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De : Lucien Bruneau <lucien.bruneau@gmail.com>
Date : 18 septembre 2014 19:49
Objet : Re: [Forum Français du monde-adfe] Notre association est-elle devenue partisane?
À : Forum_AdfeFdm <Forum_AdfeFdm@yahoogroupes.fr>

Bonjour,

Merci aux militants d’avoir réagi sur le forum à la question posée. Le débat montre qu’elle soulève un réel problème politique et citoyen.

Tenter comme certains le font de renvoyer à des conflits de personnes est une manœuvre bien faible pour esquiver le sujet. Les inventives sur les réseaux sociaux et les surcharges de pathos dans des messages circulaires péremptoires relèvent de la même mécanique: faire oublier les approximations et la désinformation, mais surtout éviter le débat politique.

C’est bien triste de voir le PS et Français du monde-adfe tomber dans de telles pratiques. Mais il faut regarder les choses calmement, telles qu’elles sont.

• L’enjeu des élections sénatoriales ne peut pas se résumer à une élection de nos meilleures copines et copains pour jouer les syndic des élus consulaires. Elles sont aussi, et grandement, une élection nationale en désignant des personnes qui seront législateurs, qui bien sûr travailleront aux rapports de force politique entre l’exécutif et le législatif. Les questions nationales et celles des Français de l’étranger sont intimement liées. Ce sont les choix fait par Hollande-Valls qui sont en question, à l’échelle internationale et européenne, à l’échelle nationale mais aussi leurs impacts sur les Français établis hors de France. Nous ne pouvons pas oublier la campagne de 2012, l’accord que nous avions à l’époque entre EELV et le PS, les orientations qui devaient être impulsées aussi en direction des Français hors de France.
• Europe Écologie Les Verts défend l’écologie politique, qui un projet autonome pour la France et au-delà. Pour faire avancer nos idées nous avons passé un accord avec les socialistes en 2011, afin de transformer ensemble notre modèle de développement. Nous avons réussi ensemble à obtenir l’alternance, mais malheureusement à ce stade pas l’alternative. Compte tenu du manque de courage et des renoncements, les écologistes comme beaucoup de Français ne peuvent pas se retrouver dans les politiques menées. Le contrat a été rompu. L’entêtement à mener des politiques sociales-libérales, d’orthodoxie budgétaire contre-productive, de mise au placard des engagements pour une réelle transition écologique, est bien le problème politique principale de la gauche en France. Soulignons au passage que ce choix politique a été soutenues par 5% des votants aux primaires socialistes de 2011… Les écologistes, les membres et les soutiens de la liste « Écologie Citoyenneté Solidarité » soutiennent une autre politique. Leurs propositions pour la France et pour les Français de l’étranger sont explicites. Ces personnes sont des militants de terrain connus ; Alexandre Chateau-Ducos, tête de liste, s’était déjà présenté l’année dernière devant l’assemblée générale de Français du monde-adfe. Ces candidats sont fidèles à leurs valeurs et loyaux par rapport au mandat qu’ils portent au nom des militants qui les ont désigné.
• Donner un éclairage sur la tentative d’accord PS-EELV hors de France semble nécessaire. La troisième place sur la liste socialiste n’est pas éligible et ne l’a jamais été. Le PS ne l’a jamais présentée à EELV comme éligible. Leur tête de liste évoquait « un miracle » pour que cela donne un siège de plus à la gauche et aux écologistes. C’est une évidence au regard des enjeux politiques soulignés précédemment, car un grand nombre de grands électeurs, écologistes et autres, ne veulent pas soutenir les politiques menées actuellement. Ces personnes n’auraient pas voté pour une liste PS-EELV, surtout telle qu’on a tenté de nous l’imposer. Car Kalliopi Ango Ela avait la reconnaissance et le soutien des militants d’EELV-Hors de France, jusqu’à ce qu’elle décide de les lâcher