Le 20 avril dernier, le Comité de pilotage réunissant les élus, la Mission pour la réalisation des actifs immobiliers auprès du ministère de la Défense (MRAI), la Direction de l’aviation civile sud (DAC) et l’État, annonçait la mise en place de la période transitoire maintenant une activité aéronautique pendant un à deux ans sur le site de la base de Francazal.
Depuis ce premier tournant pour le devenir de la piste, l’armée de l’air s’est retirée du site sans faire un bruit et si on n’entend pas encore voler les mouches, il n’est pas erroné de dire qu’il ne s’est pas passé grand chose sous le ciel de Francazal. Silence radio dans les arcanes du pouvoir toulousain. Une opacité qui fait souffler un vent de tempête chez ceux qui se sont battus contre le maintien de l’activité aéronautique sur les 290 ha situés au sud-ouest de Toulouse.
Les élus restent muets
« Il n’y a pas de transparence sur le dossier, confirme Bernard Gineste, le président du collectif Francazal. Nous avons envoyé des lettres avec accusé de réception au préfet, à la DGAC et à la MRAI mais nous n’avons jamais eu de réponse. On peut véritablement parier de mépris envers les citoyens ». Un coup de canon que tirent également les Verts en la personne de Régis Godec, conseiller municipal à la Ville de Toulouse. « Nous avions sollicité une rencontre avec le préfet au début de l’année et cela fait longtemps que l’on demande à être associé à la réflexion. Nous souhaiterions aussi que les documents du comité de pilotage soient rendus publics, ce qui n’est pas le cas actuellement. Le 30 avril dernier, j’ai également demandé en conseil municipal que l’on puisse y parler de ce dossier mais je n’ai eu aucune réponse. Les élus locaux ont joué le jeu de l’opacité. Claude Raynal, maire de Tournefeuille et vice-président de la Communauté urbaine, ménage la chèvre et le chou. Quant à Pierre Cohen, il est pour le moment caché », regrette l’élu Vert.
Avec seulement trois réunions publiques depuis le début de la réflexion, les habitants ont effectivement de quoi se sentir lésés. Et le fait que les études restent pour l’instant dans les placards n’arrange rien. « On soupçonne de grosses insuffisances pour le rapport Devillers qui a étudié les deux scénarii possibles pour Francazal. On veut une véritable étude car pour le moment, on est dans le grotesque avec de l’argent public qui est utilise pour des études bidons », tonitrue Bernard Gineste. Mais au-delà des insuffisances de la concertation, c’est bien le fond du dossier qui pèche pour ceux qui ne sont pas d’accord avec la décision du Comité de pilotage. « C’est bien simple, le projet qui nous est présenté n’est pas viable. On nous dit que conserver une activité économique sur le site va créer de l’emploi, ce qui est faux, puisque les emplois iront à Gimont, à L’Isle-Jourdain et à Aéroconstellation, qui n’est pas encore’ en pleine capacité », insiste Bernard Gineste.
Pour le collectif, les élus perdent du temps et de l’argent. De leur côté, les Verts restent sceptiques sur la réalité de la phase transitoire. « Je n’imagine pas des opérateurs investir lourdement sur le site pour ensuite, deux ans après le début de l’activité, accepter l’arrêt de cette même activité », note Régis Godec. « On sait que cela ne va pas être rentabilisé au bout de deux ans. On aura alors le choix de licencier les 200 ou 300 personnes qui travailleront ou allonger la piste ce qui est possible même si cela aurait un coût important », assure Pascal Barbier, secrétaire départemental adjoint de la coordination chez les Verts. À l’heure actuelle, des appels d’offres viennent d’être lancés pour choisir la société qui va réaménager le site pour accueillir les futures entreprises. Une réponse devrait être donnée d’ici la fin de l’année. Les tenants du maintien de l’activité aéronautique veulent aller vite pour éviter que la piste, aujourd’hui surveillée par une société de gardiennage, ne tombe en friche.
La riposte se prépare sur les communes
En attendant que la phase transitoire ne débute réellement, les opposants vont continuer à se battre sur le cœur du projet. Pour Régis Godec, il y avait bien mieux à faire pour mettre en valeur le site. « Le projet qui se dessine aujourd’hui ne répond pas aux enjeux qui sont ceux de l’agglomération toulousaine. Il y avait une opportunité importante pour diversifier le site notamment vis-à-vis de notre dépendance à l’aéronautique. Ces 290 hectares peuvent être un endroit adéquat pour une urbanisation raisonnée, surtout dans le contexte du Grenelle de l’Envitonnement. Francazal pourrait en effet assurer la continuité avec la Garonne. L’on pourrait aussi imaginer une coulée verte ou un circuit nature partant de la confluence de la Garonne avec le Touch, suivant la coulée verte du Touch, passant par la Ramée, pour enfin rejoindre à nouveau la Garonne à sa confluence de l’Ariège. Ce qui ferait en tout 30 à 40 kilomètres de balade pour les Toulousains », explique-t-il. Les Verts présenteront des solutions alternatives d’ici la fin de l’année.
Le collectif Francazal prépare quant à lui une riposte. Des tracts ont été distribués cette semaine sur certains axes de l’agglomération et une grande manifestation est prévue ce samedi 25 septembre. « Nous allons voir si tout se passe légalement et n’excluons pas des recours judiciaires », annonce Bernard Gineste. La Commission nationale du débat public, chargée de veiller au respect de la participation du public au processus d’élaboration des projets d’aménagement ou d’équipement d’intérêt national, pourrait être saisie ces prochaines semaines.
David Saint-Sernin
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