La polémique suscitée par le film « Welcome », stigmatisant le délit de solidarité, n’a rien changé. Et pour cause, à Toulouse, quelques semaines après le réalisateur de documentaire José Chidlovski, une femme doit rendre des comptes pour avoir apporté son aide une à personne en situation irrégulière.

Rappel des faits. Une jeune femme d’origine camerounaise, Madame E. (elle a souhaité garder l’anonymat) accepte d’héberger une compatriote, certes en situation irrégulière, mais malade et mise à la rue par sa famille. Et soudain, sur dénonciation de ceux qui l’ont mis à la porte, la police des frontières a interpellé les deux femmes. L’une pour situation irrégulière et la seconde pour délit de solidarité.

Indignation générale

« C’est une situation ridicule, s’exclame Pierre Grenier, membre de la Comité intermouvements auprès des évacués (Cimade), car la personne hébergée a été régularisée du fait de sa pathologie ». Et depuis, Madame E. « est très abattue, vit un calvaire et ne comprend pas ». Après avoir reçu une convocation du procureur, la « fautive » s’est présentée mercredi devant le délégué du magistrat. « Il lui a signifié qu’elle aurait un rapport à la loi si elle reconnaissait les faits, admet M. Grenier, et elle a refusé ». La balle est maintenant dans le camp du procureur et la Cimade est « dans l’attente de sa décision qui pourrait amener Madame E. à être poursuivie pénalement.

Régis Godec, président du groupe des élus Verts à la mairie de Toulouse est aussi irrité : « Les élus Verts s’indignent face aux pressions inacceptables exercées à l’encontre de celles et ceux qui font preuve de solidarité ». Alors qu’elle souhaitait simplement aider quelqu’un dans le besoin, Madame E. se retrouve dans la peau d’une délinquante. Les Verts et la Cimade demandent l’annulation de la procédure la visant. Les voix s’élèvent aussi pour que la législation concernant le délit de solidarité soit « revue ». Le 7 novembre, une manifestation pour le soutien aux sans-papiers est d’ailleurs prévue à Toulouse.

Louis Dabir