complétement. Elle s’est trouvée seule à défendre une alliance avec le PS contre les décisions de toutes nos instances, et contre toute logique, politique ou électorale. C’est dire si son retournement surprise, préparé en réalité très en amont dans le dos des instances d’EELV-Hors de France dont elle faisait partie, n’est pas bien passé. Elle n’a pas voulu assumé ses responsabilités écologistes, alors qu’il lui était proposé de mener notre liste autonome. Elle a expliqué avoir plus de loyauté pour ses amis que pour son mouvement politique, c’est un choix respectable mais pas le notre, collectif. Il n’y a aucune cabale mais un état de fait. Elle a été exclue temporairement en application de nos statuts. 
• La liste « Écologie Citoyenneté Solidarité » menée par Alexandre Chateau-Ducos est présentée par EELV et s’est construite dans une réelle dynamique d’ouverture élargissant sa composition. C’est cette démarche fondée sur le dialogue qui a permis de rassembler sur tous les continents des personnes diverses, mais toutes mues par le projet d’engager un renouveau, devant nous conduire à de meilleures politiques pour les Français de l’étranger et à une VIe république sociale et écologiste. Nous avons eu l’occasion en AG de Français du monde-adfe de présenter cette orientation et de clarifier les choses, ce qui n’a pas été repris dans le compte rendu partial publié par l’association. Le PS et l’association étaient bien informés en juin comme en juillet des discussions entre partis. EELV n’a jamais investi Kalliopi pour figurer sur la liste du PS. C’est pourquoi face à l’usage abusif du logo EELV par le PS il a fallu leur demander de le retirer. Ensuite on a entendu que le groupe écologiste au sénat soutenait unanimement la démarche de Kalliopi, ce qui était faux. Beaucoup de sénateurs écolos soutiennent Kalliopi parce qu’ils l’aiment bien, mais aussi parce qu’ils tiennent à leur siège (renouvelable dans trois ans) et également en grande partie parce qu’ils ne partagent pas la décision des instances d’EELV de renoncer à la participation gouvernementale. Il s’agit de politique! Mais les mensonges se poursuivent avec un message de cette liste socialiste réécrivant l’histoire de la liste « Écologie Citoyenneté Solidarité »… C’est vrai que le PS et Français du monde-adfe n’a plus ou pas l’habitude de coopérer avec des gens du Front de Gauche ou de Nouvelle Donne, mais aussi de dialoguer avec des écologistes du centre gauche comme Cap 21. Tout ce qui composait la majorité présidentielle en 2012. Mais la période n’est pas au dialogue, vive la gauche rabougrie!
• Français du monde adfe aurait finalement peut-être mieux fait suivre le sage raisonnement de Marie-Pascale, au lieu de s’immiscer dans la vie des partis politiques sans se donner les moyens de dialoguer sincèrement avec eux. J’ai été trois ans au conseil d’administration, je sais combien la contradiction et le débat sont peu dans la culture de nos instances, où la pratique relève plus du « centralisme démocratique » que de la  » démocratie participative ». L’agressivité avec laquelle la présidente écrit en direction des sections et des grands électeurs au sujet de ces sénatoriales est malheureusement symptomatique. Triste spectacle.
• L’espoir réside tout de même dans l’élargissement du corps électoral de nos sénateurs. Le contrôle si difficile par les appareils des 155 élus de l’AFE est remis en question. C’est sain. Tout comme il est sain que les grands électeurs puissent faire des choix politiques clairs. Nous sommes nombreux à souhaiter que la démocratie et la diversité politique puissent vivre sereinement, sans la désinformation et les invectives lancées par les auto-proclamés porteurs de la gauche unie. La liste « Écologie Citoyenneté Solidarité » et ses soutiens s’y emploient, bravo Alexandre, Tiphaine et les autres! Car s’il existe une chance de donner un troisième siège à l’écologie et la gauche au Sénat, elle réside dans le soutien à cette liste!

