A seulement 17 jours de l’élection européenne, le Président de la République française redevient le candidat Hollande et reprend le flambeau du changement. Il en appelle à une « Europe de la volonté », non pas un grand marché ou un espace normatif, mais une Europe unie qui ferait de la finance son ennemie, de son marché intérieur un atout dans la mondialisation, de la transition énergétique et la lutte contre le dumping la base de son renouveau.
En tant qu’écologistes, nous ne pouvons que nous réjouir de cette prise de conscience, certes tardive, de la nécessité d’une Europe qui renouerait avec son projet de solidarité et de prospérité partagée, qui opposerait aux pressions de Poutine une Europe de l’énergie, qui protègerait ses salariés en luttant contre le dumping social.
Mais cette Europe là, qui nous permet de reconquérir au niveau européen notre souveraineté perdue au niveau national, passe par une Europe fédérale, écologique et solidaire !
Notre projet n’a qu’un but : récupérer notre souveraineté individuelle et collective là où c’est possible. Cette souveraineté autrefois nationale a été balayée par 30 ans de renoncements de nos dirigeants et par une mondialisation sauvage. Ouvrons les yeux: ce n’est qu’au niveau européen que nous résoudrons la crise économique et financière, ce n’est qu’au niveau européen que nous engagerons la transition écologique pour sauver la planète tout en créant des emplois et en améliorant le pouvoir d’achat. Parce que les multinationales, les marchés financiers, la pollution de l’eau, de l’air et de la terre se jouent bien des frontières.
Pour cela, nous devons rompre avec l’illusion d’un repli nationaliste, comme avec celle d’une Europe des nations. Combien de fois avons-nous assisté aux renoncements des chefs d’Etats et de gouvernements, à l’heure de défendre l’intérêt général européen, pour finalement camper sur leurs petits égos nationaux, voire pire pour succomber aux sirènes des lobbies ? On l’a vu avec la baisse du budget européen, que Mr Hollande dénonce aujourd’hui mais a avalisée hier, sous la pression de Mr Cameron et Mme Merkel, avec la complicité de son candidat social-démocrate aux européennes, le président du Parlement européen Mr Schulz.
L’Europe de la Troïka et de l’austérité, l’Europe du Traité de libre-échange avec les Etats-Unis et de l’abandon de toute ambition pour lutter contre le changement climatique, l’Europe tant décriée aujourd’hui, c’est justement l’échec d’une gestion intergouvernementale des affaires européennes. En revanche, l’Europe qui protège les libertés en rejetant le traité ACTA, l’Europe qui défend la biodiversité en réformant la politique commune de la pêche pour préserver la ressource halieutique, l’Europe qui s’attaque à la finance casino en plafonnant les bonus des traders et en pénalisant les abus de marché, cette Europe là, c’est l’Europe fédérale que nous proposons pour défendre les intérêts des citoyens européens plutôt que les intérêts privés de quelques multinationales.
Parce que nous sommes les seuls à assumer pleinement que la somme des intérêts nationaux ne fera jamais l’intérêt général européen, nous sommes à la fois lucides des failles du fonctionnement de l’Europe aujourd’hui, mais déterminés pour la faire changer demain. Le 25 mai prochain, il n’y a qu’un seul tour. Et qu’un seul bulletin pour donner vie à l’Europe que nous voulons. Parce que l’Europe c’est nous!
Karima Delli et Yannick Jadot, porte-parole d’ Europe Ecologie pour les élections européennes.