21 décembre, conseil syndical de la Communauté urbaine du Grand Toulouse (CUGT). Son président, et maire de Toulouse, Pierre Cohen, actionne la « bombe » qu’il avait promise le 16 décembre : sa démission en tant que délégué de la CUGT à Tisséo, ainsi que celle de sept autres (étiquetés PS, PCF et PRG). L’intérêt ? Présenter une nouvelle liste de délégués, et pouvoir briguer, au passage, la présidence de Tisséo. Puis, surtout, évincer celui qui l’occupe, le Vert Stéphane Coppey, ainsi que sa collègue, Michèle Bleuse.
Bien que la méthode soit juridiquement contestable, puisqu’un nouveau président ne peut être mis en place qu’à condition que l’ancien soit démissionnaire, Pierre Cohen a fait voter une délibération sur le renouvellement des dix délégués, alors que ni Stéphane Coppey ni Michèle Bleuse n’avaient présenté leur démission. Étant majoritaire dans cette assemblée, Pierre Cohen n’a eu aucun mal à obtenir gain de cause avec 72 voix contre 18, et 6 abstentions. Et ce n’est pas le départ des Verts après ce vote qui a empêché le président de la CUGT de faire valider la liste des nouveaux délégués, soit les huit démissionnaires, et en lieu et place des deux Verts le socialiste Stéphane Carassou, et la communiste Monique Durrieu.
La méthode Cohen
Ce passage en force n’a pas reçu le soutien du Parti socialiste. Déjà, au début de l’été, quand Pierre Cohen avait essayé de débouter Stéphane Coppey de la présidence de Tisséo, la fédération socialiste de Haute-Garonne s’y était opposée. Cette fois-ci, cette dernière a été prise de court, Le délai entre l’annonce de Pierre Cohen et l’imminence des vacances de Noël n’a pas permis au PS de réunir son bureau fédéral. Selon une source socialiste, Martine Aubry et Claude Bartolone auraient même passé un coup de fil à Pierre Cohen pour le rappeler à l’ordre. Sans effet.
Si nombre de socialistes désapprouvent la méthode, ils regrettent surtout la rupture de l’accord politique passé avec Les Verts lors des municipales de Toulouse en mars 2098 (pour que Les Verts partent avec eux dès le premier tour, les socialistes avaient accepté de leur laisser la présidence de Tisséo, ndlr). D’autant qu’avec les régionales qui approchent. Martin Malvy, candidat à sa propre succession à la Région, peut s’attendre à quelques difficultés lors des négociations avec Les Verts dans l’entre-deux-tours. Mais, pour l’heure, personne ne bronche à la fédération, ni du côté de chez Malvy et Izard. Qu’importe à Pierre Cohen, puisqu’il explique en boucle que Stéphane Coppey n’est pas la bonne personne pour restaurer le dialogue social, mettre en œuvre une politique ambitieuse de développement des transports en commun dans l’agglomération, et résoudre les oppositions entre la CUGT et le Sicoval.
Ce qui se cache derrière
Plus que la grève du métro, qui a servi, par ailleurs, d’argument à Pierre Cohen pour faire son coup de force, la question de fond est le prolongement de la ligne B vers Labège que défend la communauté du Sicoval et le SITPRT, et auquel s’oppose la CUGT. Un conflit qui perdure, d’ailleurs, depuis plus d’un an maintenant. Le point d’achoppement serait le financement, trop cher selon la CUGT, qui préférerait investir d’abord sur d’autres lignes, vers l’aéroport ou d’autres nouvelles lignes de tramway, par exemple. Certes. Mais d’autres divergences, cette fois-ci de nature politique, seraient tout aussi importantes. Elles viendraient, en fait, selon l’adjoint au maire en charge des écoquartiers, le Vert Régis Godec, « de désaccords politicards qu’a Cohen avec le président du Sicoval, François-Régis Valette, et qu’il réglerait sur le dos du métro ».
Même si Stéphane Coppey reste, pour l’heure, président de Tisséo, et même si la justice lui donne raison, les nouveaux représentants de la CUGT, avec à leur tête Pierre Cohen, au sein du SMTC, ont fini de prendre le pouvoir. Sauf que les statuts du SMTC- Tisséo prévoient que pour lancer de nouveaux projets, Ils doivent être validés par ta majorité des collectivités représentées en son sein. Ne reste plus à la CUGT qu’à se gagner les faveurs du SITPRT pour isoler le Sicoval. Compliqué. Ou faire du SMTC une coquille vide, permettant à chacune des collectivités de reprendre sa compétence transports. Ce qu’il n’est pas près de réussir non plus, car il lui faut, là encore, l’accord des autres collectivités.
Après le coup de massue reçu à la suite de l’annonce de Pierre Cohen concernant la démission de 8 des représentants de la Communauté urbaine au SMTC (l’autorité qui gère les transports en commun de l’agglomération) et sa candidature à la présidence de Tisséo, Les Verts dénoncent ce qu’ils appellent un « coup de force ». « Le véritable objectif de Pierre Cohen est de démettre de la présidence Stéphane Coppey, car sa politique l’irrite au plus haut point », précise le président du groupe Verts à la CUGT, Antoine Maurice. Aussi les raisons invoquées par Pierre Cohen, soit le blocage social, le blocage institutionnel et les désaccords avec les autres collectivités réunies au sein du SMTC (le Sicoval et le SITPRT), ne sont, pour eux, que de faux prétextes. « Les blocages, commente le président du groupe des Verts au Conseil municipal de Toulouse, Régis Godec, sont en fait sur des positionnements politiques, loin de l’intérêt général ». « Curieusement, ajoute pour sa part le président de Tisséo, Stéphane, Coppey, le blocage social est intervenu précisément au moment où l’on est au final du processus du Plan de déplacements urbains (PDU). Or, ce Plan crispe au plus haut point Pierre Cohen en raison de forgent qu’il faudra réunir pour la mise en œuvre des projets proposés. Conclusion : il ne veut pas que ce projet global aboutisse. Ce qu’il veut c’est que la CUCT décide seule des projets à faire. C’est pour cela qu’il veut reprendre la main sur la structure ». Ainsi, les motifs avancés par Pierre Cohen pour procéder au renouvellement de l’ensemble des délégués du Grand Toulouse au SMTC sont « fallacieux », disent-ils. Pour cela, Les Verts, après le vote du conseil syndical, ont décidé de déposer un recours auprès du tribunal administratif dans les prochains jours.
Florence Guilhem.
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