Majestueux sur son promontoire, le moulin de Saint-Martin du Touch est comme réapparu à la vue de tous les automobilistes de la rocade d’Auch. Son toit pointu rutilant brandit à nouveau quatre ailes symétriques, et ses murs de brique circulaires ont retrouvé leur vocation. Rasé de près par les avions à l’atterrissage, le bâtiment est redevenu la fierté de ce petit village dans la ville, qui a su conserver une partie de son âme. Aux femmes et aux moulins, il manque toujours quelque chose, dit le dicton. L’édifice a effectivement perdu sa belle charpente il y a bien longtemps, ravagée par la foudre. C’était en 1831, et depuis, plus d’âne ni de meule en activité. Entre temps, la généralisation de l’électricité a rendu ce type d’installation obsolète. Il n’empêche, celui-ci a gardé sa dimension symbolique. D’autant plus qu’il s’agit du dernier moulin existant sur le territoire de la commune de Toulouse. Le 27 septembre, le site réhabilité sera inau- guré en grande pompe en présence des élus et des Saint-Martinois, fiers de ce monument exceptionnel qui marque désormais l’entrée principale de leur quartier. Si cet édifice séculaire a ressurgi du passé, c’est grâce à la volonté de plusieurs personnalités qui se sont battues durant une quinzaine d’années pour le délivrer de ses herbes hautes. Tels des Don Quichotte du Touch, rassemblés pour sauver le moulin, et non pour le combattre. Parmi elles, Jean-Jacques Bolzan, élu local durant deux mandats, de 1995 à 2008. "Cela a été l’un des premiers dossiers dont je me suis emparé. Un jour, nous nous sommes dit "Ça suffit, il faut faire quelque chose ". "On en avait assez de le voir se délabrer", confie l’ancien conseiller municipal. "C’est un emblème, pour nous. C’est important d’entretenir les vestiges du passé. »
160 000 euros de travaux
Mais un tel chantier ne s’engage pas du jour au lendemain, et le terrain appartient à l’époque à la Direction départementale de l’Equipement. A ses côtés dans ce combat, l’Association de sauvegarde des intérêts de Saint-Martin. "Chaque année, aux réunions, on remettait le sujet sur le tapis. Ça a été long, mais on a fini par y arriver ! », confirme Isabelle Campoy, l’actuelle présidente. La mairie rachète enfin le terrais en 2006, donne son aval pour le projet et l’appel d’offres est lancé en avril 2008. Persuadée qu’il s’agit d’une « très bonne initiative », la nouvelle équipe municipale prend la suite du dossier. Les études de plans commencent en décembre, et les travaux sont réalisés entre avril et juin 2009.
C’est Jean-Marie Virefleau, des ateliers Ferrignac, qui a redessiné l’ensemble. Ce spécialiste des monuments historiques, installé en Dordogne,a rhabillé la porte et les trois fenêtres, taillé les ailes,en chêne,la charpente en sapin et la couverture ronde en châtaignier. Cette dernière est orientable dans le sens du vent, comme à l’époque. Les ailes attendent encore leurs voiles, mais elles s’animeront sans doute pour le jour de leur baptême, puisque leur mécanisme est, lui aussi, flambant neuf. Coût total du chantier : environ 160 000 euros, entièrement pris en charge par la Ville.
Réinjecter de la poésie
A l’intérieur,en revanche, rien n’a changé. D’où la déception de Nicole Dedebat, la nouvelle élue en charge du quartier, qui dénonce « l’absence de réflexion en amont, au-delà de la question esthétique ». C’est pourquoi la conseillère municipale a l’intention d’entamer une deuxième phase de travaux en 2010,qui sera budgétée prochainement.
L’un des objectifs sera d’y poser à nouveau une meule. Le problème, c’est que ce large cylindre en pierre ne passe généralement pas par la porte... mais par le toit ! Difficile de savoir si la couverture pourra facilement être ôtée de sa charpente... En attendant de le savoir, Nicole Dedebat, au four et au moulin, a dans l’idée de donner à celui de SaintMartin une double vocation, péda gogique et touristique, et donc de lui faire reprendre une activité ancienne. « Il représente une curiosité patrimoniale comme on en rencontre peu dans les grandes villes, estime l’élue. On peut imaginer l’ex ploiter de manière inédite, en mettant en place un festival du vent, par exemple, et des animations autour de la farine et du pain, à destination des classes d’écoliers comme des vacanciers. » Autrement dit, réinjecter de la poésie à la Miguel de Cervantes ou à la Alphonse Daudet, et faire revivre un lieu abandonné depuis presque 180 ans. « Il pourrait aussi accueillir des expositions de photos, sur quelques jours, suggère Jean Jacques Bolzan, son prédécesseur. Il y a vraiment matière à en faire quelque chose d’intéressant, si on sécurise les alentours. »
Justement, les espaces veçts, situés entre l’église et le moulin,vont également retrouver une deuxième jeunesse. La municipalité a l’intention de les requalifier en parc public ouvert. Le talus bordant la rocade sera quant à lui renforcé par un mur d’enceinte, afin de rendre l’accès au site moins évident et éviter qu’on y entre... comme dans un moulin.
MANON HAUSSY
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