Amitiés,
Lucien

Pour poursuivre et consolider cet engagement à l’occasion des élections consulaires de mai 2014, j’ai fait le choix en début d’année avec plusieurs adhérents de l’association de participer à une liste d’union de Français résidents au Togo et au Ghana (pays regroupés dans une seule circonscription consulaire). Cette liste s’intitule « Français du monde citoyens et solidaires« . Elle est soutenue moralement par l’association Français du monde-adfe et politiquement par Europe Ecologie Les Verts et le Parti Socialiste. Tous les 6 candidats de la liste ne sont pas membres d’un parti, à commencer par notre tête de liste, Marie-Agnès Houzangbe. Ils sont toujours des militants associatifs locaux engagés auprès des Français de leur pays de rédence.

Cadre dans la coopération internationale, je suis mobile comme un très grand nombre de Français établis au Ghana. Je suis deuxième de liste avec en troisième position une autre personne résidente à Accra, Delphine Owusu, qui est entrepreneur dans l’hôtellerie. Nous formons le « binôme ghanéen » de cette liste, la seule à vraiment permettre aux Français établis au Ghana d’avoir une personne les représentants dans le nouveau conseil consulaire. Nous portons avant tout des valeurs de justice sociale et de développement durable. Vous pouvez lire notre présentation et nos propositions sur le site internet de la liste: « Ensemble pour défendre nos valeurs et nos droits! »

Quelques explications supplémentaires sur ce nouveau scrutin

- quelque soit la résidence à l’étranger, ils pouvaient garder une inscription électorale dans une commune française et y voter en se déplaçant ou en donnant une procuration, mais résident hors d’Europe c’était leur seule solution,

- résidents en Europe, ils pouvaient à la place s’inscrire sur les listes électorales de leur pays de résidence et voter sur cette base,

Cette année 2014 le vote dans des bureaux de vote français hors du territoire national a été de nouveau permis, offrant une solution de vote supplémentaire (mais non additionnel):

- résidents hors de France, ils peuvent alternativement voter auprès du consulat sur les listes présentées en France dans l’euro-région « Ile-de-France / Français de l’étranger ».

Bien que ces options de vote soient nombreuses et complexes à comprendre, elles permettent de répondre à la variété des situations et des engagements citoyens. Quelque soit votre choix vous trouverez une liste du parti vert européen. Des militants de la région Hors de France d’EELV sont présents sur plusieurs de ces listes:

- Sur la liste Europe Ecologie présentée sur l’eurorégion française  »Ile-de-France / Français de l’étranger » se trouvent Edouard Gaudot (n°11), Perrine Ledan (n°14) et Janick Magne (n°26).

- Sur les listes écologistes hors de France se trouvent Sandra Jen en Belgique, Florent Marcellesi en Espagne et Alessandro Rosasco en Italie.

Chacune des ces listes défend le programme européen des Verts avec 10 ambitions et 20 propositions pour donner vie à l’Europe, porté aussi par notre binôme pour la présidence de la Commission européenne Ska Keller & José Bové.

Extrait: « Les avancées sociales ou environnementales ont toujours été arrachées parce que des femmes et des hommes se sont levés pour dire NON, pour crier ASSEZ ! Nous nous inscrivons dans cette tradition de lutte contre le nucléaire, contre les OGM, contre la financiarisation de l’économie. Nous nous battons POUR la justice sociale, l’égalité entre les hommes et les femmes, la solidarité avec les autres peuples de la Terre.« 

On pourra notamment retenir les 6 avancées suivantes: 

 La première loi d’orientation et de programmation sur le développement et la solidarité internationale adoptée en février 2014 en première lecture à l’Assemblée nationale.

 10% en 2013 puis 15% en 2014 des recettes de la taxe sur les transactions financière affectées au développement

 L’Agence Française de Développement (AFD), référence en matière de développement durable : interdiction des financements de projet charbon et de plantation OGM, objectif zéro déforestation de forêt primaire, priorité aux énergies renouvelables dans le domaine de l’énergie et à l’agriculture familiale dans le domaine agricole.

 Un dialogue rénové avec l’ensemble des acteurs du développement par la création du Conseil national du développement et de la solidarité internationale (CNDSI) et le doublement de l’aide transitant par les ONG.

 L’égalité entre les femmes et les hommes au cœur de la politique de développement. 50% des projets de développement soutenus par la France devront comporter en 2017 un objectif d’amélioration de l’égalité entre les femmes et les hommes.

 La transparence de tous les projets financés par l’aide française au Mali depuis septembre 2013.

Cliquez ici pour retrouver le détail du bilan de 24 mois du ministre Canfin.

Les données précises sur les Français de l’étranger manquent. On estime qu’ils sont plus de 3 millions. Sur la base des enregistrements dans les consulats, on sait tout de même qu’ils sont pour moitié hors d’Europe. Le Rapport du directeur des Français à l’étranger et de l’administration consulaire détaille la répartition de ces Français inscrits sur les registres et la liste électorale consulaire. Parmi les dispositifs en place se trouvent les conventions fiscales bilatérales, qui régissent pays par pays les conditions d’imposition des Français hors de France.

Depuis deux ans, le journal en ligne pour les Français établis hors de France lepetitjournal.com organise les Trophées des Français de l’étranger. Cette excellente initiative a permis de distinguer des parcours exceptionnels dans différentes catégories. On retiendra entre autres de l’édition 2014 Jérome Chanson le lauréat du trophée Environnement, qui a développé une activité de nettoyage très économe en ressources et dont la vidéo de présentation est à voir en ligne: Trophées des Français de l’étranger 2014.

Les Français établis hors de France représentent bien une population très variée ; les exiles fiscaux n’en sont qu’une toute petite part. La diversité des Français de l’étranger est une richesse à cultiver.

