Les élus d’Alsace prennent position sur le soutien de la langue régionale
L’association Culture et Bilinguisme –René Schickele Gesellschaft a organisé le 14 avril 2012 au Centre Culturel Alsacien, en marge de son assemblée générale, une table ronde avec des élus de la région sur la politique de soutien de la langue régionale. Les représentants des diverses formations politiques représentées (Mr Frédéric Reiss, député-maire de Niederbronn pour le parti radical et l’UMP, Madame Pascale Schmidiger, vice présidente du Conseil régional pour la majorité alsacienne, Madame Andrée Buchmann, vice présidente de la CUS pour les verts EELV, Monsieur Michel Lorentz, Maire de Roeschwoog pour le MODEM, Madame Andrée Munchenbach, conseillère municipal pour Unser Land et Jean-Claude Herrgott remplaçant Armand Jung, empêché, pour le PS) étaient appelés à se prononcer sur les propositions de la coordination des associations qui ont organisé le rassemblement du 31 mars 2011.
Ces propositions peuvent se résumer comme suit :
-        un droit à des structures préscolaires et à un enseignement bilingue paritaire ou immersif pour toutes les familles qui le souhaitent
-        l’organisation de formations professionnelles en langue régionale
-        une place substantielle pour des émissions en langue régionale dans l’audiovisuel public
-        le développement de la communication bilingue (affichage, publications, accueil dans les services, etc.) par les collectivités territoriales de la région
-        un quota de subventions culturelles publiques locales en faveur de la création, des productions en langue régionale
-        la suppression de toutes les mesures de prohibition ou de découragement du recours à la langue régionale ;
Pour assurer la mise en œuvre de ces demandes, les associations demandent :
- La ratification de la charte européenne des langues régionales ou minoritaires
- Une loi donnant un statut aux langues régionales
- L’adoption par le conseil régional et les conseils généraux d’une charte de la langue régionale d’Alsace
- Un transfert de compétence vers la région en matière d’enseignement de la langue et de la culture régionale
Toutes les formations représentées ont déclarées adhérer aux grandes lignes de ces demandes, sans préciser quels seraient les points sur lesquels porteraient leurs réserves.
La définition de la langue régionale comme étant l’allemand sous la forme des dialectes alémaniques et francique comme sous sa forme standard été acceptée par tous.
La reconnaissance de cette langue comme une richesse culturelle commune, comme un signe fort pour l’identité de la région et comme une chance pour son développement économique a fait l’objet d’un consensus.
La ratification de la Charte européenne des langues régionales ou minoritaires a été reconnue comme souhaitable par tous les participants, Frédéric Reiss exprimant des regrets que Nicolas Sarkozy n’ait pas exprimé la même position. Tous ont également affirmé appuyer l’intervention d’une loi sur les langues régionales.
Le principe d’un renforcement des compétences de la région en matière d’enseignement de la langue régionale a également été approuvé par tous les participants, même s’il existe des hésitations sur les modalités.
Toutes les formations représentées ont soutenues les demandes des associations concernant l’enseignement paritaire ou immersif, lequel doit être développé, amélioré et accessible à toutes les familles qui le souhaitent.
Tous les participants ont également reconnu que les collectivités alsaciennes pourraient faire davantage que ce quelles font actuellement pour soutenir la langue régionale. Michel Lorentz a insisté sur la responsabilité des élus : leur engagement et leur détermination sont décisifs. Jean Claude Herrgott a relevé que certaines réticences révélaient un « problème culturel » qui devait être surmonté. Y compris dans les assemblées politiques locales, a indiqué Andrée Buchmann, qui se rappelait des temps pas trop lointains où ses interventions sur la langue régionale étaient accueillies par des quolibets, mais qui a relevé qu’aujourd’hui les réactions étaient plus constructives.
Les discussions ont porté notamment sur les modalités permettant de disposer d’un nombre suffisant d’enseignants compétents pour soutenir le développement de cet enseignement, sur les moyens de développer la présence de cette langue dans la vie publique, sur la nature des oppositions à la langue régionale qui se manifestent encore et sur les moyens de les surmonter. Andrée Munchenbach a souligné que les Alsaciens doivent retrouver leur fierté au regard de leur langue et de leur identité. André Buchmann a relevé que l’accès à la langue régionale ne correspond à aucune démarche élitiste et qu’elle rencontre un intérêt dans tous les milieux, quelle que soit leur origine.
Pascale Schmidiger a exprimé sa détermination à ce que les prochaines assises régionales pour la langue régionale fassent émerger un nouvel essor pour des actions fortes en faveur de la langue régionale. Le public très attentif, tout en exprimant le poids des déceptions et la vigueur des attentes, a manifesté sa sympathie pour les membres de la table ronde, qui, par leur participation à ce débat ont démontré leur engagement pour la langue régionale.
Jean-Marie Woehrling
Président de Culture et Bilinguisme – René Schickele Gesellschaft