En cette rentrée, comment se porte le vélo à Toulouse ?
Philippe Goirand - Le vélo à pris sa place en centre ville de manière très visible, en particulier grâce à la généralisation des double-sens cyclables dans les zones 30. De même dans certains faubourgs, de nouveaux aménagements ont rapidement favorisé l’arrivée de cyclistes. Je citerai par exemple la rue Achille Viadieux, qui est une voie "inter-quartiers" elle aussi aménagée en zone 30 avec double-sens cyclable. Nous poursuivons par ailleurs l’aménagement de voies structurantes, à l’image de l’avenue Jules Julien, pourvue d’une large et confortable bande cyclable ou d’une voie bus ouverte aux cyclistes. Ce sera prochainement le cas de l’intégralité de la route de Narbonne. Et nous avons inauguré vendredi dernier la piste de l’Oncopôle, avec désormais 8 km de piste cyclable rive gauche de la Garonne (voir vidéo ci-dessous).
Il faut aussi veiller à la qualité des aménagements : nous en avons formalisé les principes dans un cahier des aménagements cyclables, pour permettre à tous les techniciens de Toulouse Métropole d’adopter cette approche qualitative. Ainsi, les intersections auront désormais des bordures basses à zéro centimètres et seront systématiquement assorties de logos vélos.
Concernant le stationnement, une étude à permis d’identifier les besoins sur toute la communauté urbaine et un nouveau modèle d’arceau vélo est à l’étude, plus simple et moins cher à réaliser. De même, des stationnement sécurisés et des services de location sont à l’étude pour les "pôles d’échange", le but étant de développer l’intermodalité, autrement dit la possibilité d’associer vélo et transports collectifs.
Je suis aussi particulièrement heureux du succès rencontré par la vélo-école de la Maison du Vélo, que nous soutenons. 4500 élèves de CM1 et CM2 en ont bénéficié depuis 3 ans.
Enfin, cela fait 5 ans que VelOToulouse existe. Nous avons fait évoluer cette offre, avec l’accès 24h/24, l’intégration dans la carte Pastel de transports (avec un coût d’abonnement baissé à 20 €), et une amélioration de la régulation des stations.
A l’occasion de la Semaine de la mobilité, 2 nouveautés ont été lancées pour les cyclistes. Pouvez-vous les présenter ?
Philippe Goirand - Comme je le disais, le vélo a pris sa place dans le centre ville, mais sa marge de progression reste importante dans l’espace périurbain, où les distances parcourues au quotidien sont plus importantes. Le Vélo à Assistance Électrique (VAE) est une réponse intéressante : il permet d’assurer des trajets quotidiens de 2 fois 10 km, de franchir des côtes, de s’affranchir du vent... sans effort ni transpiration. Nous savons que plus de 60 % des acquéreurs de VAE lâchent la voiture. Voilà pourquoi j’ai défendu et obtenu le lancement - à l’occasion de cette Semaine de la Mobilité - d’une aide à l’achat de VAE pour tous les habitants de la Communauté Urbaine Toulouse Métropole. Son montant est de 25 % du prix d’achat, avec un maximum de 250 €.
D’autre part, nos carrefours à feux tricolores vont très prochainement voir fleurir un nouveau panneau autorisant les cyclistes à tourner à droite, ou même (dans certains cas) à continuer tout droit au feu rouge, à condition - et j’insiste sur la condition - de laisser la priorité aux piétons et aux véhicules passant au vert. C’est l’application d’une évolution du code de la route défendue depuis longtemps par les associations de cyclistes, que nous situons (avec les double-sens cyclable en zone 30 et la création des zones de rencontre) dans une démarche plus globale intitulée "code de la rue".
Quelles seront vos priorités pour l’année qui vient ?
Philippe Goirand - Avancer concrètement sur les axes prioritaires : route de Narbonne, route de Seysses, bords de Garonne... Aménagements associés au tram et aux Bus à Haut Niveau de Service... Les contraintes budgétaires sont là et la tentation existe de réduire ou retarder certains projets. Alors qu’ils n’y a pas plus efficace comme investissement pour faire réaliser des économies aux collectivités et aux ménages. Le budget transport moyen des ménages dépasse les 5000 €. Pensez au pouvoir d’achat gagné par celles et ceux qui se déplacent quotidiennement à vélo ! Pensez à ce que les cyclistes réinvestissent dans l’économie locale plutôt que dans les dépenses en carburant !
L’autre domaine pour lequel il faut encore changer de braquet et de démarche concerne les zones 30. Nous avons vu leur impact dans le centre de Toulouse. Mais beaucoup reste à faire à l’échelle de l’agglomération. Sur les 2500 km de voirie de la communauté urbaine, 400 environ sont aménagés en zone 30 alors que ce sont 2000 km de rues qui devraient l’être. Avec un rythme annuel de 25 km par an, ce sont 64 années qu’il faudrait pour aménager les 1600 km restants... L’enjeu d’apaiser les rues de nos quartiers, la proximité des commerces et des équipements publics comme les écoles, ne concerne pas que les cyclistes, mais la sécurité de tout le monde !
J’aimerais aussi avancer sur la question du recyclage et de la réparation des vélos. Beaucoup de gens ont un vieux vélo qui pourrait reprendre du service moyennant quelques réparations. Les ateliers associatifs permettent à chacun d’acquérir le savoir-faire nécessaire, ou encore d’acquérir un vélo d’occasion à bas prix. Il reste à trouver une démarche pour valoriser, aider ces actions, faire en sorte que la collecte des vélos s’organise entre tous ces acteurs. Il est nécessaire de travailler en bonne intelligence, même sans être d’accord sur tout.
Enfin, nous allons travailler à mettre en œuvre une campagne de communication pour qu’un maximum de gens essayent et adoptent le vélo urbain. Les arguments ne manquent pas : efficacité et ponctualité assurée, meilleure santé avec un exercice physique quotidien, pouvoir d’achat... Bref, les chantiers ne manquent pas !
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