Dans ce débat Europe Ecologie Les Verts a porté les objectifs de PLUS DE DÉMOCRATIE, PLUS DE COMPÉTENCES ET PLUS DE PROXIMITÉ. J’y ai contribué comme co-secrétaire de notre région Hors de France mais ce sont surtout le député Sergio Coronado et la sénatrice Kalliopi Ango Ela qui ont défendu nos idées lors des débats parlementaires.

Si les compétences et l’influence des élus locaux ne sont que marginalement renforcées, on peut se féliciter de la plus grande proximité permise par la création des conseils consulaires, plus proches de Français établis hors de France. La démocratie est quelque peu compliquée par un scrutin indirect pour désigner les membres de l’AFE réformée, mais elle est consolidée par un corps d’électeurs aux sénatoriales plus large et des franches améliorations comme l’obligation de parité et l’introduction d’une règle de non cumul dans le temps.

Le scrutin consulaire de mai 2014 dira si cette réforme mobilisera plus que les scrutins précédents, victime d’une faible participation. L’exercice de leur mandat par les conseillers consulaires dira également si l’administration et eux mêmes se saisissent des nouvelles possibilités offertes par la réforme.

Malheureusement, le résultat est peu surprenant. S’attachant à sa compétence première, celle d’ancien juge anti-terroriste, il s’est montré surtout actif sur ce sujet (orateur pour le Groupe UMP concernant le projet de loi relatif à la sécurité et à la lutte contre le terrorisme). Ce bilan n’est pas pour autant impressionnant.

Il a bien sûr suivi son groupe (UMP) pour rejeter nombre de réformes, dont la suppression de la mesure de prise en charge des frais de scolarité dans les lycées français à l’étranger (coûteuse et anti-sociale), ainsi que le projet de loi relatif au mariage pour tous (existant en Afrique du Sud depuis 2006).

Sa position au sujet du cumul des mandats coule de source, puisque ce parlementaire devant accompagner les communautés françaises dans 49 pays sur deux continents a gardé son mandat de conseiller général de Limoges centre. Cherchez le lien… et surtout la justification!

Le plus grave est cependant de lire Alain Marsaud se faire le chantre de la Françafrique. Dans un entretien au journal en ligne lepetitjournal.com, il soutient cette notion : « Nous, Français, devons nous poser la seule question qui vaille : préférons-nous la Chine-Afrique ou la Turc-Afrique à la France-Afrique ? » Et bien heureusement que le changement est venu des urnes au printemps 2012. Car la seule question qui vaille n’est pas celle de savoir qui exploite le plus les ressources et les populations d’Afrique!

Les seules questions qui vaillent sont celles de savoir comment sortir de l’extrême pauvreté tant d’Africains, comment mettre à l’abri des effets du changement climatique des millions de personnes dont l’alimentation est fragile, comment faire de l’émergence de ce continent une chance pour toute sa population et pour la communauté internationale. C’est avec une vision de nos intérêts partagés que nous sortirons des macabres mécanismes de la mondialisation du siècle dernier. Ce n’est certainement pas avec ce député pour nous trouverons les solutions collectives à une bonne gestion de nos ressources communes.

Face à la logique purement financière et de maximisation des profits quels que soient les coûts, il existe des alternatives. L’économie sociale, solidaire et verte représente un ensemble de mécanismes et d’initiatives permettant de créer de la richesse et du bien-être sans pour autant augmenter les inégalités et notre dette écologique.

Les entreprises d’insertion emploient des personnes qui connaissent des difficultés, étant trop éloignées du marché du travail pour y trouver une place facilement. Derrière la logique sociale se trouve bien souvent une logique environnementale, promouvant un usage durable de nos ressources. Entreprises d’insertion, Envie répare des appareils électroménagers, Les Jardins de Cocagne développent des exploitations maraîchères solidaires et biologiques.

La solidarité internationale fait aussi partie de cette économie, notamment via le commerce équitable qui permet de rémunérer des producteurs dans des pays du Sud à un prix plus juste que celui offert par les grands circuits de production et de commercialisation. L’offre importante de cafés équitables en est un exemple.

