Vogel
Maire de Saales