L’affaire Karachi vient d’éclater au grand jour dans l’univers médiatique, informations, contre-informations, démentis et insinuations croisées fusent de toutes part, il est important de se documenter pour ne pas se laisser embrouiller.
C’est pourquoi, je vous recommande de visionner cette vidéo de 18 mn, qui balaie rapidement le point de vue de deux journalistes de Mediapart qui travaillent sur ce dossier depuis plusieurs années. Mais surtout je vous recommande de lire leur livre.
Les propos que Charles Millon a tenu lundi 15 Octobre au Juge Van Ruymbeke et qui confirment l’existence de rétrocommissions dans la vente des sous-marins Agosta au Pakistan en 1994, les aveux de Dominique de Villepin sur TF1 et la réaction immédiate de Claude Guéant puis de Nicolas Sarkozy, ont permis d’attirer l’attention sur un scandale d’Etat d’une très grande ampleur.
Deux journalistes d’investigation travaillent sur cette affaire depuis plusieurs années et ont publié au début de l’été un livre accusateur :« Le contrat – L’affaire que Nicolas Sarkozy voudrait oublier ». Je vous recommande vivement la lecture de ce livre qui démontre admirablement les entraves mises en place par l’Etat pour que toute la transparence soit faite sur l’attentat, son éventuel lien avec les marchés d’armement signés par le gouvernement d’Edouard Balladur et les soupçons de connexions avec le financement de la campagne présidentielle de 1995. Ces journalistes ne procèdent pas par insinuation, ne relaient pas de témoignages anonymes, mais rendent publics l’ensemble des documents qu’ils ont pu obtenir et les témoignages des protagonistes qui ont accepté de répondre.
On retrouvait déjà dans ce livre les propos de Charles Millon, comme ceux de Dominique de Villepin qui ont été relayés dans la presse la semaine dernière. Mais aussi les confirmations que l’ont peut trouver dans les rapports de la DCNI, les carnets du Général Rondot qui ont été saisis au cours de l’affaire Clearstream.
Une affaire qui donne le vertige sur le cynisme d’Etat autour du commerce des armes, l’activité des service de renseignements, et les entraves à la justice…
L’implication du chef de l’Etat a été évoquée très clairement dans ce dossier, et il tente vigoureusement de s’opposer au fait que l’on puisse même se poser la question de sa responsabilité en tant que Ministre du Budget lors de la signature des contrats puis de porte-parole du candidat Edouard Balladur pendant la campagne électorale de 1995.
Ce qui est certain c’est que notre démocratie ne sortirait pas indemne d’une aussi grande instabilité créé par le climat des affaires à répétition (Bettencourt-Woerth, Emplois fictifs de la Ville de Paris, Clearstream, Karachi…). La montée des populismes en Europe est une réalité, elle est encouragée par la crise économique, la peur de la précarisation, et le climat d’insécurité sociale. Les affaires sont un catalyseur de ces peurs et le discrédit jeté sur nos institutions (Justice, représentation politique, presse…) est inquiétant.
Il faut donc très rapidement que tous les documents classés Défense soient le plus rapidement rendus publics et communiqués aux juges en charge de ces affaires Renaud Van Ruymbeke et Marc Trévidic.
Si ce n’était pas le cas nous risquerions de finir par donner raison à François Léotard (ministre de la Défense au moment de la signature des contrats avec le Pakistan) : « Ca va mal finir », il évoquait dans cet ouvrage son inquiétude sur la dérive que Nicolas Sarkozy faisait subir à notre pays au début de son quinquennat…
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