Mais au delà des secteurs d’interventions et des personnes ciblées, ces approches alternatives revisitent les mécanismes de l’économie de marché afin de ne pas nous enfermer dans des ressorts uniquement compétitifs mais de nous placer dans des approches collaboratives. C’est le sens des Sociétés COopératives et Participatives (SCOP), qui sont soumises à l’impératif de rentabilité mais dont la gestion est démocratique (les salariés-coopérateurs, majoritaires au capital, ont chacun une voix) et l’usage des profits fléché en priorité vers le projet de la SCOP et ses emplois. Cette forme touche toute taille d’entreprise et tout type de secteur, du Groupe Chèque Déjeuner à l’école de conduite ECF en passant par le Théâtre du Soleil.

Cette autre économie se développe aussi en réponse à des pratiques nouvelles, au potentiel fort car liées aux technologies de l’information. La consommation collaborative crée de nouvelles activités comme l’auto-partage, qui est un exemple d’une économie de la fonctionnalité par opposition à celle fondée sur la priorité. Voyant les sites internet de troc et de partage se multiplier et grandir, certaines entreprises de distribution commencent à organiser dans leurs locaux le recyclage et l’échange de leurs produits.

L’esprit collaboratif gagne une place nouvelle avec le développement de partenariats entre entreprises et organisations non gouvernementales, jusqu’à la mise en œuvre de collaborations entre concurrents. Par exemple : Mitsubishi a fait le choix de collaborer avec l’ONG Rainforest qui critique l’impact de sa production sur les forêts tropicales ; des sociétés concurrentes de l’agroalimentaire se regroupent pour développer ensemble des solutions d’emballage responsable.

L’économie sociale, solidaire et verte est aujourd’hui déjà loin des marges. Surtout, elle n’a pas vocation à être une niche de réparation des impacts d’activités prédatrices pour l’homme et son environnement. Elle vise la modification de nos modèles économiques et sociaux pour changer d’ère…

Lucien Bruneau

Malgré la crise budgétaire les moyens alloués à l’aide publique au développement restent importants, grâce notamment à l’allocation d’une part de la taxe française sur les transactions financières. Les fonds de l’agence française de développement (AFD) iront dans le secteur de l’énergie en priorité vers l’efficacité énergétique et les énergies renouvelables. Les appels d’offres de cette agence intégreront de nouvelles clauses sociales et environnementales. Ses interventions en matière agricoles vont privilégier l’agriculture familiale, à l’opposé du phénomène d’accaparement des terres. Le rôle des acteurs non étatiques de l’aide, comme les ONG et les coopérations décentralisées, sera consolidé.

Ces premières mesures vont bien dans le sens d’une réforme radicale de notre aide au développement, défendue pendant ma campagne législative de 2012. Car au delà de l’aide, notre ministre écologiste s’attaque aux facteurs du développement dans leur ensemble: la lutte contre les paradis fiscaux, la transparence des investissements des grandes entreprises européennes dans les pays du Sud, la définition d’accords commerciaux plus justes…

L’enjeu est à présent d’ancrer ces orientations durablement dans la conduite de l’aide publique au développement française, et au-delà dans les politiques ayant un impact sur les pays en développement. Ce besoin de cohérence doit donc être pris en compte par l’ensemble des membres du gouvernement. C’est un point clef des assises du développement qui sont en cours. Ce devra être l’une des ambitions de la loi cadre devant suivre cet exercice de concertation inédit depuis 15 ans.

Lire l’article de Pascal Canfin « 6 mois de changement pour le développement »

• Situation de départ

Au côté de ma suppléante, Agnès Joignerez, et face à 18 autres candidat-e-s, j’ai porté une candidature autonome d’EELV sur une circonscription de 49 pays en Afrique australe, centrale, orientale et Moyen-Orient, classée à droite (57% en 2007 pour Sarkozy).

• Campagne et résultat au premier tour

La campagne a été menée par une petite équipe appuyant ma candidature à commencer par ma suppléante et mon mandataire financier. Quelques éléments clefs de cette campagne:

- Site internet lancé en novembre 2011 (avec une vidéo profession de foi ; 74 articles) ; des profils dédiés et intégrés sur facebook, twitter et YouTube.

- 15 pays couverts par mes déplacements et mon pays de résidence (Ethiopie).

- 6 courriels à toute la Liste électorale consulaire (56 000 adresses), plus 1 ou 2 courriels à la LEC des pays de déplacement.

