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Midi-Pyrenées / Toulouse
Je suis née au lendemain de la seconde guerre mondiale, mes grands-parents étaient agriculteurs, les uns près du Causse aveyronnais, les autres émigrés depuis la haute montagne du Val d’Aran. Les deux familles parlaient occitan.
Au sortir d’une école religieuse bon chic bon genre, j’atterris à la faculté de droit de Toulouse, et j’adhère à l’UNEF.
Tout bascule à la faculté en 1968. Les quelques rares étudiants de gauche sont élus pour réformer l’université, mais la révolution requiert tout notre temps.
Pour obtenir quelques jours de congé du lycée où je suis pionne je me présente au seul examen fixé en Octobre 1969, le CAPA, qui ouvre à la profession d’avocat.
Il n’est cependant pas question que j’exerce.
Un groupe est particulièrement actif, celui des maos. Comme j’étudie la criminologie, je milite très vite au Groupe information Prison. J’y rencontrerai Daniel DEFERT, Michel FOUCAULT, Claude MAURIAC, et bien d’autres.
Officiellement, je prépare une thèse de doctorat, Michel FOUCAULT accepte d’être membre du jury, le professeur MERLE à l’époque, n’ a jamais entendu parler de lui….
La répression s’abat sur les militants révolutionnaires sans distinction bords. Le mouvement a besoin d’avocat.
Les pressions des militants me font accepter de prêter serment en 1972, trois ans après avoir obtenu le diplôme.
Les affaires pleuvent, toutes plus difficiles et dangereuses. Les militants du GARI me conduisent à la Cour de sureté de l’Etat, la plupart de mes clients sont placés en QHS.
Le mouvement pour la liberté de l’avortement m’occupe un temps, et tout de suite après, la lutte pour la reconnaissance du caractère criminel du viol, me mobilise pendant des années.
Exercice professionnel de combat, quelquefois dangereux..
En 1985, mon cabinet est perquisitionné, la totalité de la profession se mobilise, la loi réglemente les perquisitions dans les cabinets d’avocats. Mais pas les écoutes téléphoniques !
Parfois lassée des dossiers pénaux, des prisons et des assises, je me passionne pour les dossiers de droit rural.
Mais l’agitation des petits paysans étant à son apogée, la tranquillité n’est pas au rendez-vous de ma vie. Mais l’écologie, la souveraineté alimentaire, la survie des petites fermes, la culture biologique, la protection de la diversité des semences y entrent.
La lutte juridique suit les luttes sociales, le droit européen lui ouvre dans les années 80 de belles opportunités. Elle me mènera jusqu’à Luxembourg, siège de la Cour de justice européenne.
C’est en 1998 que démarre l’une des plus belles luttes sociales de la dernière décennie, celle contre les OGM en plein champ. Elle avait été précédée par celle ayant conduit à l’interdiction des veaux hormonés.
Je suis devenue pendant les 20 dernières années, l’un des avocats des Faucheurs volontaires, des paysans expropriés par des grands travaux les plus souvent inutiles, des fermiers dont on voulait résilier le bail, et encore et toujours des paysans en lutte contre les marchands d’aliments qui les ruinaient et les obligeaient à laisser les petits veaux sans sommeil dans une caisse de bois qui grandissait avec eux.
L’année dernière, j’ai pris ma retraite, la bataille pour les espaces sans OGM était (provisoirement ! ) gagnée.
Et j’en profite pour continuer la lutte écologique et européenne.
Pour en savoir plus sur Marie Christine Etelin, un article paru dans La dépêche, et un autre dans Libération