Un débat national vient de s’ouvrir sur les nanotechnologies. Seize réunions ont lieu dans toute la France et à Toulouse ce fut le mardi 20 octobre. Quel est l’objet de ce débat ? Qu’en ferons nous ? Nous ne pouvons qu’espérer que ce débat aboutisse à une meilleure protection des citoyens, des consommateurs, des travailleurs, de l’environnement, des organismes vivants et de la santé. Les nanos deviennent objet de discussion et cela nous renvoie à un très vaste champ de réflexion : des pollutions environnementales à la sécurité intérieure, il faudra défricher leurs innombrables domaines d’application.
La défense des libertés individuelles est une question que ce débat national ne devra pas éluder. Les nanos interrogent, sinon inquiètent, de nombreux citoyens et les questions éthiques sont inéluctables dès lors qu’elles pénètrent et s’emparent de domaines aussi stratégiques que la recherche militaire et médicale, le développement industriel, la défense. La sacro-sainte compétitivité est depuis longtemps devenue l’étendard du progrès… et le voici de nouveau sorti du chapeau, cet argument irréfutable, pour justifier les avancées des nanos. Qu’il est difficile de croire et d’espérer un débat qui ne soit pas faussé par avance et où les questions posées trouvent de vraies réponses ! Dans un monde où l’éthique et la responsabilité sont encore taxées d’utopies, ce débat peut-il ne pas être englouti par les intérêts économiques ?
Malgré toutes ces réserves, il s’agit pour nous, citoyens et élus, d’être responsables et pragmatiques face à l’ampleur des questions soulevées. Il est plus que jamais nécessaire d’alerter l’opinion publique quant aux risques des nanotechnologies sur la santé et l’environnement. Au-delà, nous nous devons d’agir et de provoquer un moratoire au nom du principe de précaution. Pour arrêter cette course en aveugle et le déploiement des nanos sans garantie aucune. Pour subordonner leur développement à la preuve de leur prétendue innocuité.
En Midi Pyrénées, 900 entreprises sont concernées par les nanos. Les nanos ont investi notre quotidien et, bien souvent à notre insu, elles ont conquis l’habitat, l’énergie, les matériaux, l’informatique, le textile, la médecine, les cosmétiques. Nous en savons peu sur ces produits. Aucun moyen, pour l’heure, d’identifier les produits issus des nanotechnologies ; pas même un étiquetage spécifique qui permettrait aux citoyens de choisir, pour le moins, d’en utiliser ou non. Une législation qui encadre la production et l’utilisation des nanos s’impose. Or, en ce domaine, les progrès se font attendre et le législateur est moins véloce que l’ingénieur. Pas plus qu’il n’existe à l’heure actuelle de filière spécifique pour la collecte des nano-déchets, ni auprès des particuliers, ni auprès des industriels et des entreprises du bâtiment.
La série de réunions qui s’ouvre ces jours-ci élude la question des déchets. Pourtant, s’il y a une certitude, c’est que ces objets deviendront bientôt déchets. Nous les retrouverons dans les incinérateurs, dans les centres d’enfouissement, dans les boues des stations d’épuration et au final dans l’air et dans l’eau. La dispersion des nano-déchets dans l’environnement rime avec dissémination des risques sanitaires. Pour organiser la récupération de ces déchets, il faudra pouvoir les caractériser et contrôler leur mise sur le marché. Il faut donc savoir qui en produit, qui en vend et qui en utilise. Pour cela, il faut un moratoire, puis une législation.
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