- Budget de 10 085€ (dossier présenté à la CNCCFP), dédié principalement aux déplacements (6 652 €) pour un impact carbone des déplacements équivalent à 12,5 tonnes d’équivalent CO2 (soit 300€ de compensation volontaire via CO2solidaire.org)

Résultat électoral satisfaisant car marquant une réelle progression de l’écologie politique:

Inscrits    91 600

Votants    21 235

Participation   23,2 %

Exprimés   21 004

Résultats en voix   1 388

Résultat en %        6,61 %

Nombre de voix au 1er tour des présidentielles   1 320

Nombre de voix au 1er tour des législatives         1388

Différence en voix   68

Progression            5,15 %

6,61% des suffrages avec 1 388 voix, alors que Eva Joly obtenait 3,11 % (1 320 voix), Voynet+Bové 2,22% en 2007 (868 voix) et Mamère+Lepage 6,33% en 2002 (1404 voix). L’augmentation de 5,15% du nombre de voix par rapport à celles obtenues par Eva Joly est à souligner, alors que la participation a chuté entre la présidentielle et la législative.

Ce score place la candidature écologiste en 4ème position au premier tour: 32,1% pour Alain Marsaud (UMP), 28,8% pour Jean-Daniel Chaoui (PS), 10,7% pour Patricia Elias Smida (divers droite). Viennent ensuite 6,3% au FN, 4,5% à l’alliance du centre et 2,4% au Front de Gauche.

Mes résultats sur les principaux pays (67 % des voix exprimées) montrent de bonnes performances en Égypte (12,59%), en Afrique du Sud (8,79%), au Cameroun (8,69%), relativement bonnes à Madagascar (6,63%), au Gabon (5,56%), mais mauvaises aux Émirats arabes unis (4,79%), à Maurice (4,08%) et au Liban (2,72%).

Remarquons que le taux de participation de 23,2% est supérieur à la moyenne hors de France (20%). Les taux de vote électronique ont été de 12,7% des adresses électroniques de la LEC et 34% des voix exprimées.

• Analyse de la campagne

Le contexte national a bien sûr pesé fortement sur les votes. La campagne d’Eva Joly et l’accord passé entre le PS et EELV, ainsi que la victoire de François Hollande et les discussions autour de la formation du gouvernement ont brouillé en partie de message écologiste.

D’un point de vue plus local, ma candidature n’a pas été optimale, en raison d’un budget et d’un temps limité pour couvrir une circonscription immense de 49 pays, d’un démarrage de la campagne plus tardif par rapport aux grands partis et du manque d’une équipe de campagne plus nombreuse. Pour autant, plusieurs éléments ont été positifs:

- Priorités de la campagne sur les thèmes de l’écologie et de la proximité avec les Français de la circonscription. Mes messages ont été ciblés sur les problématiques écologiques de la circonscription (changement climatique, énergie…) et les sujets des Français de l’étranger (enseignement, entreprises, armée française…).

- Aucun message polémique et une attention portée à la cohérence des outils de communication, notamment internet.

- Choix d’une campagne de terrain. Les 15 pays couverts correspondaient aux principaux pays de résidence sur quasiment toutes les zones géographiques de la circonscription.

- Mobilisation déterminante d’un réseau d’adhérents et de sympathisants, notamment lors des déplacements, et soutiens particuliers du sénateur Jean Desessard, de la conseillère à l’AFE Kalliopi Agno Ela et du conseiller à l’AFE Daniel Cursoux.

• Résultat final au second tour

Il est décevant car l’UMP (53,13%) gagne contre le candidat PS (46,87%), pour lequel j’ai appelé à voter, alors que le candidat de droite était parachuté, sans lien réel avec les Français de l’étranger.

La dynamique de second tour n’a pas été suffisante. Si le candidat PS n’a pas réussi à rassembler la gauche, les écologistes et le centre pour gagner face à l’UMP, il fait progresser en terme relatif la gauche dans la circonscription. Alors que Sarkozy faisait 55,3% des voix au second tour des présidentielle 2012 (contre 57% en 2007), le candidat UMP fait 53,1% au second tour de la législative. Cependant, compte tenu de la chute de la participation, en nombre de voix les pertes entre les deux scrutins sont très nombreuses des deux côtés.

• Suites à donner

Pour EELV, la campagne a donné lieu à de nombreuses prises de contacts, enrichissant le groupe local correspondant à la circonscription. L’élection d’un député UMP implique de suivre ses activités parlementaires.

L’objectif de ces prochaines années doit être de développer et consolider un réseau écologiste, entre autres dans la perspective des prochains scrutins: européennes et assemblée des Français de l’étranger 2014, présidentielles et législatives 2017.

La présence d’EELV dans la majorité gouvernementale doit aussi nous permettre de relayer les principaux problèmes que nous rencontrons dans la circonscription, en tant que Français de l’étranger et en tant que citoyen d’une planète en danger.