Vendredi dernier j’avais convié mes collègues du Conseil municipal à une matinée de réflexion... au fil de l’eau, sur une péniche !
Au moment où la mairie invite les acteurs de la ville à esquisser les contours de l’urbanisme de demain dans le cadre de la "Fabrique urbaine", il faut se rappeler que Toulouse est aussi faite de canaux...
Je vous livre ici le discours que j’ai prononcé devant mes collègues.
"Bonjour à tous, merci d’être présents aujourd’hui. Merci à Voies Navigables de France de mettre à disposition cet espace, dans le cadre de la semaine du développement durable. Cela va nous permettre de dialoguer tout en découvrant notre ville depuis le chenal.
Comme vous le savez, je suis en charge de fleuve et canaux dans notre ville. Le canal du midi chemine dans notre ville dans un axe nord ouest / sud ouest. Il est notre singularité locale. Il traverse notre ville, ce qui signifie qu’il la sépare au lieu de la réunir.
Ce canal, qui descend en ligne droite de la montagne noire a trois fonctions : alimentation en eau potable, c’est dire si ses eaux sont propres, l’irrigation, notamment dans le Lauragais, et la navigation, parent pauvre, à l’heure actuelle, de la situation.
Lorsque j’ai préparé cette matinée j’ai bien sûr pensé à Claude Nougaro : ô ! Mon canal ! Et lorsque je vous ai invité, je me suis rendu compte que chacun pensait : ô mon canal tout en y mettant chacun un contenu différent.
Pour moi il s’est agi de promouvoir la voie d’eau du canal et non l’autour : des navettes fluviales, du fret local régional, réinscrivant le canal dans un terroir d’activités, ou bien encore favoriser le tourisme et les ports, c’est à dire l’économie, ou en dernier lieu de réfléchir au dragage fonction nécessaire à la survie économique, et environnementale de ce canal.
J’ai pensé qu’il s’agissait également de la promotion du patrimoine que représente le canal : bien sûr chacun sait que le canal est classé au patrimoine de l’unesco, mais qui connaît ses cales de radoub et sa réserve de pêche, site classé, ses bassins de décantation, l’architecture des ponts, et tous les ouvrages d’art témoin de l’inventivité, de l’ingéniosité et du regard porté par les maitres d’œuvre sur une question essentielle : l’eau qui transite ?
Pour d’autres le canal est synonyme d’espaces publics urbains à aménager. Outre les ports que je viens de citer, il y a la gare, et tous sont des portes d’entrée de notre ville.
Et il y a la voie verte le long des berges qui figure dans nos engagements de campagne, où vélos, piétons, transports collectifs, espace de repos, et expression culturelle font partie des bouleversements souhaités pour que notre ville entre de plein pied dans les villes du sud, chaude et accueillante.
Pour d’autres encore il est synonyme d’aménagements d’espaces verts, le platane exerçant sa domination.
Pour d’autres encore il représente la question critique de toutes les personnes qui sont sans logement.
Enfin, dans les aménagements envisagés, il est le couloir déjà creusé permettant de façon simple de faire courir de Bordeaux jusqu’à Sète les câbles des nouvelles technologies.
Or nous sommes loin du compte, à l’heure actuelle, nous avons une voie routière majeure qui arrive au pont des Demoiselles, l’architecture longeant le canal a été livrée à la spéculation foncière, sans cohérence ni esthétique, l’embouchure est un joyau serti de rocades, et si des pistes cyclables ont été aménagées, il faut reconnaître que c’est sous la pression des associations, sinon le tout voiture l’emportait une fois de plus. Car il n’y a pas de transport en commun le long du canal, ni fluvial ni autobus.
Et pour finir je signalerai que l’éclairage est le parent pauvre de l’aménagement du canal. Aujourd’hui le canal du midi est synonyme de nuisance sonore liée à la circulation, très loin du cliché paisible qu’il voudrait donner.
Alors vous l’avez compris ce qui est en jeu, c’est de créer une culture commune autour du canal, de construire une identité autour de l’eau, du canal et également de la Garonne afin d’apporter de la cohérence dans la conception d’un cadre de vie agréable. Ce qui est en jeu c’est de créer une volonté politique forte, concertée et partagée, de remettre au centre, ce qui est la base de la vie : l’eau .
Vous l’avez compris nous ne faisons que commencer : il y a un seul mot « canal » et différentes entrées.
Je vais donc vous souhaiter deux choses : un bon séjour à bord et une agréable matinée de réflexion."
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