L’accord passé ce jour entre les ministres des finances de l’Union européenne sur la taxe sur les transactions financières n’est pas à la hauteur de leurs responsabilités. La France a défendu ses banques et l’Allemagne ses marchés financiers. Un manque d’ambition dommageable, alors que le Parlement européen et la Commission avaient proposé un dispositif ambitieux.
Pour Pascal Canfin, ancien ministre français au développement et eurodéputé, « c’est bien à un enterrement de première classe d’une vraie taxe sur les transactions financières que nous avons assisté. La décision prise aujourd’hui manque à tous ses objectifs : elle est trop étroite pour réguler les produits dérivés spéculatifs et trop faible pour dégager des marges de manoeuvre financières nécessaires à l’investissement en Europe et à la solidarité internationale. C’est une nouvelle occasion manquée. »
Cet épilogue, qui fait suite à des années de mobilisation et de négociations porte les marques des attaques répétées des lobbies financiers. Le résultat est un compromis a minima ne touchant que les actions et quelques produits dérivés. Une assiette trop petite quand on sait les volumes financiers que ces produits dérivés représentent, et qu’ils sont reconnus comme les plus spéculatifs. Or rappelons le rôle premier de cette taxe : faire contribuer le monde de la finance au règlement de la crise qu’il a en partie provoquée.
Les écologistes déplorent aussi la grande absente de cet accord : l’affectation. Si cette taxe a toujours été promue comme une taxe d’intérêt général avec l’idée d’une redistribution en faveur d’enjeux de solidarité européenne et internationale, elle est aujourd’hui dénuée d’objectifs clairs si ce n’est celui de lever de nouvelles ressources financières.
Pour les écologistes, l’annonce de ce jour ne peut être qu’une première étape. Les écologistes porteront un dispositif plus ambitieux car les négociations doivent se poursuivre. Ainsi une véritable taxe européenne sur les transactions financières devra intégrer les 17 autres pays de l’Union, inclure tous les produits financiers et sera en majorité allouée à la solidarité internationale, à la lutte contre les grandes pandémies et notamment le SIDA et à l’adaptation au changement climatique.
Karima Delli et Yannick Jadot, porte-parole d’Europe Ecologie pour les élections européennes
Julien Bayou et Sandrine Rousseau, porte-parole nationaux d’Europe Ecologie-Les Verts