L’accord trouvé en début d’après midi lundi 21 décembre entre l’intersyndicale représentant les opérateurs du métro toulousain, en grève depuis huit jours, et le président en exercice du syndicat mixte des transports en commun, Stéphane Coppey, a été unanimement salué. Il prévoit une augmentation de salaire de 140 € par mois et par agent, ainsi que la reconnaissance de la convention collective nationale. Le conflit couvait depuis... 2006 ! La fin de cette crise sociale n’a pas calmé, en revanche, la crise politique qui s’est cristallisée ces derniers jours autour de la question dès transports, mais qui couve là aussi depuis plusieurs mois.
À l’ouverture du conseil d’agglomération, à 15 heures ce lundi 21 décembre, le président de la CUT, Pierre Cohen, qui souhaite reprendre la main sur le dossier et accessoirement la tête du syndicat mixte, ne connaissait pas la teneur exacte de l’accord, pourtant conclu... par un membre de sa majorité, en l’occurrence le vert Stéphane Coppey ! Quant à la commission transports réunie le matin même, elle a, semble t-il, eu lieu en petit comité, certains de ses membres n’ayant même pas été informés de sa tenue ! On repassera donc si l’on attend de la clarté...
Crédibilité, gouvernance renouvelée, accords politiques
Ajoutée en catastrophe à l’ordre du jour suite à la démission de huit des dix membres de la communauté urbaine siégeant au syndicat mixte des transports (le 16 décembre), la délibération mise au vote pour l’élection de dix nouveaux membres (dont huit des démissionnaires, sic), censée permettre à Pierre Cohen de prendre par ricochet la présidence du syndicat mixte, amis le feu aux poudres. Les socialistes François Briançon, Claude Raynal et Pierre Cohen, ont plaidé tour à tour pour l’intérêt général et la crédibilité de la collectivité territoriale, ainsi qu’un nécessaire changement de dynamique de gouvernance à la tête du syndicat des transports. Ils ont été suivis par certains élus de la majorité, comme ceux du PC, mais aussi par certains de droite comme Serge Didier ou encore des indépendants comme Georges Beyney. De l’autre, les élus verts ont défendu le travail effectué par leurs délégués, (qui n’ont pas démissionné). Arguments avancés : la continuité du travail de fond débuté, la conception des transports de l’agglomération et au delà, l’accord politique liant verts et socialistes (comprenant la présidence de Tisséo), d’autres, à l’image de l’UMP JeanLuc Moudenc, fustigeant la concentration des pouvoirs entre les mêmes mains.
Les statuts du syndicat et des absents très présents
Alors qu’une rencontre entre Pierre Cohen et l’intersyndicale, dans la foulée des démissions des délégués de la CUT, n’avait pas permis de mettre fin au conflit social, c’est en fait à un autre conflit, cette fois politique, qu’entend répondre Pierre Cohen. Quitte à en provoquer un nouveau ? Depuis de nombreux mois, le fonctionnement institutionnel de Tisséo est bloqué par le conflit qui oppose la CUT au Sicoval, en particulier sur le prolongement de la ligne B du métro jusqu’àLabège. Depuis, toute décision est devenue impossible, « au point qu’il est difficile de s’entendre sur une date de réunion du comité syndical » a précisé François Briançon. La dernière réunion, le 14 décembre, a de nouveau illustré ce problème, les décisions concernant la liaison vers l’aéroport et la ligne Garonne n’ayant pas pu être entérinées. En cause, les statuts de Tisséo, adoptés en 2006 (sous présidence de Jean Luc Moudenc, mais acceptés en son temps aussi par Pierre Cohen, alors maire de Ramonville...) qui prévoient l’unanimité pour ce type de décision. La communauté urbaine (25 communes), principal financeur (98 %), a donc les mains liées.
Vision restrictive contre continuité de la concertation ?
« J’apprécie et je loue les compétences de M, Coppey, mais il ne fait pas ce qu’il faut à la direction. Je prends mes responsabilités car c’est moi que l’on montre du doigt. Vous jugerez dans trois à six mois » a indiqué, cinglant, Pierre Cohen. La présidence du syndicat mixte exercée par le président de la CUT va t-elle changer la donne ? Rien n’est sûr... Outre le Sicoval, l’autre absent, très présent dans le débat, fut le Conseil général 31, sorti du syndicat mixte en 2006 suite à l’amendement Paillet. Beaucoup ont souligné qu’il pouvait réintégrer le syndicat... Il semble pourtant que la même couleur politique des exécutifs (socialistes) ne suffise pas... Du côté des verts, on défend le bilan de 20 mois de présidence, à l’image du principal intéressé, Stéphane Coppey : « J’ai agi dans la concertation et su garder le contact avec toutes les collectivités. La révision du Plan de déplacement urbain est en cours, nous avons avancé sur l’exercice financier. La contribution annuelle des collectivités, de 82 M€ aujourd’hui, devra ainsi passer à 115 M€ voire 125 à 130 M€ par an, la différence de 5 M€ représentant ou non le prolongement de la ligne B du métro jusqu’à Labège. Ou d’ailleurs par tout autre mode. L’idée est de sortir par le haut du système. Le principe du Grand Toulouse financeur, donc décideur, renie l’histoire de Tisséo. La question est de savoir quelle politique des transports nous voulons, globale pu plus restrictive. Le projet global permettrait de faire revenir tous les acteurs. La décision qui vient d’être prise est donc politique. »
Malgré l’interruption de séance et les conciliabules, rien n’y a fait. Les verts ont quitté la séance, tandis que le vote a permis de réélire les huit démissionnaires, ainsi que Stéphane Carassou (PS) et Monique Durrieu (PC), en remplacement des verts Michèle Bleuse et Stéphane Coppey, non démissionnaires. Ces derniers vont porter l’affaire devant le tribunal administratif.
AURÉLIEN TARDIVEAU
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