Se doter d’un centre piéton comme beaucoup de grandes villes françaises, telles que Strasbourg ou Montpellier, est un des grands paris de la municipalité toulousaine. Un pari difficile à mettre en œuvre car la Ville rose n’a jamais bénéficié d’un plan directeur à ce sujet. L’ancienne municipalité avait, il est vrai, lancé un concours d’urbanisme sur la piétonnisation, abandonné par la nouvelle équipe car elle ne correspondait pas à son attente. « Ce concours d’urbanisme avait pour but de donner un plan d’ensemble de la mobilité en centre-ville et devait permettre d’avancer progressivement dans une logique pluriannuelle sur la piétonnisation et l’aménagement », témoigne Jean-Luc Moudenc, ancien maire de Toulouse. Mais la nouvelle municipalité a voulu aller plus loin et a donc relancé un nouveau concours entre trois équipes d’urbanisme, désignées par un jury, « Les cabinets Busquets de Barcelone, Reichen et Roberts de Paris et Canizarès de Toulouse travaillent sur des projets qui seront présentés d’ici la fin de l’année à la municipalité avec un seul mot d’ordre : donner une structure d’ensemble au centreville », témoigne Daniel Benyahia, adjoint au maine chargé de l’urbanisme.
Premier signe de ce changement, la piétonnisation, cet été, de l’axe cardo romain qui va des Carmes à Saint Sernin. Le 19 juillet, la municipalité installait une barrière à l’entrée de la rue du Taur, après une réunion d’information le 12 juillet avec les résidents et les commerçants. « J’estime l’expérience intéressante, mais je critique la méthode. », avoue Jean-Luc Moudenc. « Nous avons voulu faire de la rue du Taur, une rue pilote pour la piétonnisation. Dans l’ensemble, les gens sont satisfaits même si nous devons revoir notre copie sur les barrières. Nous avons mis en place ce système afin de pouvoir nous rétracter. Comme nous n’avons pas eu de retours hostiles, nous ferons une mise au point fin septembre avec les services techniques afin de mettre en place un système de bornes. », ajoute Daniel Benyahia.
Car la piétonnisation semble faire consensus dans la rue. « Notre magasin est un des plus anciens de la rue et nous avons vu évoluer le quartier. Auparavant, les bus qui s’arrêtaient place du Capitole amenaient une masse importante de la population, mais tes voitures garées le long de la rue empêchaient les gens de flâner. Puis, la semi-piétonnisation dans les années 90, a permis aux piétons de s’approprier la rue et nous a amené 20% de gens en plus. Avec la piétonnisation, la rue a pris des allures de petit village. Je peux laisser ma porte ouverte et entendre ma musique dorénavant », constate André de la Porte Charles Henri, dit Balt, propriétaire du magasin Sillage.
« J’étais contre au départ, avoue Madame Charron, du magasin Maison Régal, mais maintenant je pense qu’une rue piétonne n’est pas assez, c’est tout le centre-ville qu’il faudrait piétonniser. » Une idée que les écologistes de la ville avait inscrite dans leur programme et qu’ils viennent de développer pour proposer à la mairie un projet ambitieux.
Vers un centre-ville 100 % piéton ?
« Le groupe des Verts à la mairie a déposé une contribution spécifique car nous estimons, comme la majorité, que Toulouse accuse un retard important par rapport à d’autres villes françaises ou étrangères. Nous avons réfléchi à comment repenser la mobilité dans la ville en revalorisant le périmètre historique qui va de Jean Jaurès à Saint Cyprien, dans le but de piétonniser tout ce secteur. Nous espérons que la mairie s’en inspirera dans son choix », témoigne Régis Godec, adjoint au maire en charge des écoquartiers. Car le projet des Verts est très ambitieux. Création d’une voie verte sur le Canal du Midi, le centre-ville à l’intérieur du cercle des boulevards complètement piéton, une zone de rencontre, c’est-à-dire où les modes doux de transports sont favorisés et où les voitures devront circuler à 20 km par heure, dans l’espace situé entre la ceinture des boulevards et la deuxième couronne composée du Canal du Midi, l’avenue Crampel, les boulevards Dalacourtie, Recollets, Déodat de Séverac et Koenigs. En dehors de cette zone, les faubourgs extérieurs passent en zone 30 avec des aménagements prévus pour les vélos et des voies vertes pour circuler entre quar- tiers. « Imaginez les allées Jaurès aménagées en ramblas ou encore les abords de la gare Matabiau en zone piétonne. La piétonnisation permet de revoir le rapport à la ville et donner à la voiture une place différente. », ajoute Régis Godec. Les écologistes espèrent que la copie des urbanistes se rapprochera de ce projet pour aller plus loin.
Dans l’immédiat, ils ont des idées pour déjà transformer la Ville rose courant 2010- 2011 sans trop de dépenses. « Il faudrait rendre les rues semi-piétonnes existantes piétonnes et interdire les flux de transit sur la place du Capitole mais conserver tout de même l’accès au parking. Cette piétonnisation serait accompagnée par la mise en place d’une deuxième navette gratuite, d’une plateforme gérée par la municipalité pour les livraisons et de places supplémentaires gratuites dans les parking souterrains pour les vélos », décrit Régis Godec. L’ambition des Verts devra pourtant attendre les résultats du concours d’urbanisme lancé par la mairie à la fin 2010. « Nous devions montrer notre volonté pour rendre l’espace de la ville plus piéton et c’est pourquoi, nous avons expérimenté l’axe cardo-romain. Mais attendons les résultats, les décisions seront prises en fonction », conclut Daniel Benyahia.
Cécile Thomas-Collombier
Fin septembre 2010 : réunion
de mise au point sur l’axe cardo romain.
Fin 2010 : choix du lauréat du
concours d’urbanisme lancé
par la maine.
2018 : Voie verte sur le Canal si
le projet des Verts voit le jour.
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