Alain Chatillon, sénateur (UMP) et maire de Revel a décidé de faire parler un peu de lui et s’est gratté la tête pour trouver une idée qui le mettrait sous les feux de l’actualité. De son esprit éclairé par la douce lumière de septembre est sortie une idée que jusque-là personne n’avait osé émettre de manière sérieuse, de peur de se couvrir de ridicule.
Mais Alain Chatillon n’a pas froid aux yeux, et il a osé dire tout haut que lui possédait la solution miracle pour mettre fin au calvaire des automobilistes aux heures de pointe et faire disparaître les embouteillages sur la rocade. Comment se fait-il que nous n’y avions pas pensé jusqu’ici : il suffit en effet de faire un périphérique à étages (voir ici) !!!
C’est vrai finalement, c’est pratique une rocade, ça prend un peu de place mais si on met les voitures les unes par-dessus les autres le problème est réglé. Circulez maintenant, Alain Chatillon vient de régler définitivement le problème...
Pourtant si on l’interroge (ainsi que l’a fait France 3), il avoue qu’il n’a pas de tracé particulier en tête, qu’il ne sait pas en estimer le coût, mais il a une idée, alors comme il est généreux il la donne à qui veut la prendre. Le procédé est utile pour faire parler de lui, mais n’amène en rien une amélioration des conditions de circulation...
En effet, cette situation est avant tout créée par deux phénomènes sur lesquels ce projet n’intervient pas. L’absence de politique de lutte contre l’étalement urbain dans l’agglomération toulousaine ces dernières décennies et les choix effectués en matière de transports en commun, qui font que nous disposons d’un réseau en étoile qui ne dessert qu’une toute petite partie du territoire. Il est à partir de là facile de comprendre que les habitants de la grande agglomération toulousaine n’ont pas d’autre choix que de prendre leur voiture. En zone périurbaine ils sont plus de 50 % à parcourir plus de 40 km par jour (source insee). A l’arrivée, l’augmentation du trafic sur le périphérique est de près de 3 % par an et plusieurs tronçons voient passer plus de 130 000 véhicules par jour !).
Cette situation préoccupante n’est pas une fatalité, elle est le résultat d’une politique passée qui ne s’est pas préoccupée d’anticiper l’avenir. Chaque année ce sont 680 hectares agricoles qui ont été urbanisés sans prendre en compte la manière de les relier aux infrastructures de transports en commun (TER, Tramway, Bus ou métro). Cette situation fait de notre agglomération un véritable colosse aux pieds d’argile, dont le dynamisme économique peut rapidement s’effondrer si le coût des carburants venait à accroître fortement. Notre responsabilité d’élus en 2011 réclame que l’on anticipe la situation du territoire en 2020 ou en 2030, et que l’on prenne en compte l’inéluctabilité de cette situation au regard des prévisions sur les réserves de pétrole. En effet aucun scientifique ne conteste l’imminence du pic pétrolier, on ne débat que sur la date de son arrivée (voir ici).
Pourtant, il semblerait que les élus locaux ne lisent pas ces compte-rendus d’études et n’anticipent pas les conséquences pour notre territoire. En tout cas, ceux qui préconisent simplement d’aménager les infrastructures routières ou de créer un contournement routier continuent de nous conduire dans le mur...
C’est un plan d’urgence qu’il nous faut mettre en oeuvre pour diminuer le nombre de déplacements de véhicules dans l’agglomération. Il repose sur la planification urbaine et l’investissement dans les transports en commun et trains express régionaux.
En attendant les résultats de ces politiques d’envergure il nous faut faire preuve d’imagination pour limiter les embouteillages sur le périphérique.
A mon tour de proposer deux idées qui pourraient contribuer à la diminution du nombre de voitures sur le périphérique :
- Le covoiturage sur la rocade : mis en oeuvre dans de nombreux pays d’Amérique du Nord, le processus intéresse également des grandes villes françaises (voir ici), comme la Communauté Urbaine de Bordeaux.
- La mise en place de voies réservées pour les bus : elles permettraient à ces autobus d’emprunter aux heures de pointe une bande d’arrêt d’urgence élargie ou une troisième voie. Il en existe déjà à Grenoble (voir ici). L’Institut d’aménagement et d’urbanisme d’Ile-de-France a réalisé une étude sur le sujet, les plus studieux d’entre vous y accéderont en suivant ce lien.
Aujourd’hui, Toulouse qui se flatte pourtant d’être une métropole dynamique et innovante n’a pas lancé d’études sur ce sujet... Espérons qu’il en soit différemment demain.
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