C’est une véritable leçon de courage que nous donne le monde arabe en ce début d’année 2011, tout d’abord en Tunisie, aujourd’hui en Egypte, et chaque jour en Algérie.
Ces journées sont celles de l’histoire qui bascule, celles des mobilisations populaires spontanées, celles qui voient se rassembler des milliers de personnes d’horizons variés dans les grandes villes. Des riches, des pauvres, des croyants et des athées, ils n’ont plus peur, même s’ils manifestent parfois au péril de leur vie. Ils ont décidé de mettre un terme à leur souffrance silencieuse, et ils crient leur espoir d’une dignité retrouvée face aux caméras, aux ministères et aux forces de l’ordre.
Ils n’attendent plus que les « grands démocrates » de l’Occident viennent les aider dans leur combat pour la liberté. Ils y ont certainement cru, un jour, il y a des années de cela. Ils ont compris aujourd’hui qu’il ne fallait plus attendre de secours de ce côté-là. La raison économique a rendue muets la plupart des chefs d’Etat, seul le peuple peut reprendre son droit à la parole.
L’exemple tunisien est frappant à cet égard, et doit tous nous interroger sur notre rapport à la démocratie. Il aura fallu 23 années pour que les dirigeants et les opinions d’Europe, mais particulièrement de France acceptent de regarder en face la réalité de l’oppression que la famille Ben Ali faisait subir à son pays. Jusqu’au dernier moment, ils se sont réfugiés dans la dénégation. Et une ministre d’Etat, Michèle Alliot-Marie, est même allée plus loin en proposant une forme de collaboration dans les opérations de maintien de l’ordre. Mais, soyons honnête, elle ne fût pas la seule à conduire notre pays dans la complaisance à l’égard de Ben Ali. Et l’on peut s’amuser à faire des recherches dans les citations des uns ou des autres sur les vingt dernières années pour démontrer que malgré les livres, malgré le combat du journaliste Taoufik Ben Brik, malgré les reportages sur l’oppression et les injustices subies par le peuple tunisien, la France n’a pas voulu voir, n’a pas voulu entendre, ni savoir…. Les Verts ont dénoncé ce silence pendant des années. Aujourd’hui, enfin, on reconnaît la pertinence de nos jugements sur la politique étrangère menée par notre pays.
N’oublions pas cette leçon que nous donne le monde arabe, il nous faudra demain en tant que citoyen français s’insurger à notre tour à chaque fois que les raisons économiques voudront prendre le pas sur la politique étrangère. Les principes républicains qui restent les fondements de nos institutions ont été piétinés pour préserver nos intérêts économiques et l’insouciance de ceux qui rêvaient de passer leurs vacances sur les plages tunisiennes.
Merci à toi, peuple du Maghreb pour cette leçon de courage et de dignité… Par ta colère tu nous obliges à la lucidité sur nous-mêmes, et par cela même à l’humilité.
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